Comment accorder foi à un ancien ministre de l’Intérieur dont l’unique préoccupation sous l’ancien règne était la répression, et accessoirement lors des prétendues consultations électorales le bourrage des urnes ?
Pourquoi un ministre des finances qui a consenti au pillage du peuple tunisien pourrait devenir l’homme probe dont a tant besoin le peuple ?
Quant au ministre premier, il doit être le premier à être remercié et à rendre des comptes pour sa gestion du système.
Aucun des collaborateurs qui ont servi BenAli, fussent-ils présentés comme techniciens, n’a qualité pour assurer la transition vers l’élaboration d’une nouvelle assemblée constituante.
La Révolution tunisienne doit prononcer une vacance du pouvoir.
La rue a accompli son travail.
Les partis d’opposition, devenant ipso facto ceux de la reconstruction, doivent présenter leur propre gouvernement et l’imposer au Président par interim.
Ce Président transitoire n’a pas légitimité à désigner de gouvernement, le renversement du régime ayant été le résultat d’une révolution populaire.
Le peuple tunisien ne va pas se faire voler sa souveraineté et refuse sa mise au pas souhaitée par les dirigeants des pays voisins avec la complicité de ceux des pays occidentaux.
Les quelques cent vingt mille hommes de la police, formés et équipés par les régimes sionistes et français, pour protéger un système de prédation, le peuple en a fait son affaire pour neutraliser sa toxicité. Il s’est organisé en conseils de quartier pour faire la chasse à l’intrus et au sniper. Contrairement à l’attitude de méconnaissance et d’indifférence qu’il est de bon ton d’adopter vis-à-vis de son voisin et de son prochain dans les sociétés occidentales, la solidarité est un principe profondément ancré dans la culture arabe et musulmane.
Si bien que les titres des ‘Unes’ qui focalisaient en Europe sur l’insécurité et le chaos n’avaient pour vocation que de préparer les esprits au rétablissement de la situation antérieure, y compris avec l’aide technique si peu intéressée de gouvernements ex-colonisateurs.
La presse centrait ses propos avec insistance sur l’absence d’homme fort susceptible de prendre la relève. Le présupposé en est qu’un peuple infantile, comme l’Arabe et le sous-développé, a besoin d’un Fuhrer qui conduise sa destinée. Vision hautement suspecte de la part de prétendus démocrates qui en viennent à réclamer que soit confié le pouvoir non au seul souverain, le peuple, mais à un Chef suprême. Ce peuple qui vient justement et selon le prix élevé de sang et de fureur de congédier un petit père des peuples.
Enfin, pour en finir avec la très mauvaise littérature journaleuse occidentale et assimilée, l’évaluation du coût de la révolution à l’économie de la Tunisie sonne comme une mauvaise plaisanterie à l’homme qui avait faim sous le régime honni. Cette menace-là de déstructuration d’une économie entièrement tournée pour le profit d’un petit clan n’est pas faite pour effrayer ceux qui espèrent construire une société plus juste. Jusque-là, l’obéissance aux axiomes de l’endettement à vie pour jouir d’objets le plus souvent inutiles n’a nullement assuré l’aisance ou la perspective d’une quelconque prospérité aux frères de misère de Bouazizi.
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