An Israeli tank and other military vehicles guard a position as Palestinians flee Khan Yunis in the southern Gaza Strip on January 26, 2024, amid ongoing battles between Israel and the Palestinian militant group Hamas. (Photo by AFP)AFP

Ils ont osé !

Blasphème ! Menteur ! Comment ose-t-il ? Antisémite ! C’est indigne !“ C’est sans doute le genre d’invective qui attend le texte qui suit. Les tenants de l’idéologie sioniste et la droite “bien-pensante“ occidentale ne manqueront pas d’appeler à la condamnation — certains même, je n’en doute pas, au  lynchage — pour avoir osé ce parallèle entre les ghettos de Varsovie et Gaza. Et pourtant, à travers le temps, au-delà des différences “techniques“ ou de la densité humaine, de nombreux aspects factuels font apparaître des similitudes effrayantes. Alors où est le scandale ? Où est l’ignominie?

Tout semblait calme pourtant.

Ça faisait presque vingt ans, qu’on les surveillait derrière leurs grilles.

Il y avait bien parfois de petites manifestations et nos vaillants snipers devaient alors abattre les gamins qui s’approchaient d’un peu trop près… Mais sinon, tout était tranquille.

Et puis, de quoi pouvaient-ils se plaindre ?

Ils avaient le soleil et la mer… ils pouvaient même y faire trempette.

Bien sûr, nos canonnières les empêchaient d’aller pêcher au large et coulaient parfois leurs barques, mais ils étaient certainement mieux lotis que les Polonais de la rue Twarda qui n’avaient qu’un haut mur pour horizon.

Aucune raison de protester, donc !

Certains disent que Gaza est surpeuplé, que ces Arabes sont encaqués dans leur bande de terre, que c’est une “prison à ciel ouvert“.

C’est vrai qu’ils sont 6.000 par km2, presqu’autant que les Chinois de Hong Kong… mais ceux du ghetto de Varsovie étaient 450 000 à vivre sur 3 km2 !

C’était autrement terrible, non ?

En plus, là-bas, ils étaient obligés de porter un brassard blanc avec l’étoile de David

Absolument rien de comparable avec Gaza !

Ces Polonais avaient de vraies raisons de se plaindre alors qu’ici, les Arabes disposaient d’un bel espace pour vivre leur petite vie… En plus on en laissait quelques milliers venir chaque jour ramasser nos poubelles, cueillir nos tomates ou maçonner notre mur de protection.

L’horrible attaque du 7 octobre 2023 était donc totalement injustifiable !

Pour faciliter le travail de nos chars Merkava Mark 4, nous avons dû dégager le terrain en rasant Gaza City et refouler un bon million de ces Palestiniens vers le sud.

Pareil qu’à Varsovie ? Pas tout à fait.

Là-bas rien n’a été rasé, mais on a mis la main sur leurs maisons et ce qu’il y avait dedans… et toute la population a été regroupée dans le quartier de Murnanow.

Un mur de 18 km, surmonté de barbelés, avait aussi été érigé pour les empêcher de bouger.

Une passerelle a même été fabriquée au-dessus de la rue Chlodna pour aller du petit au grand ghetto.

Tout le monde voulait la photographier.

Ah ! Ces Polonais !

C’est vrai que ces sous-hommes étaient moins nombreux qu’ici, seulement un peu plus de 400.000.

Pourtant, ça n’a pas été facile de les obliger à déménager et il a fallu abattre ceux qui se rebellaient.

Faut dire qu’à cette époque l’armée était moins bien équipée, question missiles et tanks.

Mais on y est arrivé et la paix s’est installée pour un bon bout de temps.

Bizarre ce bégaiement de l’Histoire, non ?

À Gaza, depuis seize ans nous décidons de ce qui entre et sort et éliminons ceux qui ne respectent pas nos ordres, comme le 11 janvier dernier dans la rue Al-Rashid quand nous avons neutralisé quelques dizaines de ces soi-disant civils qui attendaient de recevoir l’aide dite humanitaire.

Pour ce qui est du contrôle de la bouffe, des médicaments, de l’eau, de l’électricité ou de l’essence, on a fait pareil qu’à Varsovie et respecté l’ordre de Yaov Galant, notre ministre de la défense “Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. Tout est fermé ! Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence !

Grâce à notre blocus, les maladies infectieuses se sont aussi allègrement propagées, surtout chez les enfants. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) dit que plus de 150.000 gosses palestiniens sont contaminés.

À Varsovie aussi, le blocus a permis d’éliminer plusieurs dizaines de milliers de ces “untermenschen“ en les affamant et en facilitant la propagation du typhus et de la tuberculose.

Ainsi, plus de 60.000 Juifs mourront de faim ou de maladie et chaque jour les charrettes ramasseront jusqu’à 200 cadavres jonchant les trottoirs.

Quand on vous dit que l’Histoire bégaie !

Côté communication, il y a évidemment de sacrées différences entre aujourd’hui et les années 40.

