A picture taken from southern Israel near the border with the Gaza Strip on December 4, 2023, shows a flare launched by Israeli forces over the Palestinian territory amid continuing battles between Israel and the militant group Hamas. (Photo by JACK GUEZ / AFP)AFP

Pourquoi l’Etat sioniste reprend son attaque génocidaire

La trêve est terminée. Des négociations intenses se sont poursuivies au Qatar jeudi, après qu’une maigre prolongation de la pause humanitaire, d’à peine 24 heures, a été obtenue quelques minutes avant l’expiration de la période précédemment convenue.

Mais vendredi matin, les combats ont repris, à l’expiration du délai fixé pour la trêve. L’armée israélienne a publié un communiqué indiquant qu’elle avait repris ses attaques contre le Hamas dans la bande de Gaza, prétendant que le groupe armé palestinien avait violé les termes de la trêve en tirant sur le territoire israélien.

Des explosions et des tirs ont été signalés dans le nord de la bande de Gaza.

L’armée israélienne préconise depuis longtemps la poursuite de la guerre. Mercredi, j’ai expliqué le raisonnement de l’état-major de l’armée d’occupation : à moins qu’on ne leur dise que la guerre est terminée, ils supposent qu’elle ne l’est pas.

Ils préfèrent donc la poursuivre le plus vite possible, en finir le plus vite possible, de préférence sans arrêts qui créent l’indécision et affaiblissent le moral.

Dès la décision de faire suivre l’offensive du 7 octobre d’une riposte armée musclée, l’approche militaire a été défendue de la manière la plus agressive par le ministre de la défense Yoav Gallant.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a maintenu une position de faucon tout au long de la crise, mais il a préféré apparaître comme le leader général, laissant les affaires strictement militaires entre les mains de l’ancien militaire de carrière.

M. Gallant, qui était jusqu’à récemment un général d’active ayant commencé sa carrière comme commando de marine et dirigé l’invasion israélienne de Gaza en 2010, n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Au début de l’année, il a averti le Hezbollah qu’Israël « ramènerait le Liban à l’âge de pierre » en cas d’attaque.

Au début des opérations contre Gaza, il a qualifié les ennemis d’Israël d’ « animaux humains ».

Les membres de l’armée, des généraux au dernier réserviste, ne doutent pas que les propos de Gallant reflètent la politique officielle.

Lundi, le dernier jour de la pause initiale de quatre jours et avant l’annonce de sa première prolongation de deux jours, il a clairement exprimé ses souhaits et ses intentions en déclarant à un groupe d’officiers et de soldats que la trêve ne durerait plus très longtemps : « Vous avez quelques jours. Lorsque nous reprendrons le combat, nous appliquerons la même force et plus encore, et nous nous battrons sur l’ensemble de la bande de Gaza ».

On peut supposer que Gallant représente et exprime la politique du cabinet israélien à l’égard de Gaza avec beaucoup plus d’exactitude et de précision que son Premier ministre, qui est en proie à des difficultés et à des conflis internes, et qui de plus en plus, essaie simplement d’assurer sa survie politique.

Gallant veut poursuivre la guerre parce qu’il pense que l’armée sera d’autant plus efficace que les combats reprendront rapidement. Mais il est possible qu’il ait d’autres préoccupations et ambitions, à savoir que malgré la tradition politique israélienne qui consiste à ne pas remettre en question le leadership national pendant une guerre en cours, Netanyahu est de plus en plus souvent remis en cause par ses anciens associés, et pas seulement par ses adversaires politiques.

Il est désormais clair qu’en dépit de son obstination politique notoire, Netanyahu devra assumer la responsabilité non seulement de l’incapacité à empêcher l’humiliation des services de renseignement et la catastrophe sécuritaire du 7 octobre, mais aussi de son obstination à vouloir à tout prix des réformes judiciaires politiquement conflictuelles, malgré les avertissements indiquant qu’elles nuiraient au pays.

Il est clair qu’Israël finira par se débarasser de Netanyahou dès la fin de la guerre.

En tant que membre éminent du Likoud, lequel dirige la coalition actuelle, Gallant doit être conscient qu’après la chute politique de Netanyahu, le parti aura besoin d’un nouveau dirigeant. Les Israéliens favorisent souvent les anciens officiers, surtout s’ils ont un palmarès de réussite, et Gallant pourrait donc vouloir se placer en première position pour cette course, le plus tôt étant le mieux.

Bien qu’il ne soit pas personnellement impliqué dans les négociations, en tant que membre du cercle restreint des décideurs, il est certainement conscient de toutes les difficultés à négocier un répit supplémentaire dans les combats.

Lundi, le ministre de la défense semblait tellement certain que la trêve ne durerait plus longtemps qu’il a même précisé le déroulement des nouvelles attaques : « Ils seront d’abord confrontés aux bombes de l’armée de l’air, puis aux obus des chars et de l’artillerie, et aux chenilles des D9 [bulldozers blindés], et enfin aux tirs des combattants de l’infanterie ».

Il a également annoncé une nouvelle étape dans les combats, en déclarant qu’Israël se battrait « dans toute la bande ».

L’extension de l’invasion terrestre au sud de l’actuelle ligne d’encerclement de la ville de Gaza signifierait une dangereuse escalade. Au moins 1,8 million de personnes sur les 2,3 millions d’habitants de Gaza ont été déplacées par les bombardements israéliens, la majorité d’entre elles s’étant déplacées vers le sud.

Cela signifie que le sud est maintenant tellement surpeuplé qu’il y a un risque qu’une attaque terrestre totale d’Israël ne laisse aux habitants de Gaza d’autre choix que d’essayer de franchir de force la barrière frontalière avec l’Égypte.

Depuis le début du conflit, l’Egypte a prévenu qu’elle n’accepterait aucun réfugié, craignant une déstabilisation politique et des risques pour sa sécurité. Si elle est confrontée à cette réalité, elle pourrait se retrouver dans le pire des cas à devoir recourir à la force.

Une telle aggravation entraînerait presque certainement dans la guerre de nombreux groupes armés et États qui ont jusqu’à présent fait preuve de retenue, espérant une issue rationnelle.

Zoran Kusovac est un analyste géopolitique et sur les questions de sécurité, correspondant de guerre qui couvre les conflits en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie centrale depuis près de quarante ans. Son compte Twitter.


Source originale: Al-Jazeera 
Traduit de l’anglais par Chronique de Palestine

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