Réforme des retraites : Macron contraint à faire marche arrière

Le président Macron ne disposant pas d’une majorité parlementaire, il a voulu faire passer ses réformes des retraites par la petite porte. Après une manifestation et beaucoup de résistance, le président français a temporisé et décidé de lancer un cycle de consultations. Les syndicats veulent faire monter la pression et se mobilisent en force.

Le report de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans était une promesse électorale clé du président de droite Macron. Cependant, après la grande percée de la gauche aux élections législatives de juin, il n’avait plus de majorité à l’Assemblée.
C’est pourquoi il a voulu faire passer la réforme des retraites en les inscrivant dans une loi de finances annuelle. Une telle procédure ne nécessite pas de vote et donc de majorité au parlement. Dans certaines circonstances, le gouvernement français peut passer outre le Parlement en adoptant des projets de loi.

Les projets de Macron mais aussi sa méthode de travail ont suscité beaucoup d’opposition. François Bayrou, un allié proche de Macron issu du centre-droit, n’est pas d’accord avec la méthode irrespectueuse avec laquelle Macron veut pousser la loi. Il a appelé à une consultation approfondie sur cette question délicate.

La plus grande opposition est venue de la gauche. Elle n’aime absolument pas l’augmentation de l’âge de la retraite. En 2021, le système de retraite présentait un excédent de près d’un milliard d’euros. Selon une présentation de l’Élysée, la réforme vise principalement à libérer des ressources pour financer des mesures gouvernementales qui devraient autrement être financées par des impôts.
L’année dernière, les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 33 %. Les bénéfices des 40 plus grandes entreprises cotées en bourse au premier semestre 2022 ont atteint quelque 73 milliards d’euros, soit 53 % de plus qu’au premier semestre 2019.

Macron rejette fermement une augmentation des impôts pour les riches, comme le propose la Banque centrale européenne. Pour financer les dépenses publiques dans les années à venir, le président compte en fait sur la réforme des retraites.
Ce sont donc à nouveau les gens ordinaires qui doivent en payer le prix. C’est pourquoi les syndicats et les partis de gauche se sont mobilisés pour une manifestation. « Ils veulent que les travailleurs paient pour une crise dont ils sont les principaux responsables. Dans le même temps, ils protègent les bénéfices et les dividendes des actionnaires et des entreprises », a déclaré un syndicaliste.
Jeudi 29 septembre, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes pour protester contre la réforme des retraites et réclamer une augmentation des salaires. Les travailleurs de l’éducation et des transports publics ont arrêté le travail pour se joindre à la manifestation. Des organisations étudiantes ont également pris part aux protestations. La grève a empêché les touristes de visiter la Tour Eifel.

Macron a finalement cédé à la pression. Il s’abstient de faire passer les réformes par la loi de finances. Il souhaite toujours augmenter l’âge de la retraite mais il prévoit de renégocier ce point avec les partenaires sociaux dans les mois à venir.
La réaction des syndicats sera déterminante pour savoir si et dans quelle mesure Macron parviendra à obtenir une majorité pour ses projets de réforme.
En tout cas, ils ont l’intention de faire monter la pression. La manifestation du 29 septembre était un premier avertissement. « Pour nous, c’est le point de départ d’un mouvement », a déclaré Philippe Martinez, responsable de la deuxième plus grande fédération syndicale, la CGT. L’automne sera sans doute chaud en France.

Source : dewereldmorgen

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