Pendant la Seconde Guerre mondiale il n’y avait pas, par exemple, beaucoup de journalistes en Pologne, pas d’internet, pas de smartphones… Pas tous ces moyens d’informer qu’on a maintenant.

Pendant des années, personne n’a été dérangé ou critiqué et on a pratiquement dû attendre la fin de la guerre pour avoir des informations sur ce qui s’était passé.

Ici, pour avoir la paix et éviter les témoignages, nous avons interdit l’entrée du territoire à tous les journalistes ou observateurs étrangers… même ceux que l’ONU voulait envoyer.

Nous avons aussi abattu les reporters et cameramen — une bonne centaine ! — qui vivaient sur place et contredisaient notre parole… Sans que leurs confrères occidentaux, toujours complaisants avec nous, ne protestent.

Ça nous a permis de répandre nos “fake news“, comme on dit, comme quoi, il y aurait eu un pogrom le 7 octobre, que des dizaines de bébés auraient été décapités, que des tas de femmes avaient été violées, qu’une rescapée d’Auschwitz avait été assassinée…etc.

À partir de ce jour, les médias occidentaux ont docilement relayé notre “point de vue“ et continuent d’ailleurs de le faire… faisant silence sur les révélations de la presse indépendante israélienne et les aveux de l’armée elle-même !

Mais comme un certain ministre de la propagande le disait il y a un peu plus de 80 ans “Plus le mensonge est gros, mieux il passe“.

Et puis, contre toute attente, ces Polaks ont osé se révolter !

Oh, ils n’étaient pas très nombreux, on parle de seulement deux à cinq cents hommes armés, des jeunes dont certains avaient moins de quinze ans.

Pareil pour leurs deux meneurs qui avaient un peu plus de vingt ans.

Et vous savez quoi ?

Ici comme à Gaza, ces terroristes avaient construit des tunnels !

Oh ! Pas aussi nombreux ni aussi sophistiqués que ceux des Palestiniens, mais quand même.

Ils les appelaient les “bunkers“ et il y en avait plusieurs dizaines dont un pouvait accueillir jusque 300 personnes !

Certains avaient même l’électricité et l’eau courante.

On y avait accumulé des armes et des vivres pour plusieurs mois… Comme à Gaza.

C’est de là qu’ils ont surgi pour attaquer les Allemands.

La Wehrmacht a évidemment réagi.

Elle avait bien le droit de se défendre, non ?

Ils n’avaient que des revolvers, de vieux fusils et quelques mitraillettes à opposer aux lance-flammes et aux mitrailleuses des 2.000 policiers et aux SS de la section d’assaut.

On croyait qu’ils ne tiendraient pas longtemps, mais ces terroristes ont quand même résisté un mois. L’état-major a alors décidé de raser tout le ghetto.

Durant l’opération, 7 000 résidents ont été tués par balles et 6 000 brûlés vifs ou gazés dans le nettoyage des “bunkers“.

Ça fait bizarre de penser que, près d’un siècle plus tard, les milices palestiniennes sont aussi sorties de leurs tunnels pour attaquer les casernes israéliennes et les kibboutz… Non ?

À Varsovie, quelques rares terroristes ont pu s’échapper, dont Marek Edelman, leur dernier chef.

Ce mauvais Juif, antisioniste de surcroît, refusera ensuite de vivre en Israël et soutiendra la lutte des terroristes palestiniens… qu’il appellera “partisans“.

Il dira même “Chez moi, il n’y a de place ni pour un peuple élu ni pour une terre promise. Quand on a voulu vivre au milieu de millions d’Arabes, on doit se mêler à eux, et laisser l’assimilation et le métissage faire leur œuvre

C’est Jürgen Stroop, le SS-Gruppenführer qui a été chargé de “brûler les habitations, quartier par quartier, maison par maison et de tuer ou déporter l’ensemble des habitants“.

Cinquante mille résidents périront… Les autres finiront dans les chambres à gaz de Treblinka.

Dans son rapport à Himmler, Stroop écrira “Le quartier juif de Varsovie n’existe plus !“

Ici aussi ils ont osé !

Et comme la Wehrmacht face aux terroristes , notre Premier ministre l’a bien proclamé, nous avons le droit de nous défendre !

C’est Herzi Halevi, notre chef d’état-major qui a été chargé d’appliquer les ordres, d’imposer un blocus total et de raser la bande de Gaza.

Trois mois plus tard, le bilan est positif.

Fin janvier 2024, on constate que plus de vingt-six mille terroristes ont été éliminés, dont 70% de femmes et d’enfants !

Toutes les cultures ont été incendiées ou arrachées, les puits détruits ainsi que la grande majorité des hôpitaux, écoles et maisons.

Bientôt Halevi pourra, lui aussi, dire à Bibi “Le ghetto de Gaza n’existe plus !“… Et sans doute ajouter “Au tour de la Cisjordanie, maintenant !“

Aujourd’hui, ils sont nombreux — salauds d’antisionistes ! — à vouloir nous traîner devant un tribunal pour, osent-ils dire, “crimes contre l’humanité“.

Heureusement, on n’est plus en 1945 et, surtout, nous ne sommes pas seuls…

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