Pendant le premier acte, aucun décret réel, historique n’a été publié. D’ailleurs, ces décrets ne sont que des accessoires. De cette façon, personne ne va évacuer le moindre balcon pendant la scène finale. Le public reste sceptique. Il ne croit pas le Premier ministre qui parle de deux Etats mais dans le même souffle, il fait le vœu que le gel prenne fin bientôt, comme s’il était provoqué simplement par une pénurie provisoire de matériaux de construction.
Il promet que le gel ne concernera ni les pergolas ni les synagogues. Mais surtout, il promet que les constructions reprendront à plein rendement aussitôt l’arrêt du gel.
Le public est encore plus sceptique au sujet de l’interprétation vigoureuse, grotesque, affichée par les colons, lesquels simulent des manifestations contre le gel provisoire et hurlent les slogans fabriqués de la brute qui tient le rôle de la victime.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les colons ne sont pas sérieux. Ils gèlent et ils font des clins d’œil, car le spectacle doit continuer. Les colons, comme à leur habitude, en appellent au Ciel pour semer la peur et nous avertir de ce qui nous attend dans l’avenir.
Tout chef de conseil local dans les territoires qui déchire les ordres de gel des constructions devant une caméra de télévision sait parfaitement que ce sont des décrets publiés « comme si ». C’est-à-dire, comme s’il y avait un gel, comme s’il y avait des décrets, et comme s’il y avait une résistance.
Les inspecteurs s’excusent, les policiers poussent et bousculent un peu, mais ils connaissent aussi le scénario. Le spectacle doit continuer.
C’est pour cela que les téléspectateurs – qui savent que c’est une nouvelle scène dans une mascarade sans fin – s’ennuient tellement et restent si indifférents. Mais aussi longtemps qu’ils resteront à bâiller et à ronfler, rien ne changera.
Rien ne changera aussi longtemps que Tel-Aviv et ses habitants ne feront pas entendre leurs voix. L’avenir des colonies ne se décidera pas dans la colonie Sha’arei Tikva, mais dans le quartier Hatikva de Tel-Aviv. Un groupe de 300 000 personnes ne peut pas régenter pour toujours un pays qui en comprend sept millions.
Les vrais décideurs siègent à Rishon Letzion, Holon, Ashdod et Bat Yam (villes en Israël). Ensemble, avec les résidents de la vraie capitale d’Israël, Tel-Aviv, ce sont eux qui décideront si l’entreprise coloniale touche à son terme. Ils n’ont pas encore dit ce qu’ils avaient à dire.
Quand l’ancien Premier ministre Ariel Sharon a décidé de mettre un terme à l’aventure sans espoir dans la bande de Gaza, il a recueilli un large soutien par une majorité d’Israéliens. C’est comme cela qu’il a pu réaliser son projet.
Il est impossible d’apporter un soutien au projet de Benjamin Netanyahu tant qu’il y a un nuage de méfiance à planer sur lui qui laisse penser qu’il ne s’agit de rien de plus qu’une escroquerie, une tromperie visant à apaiser le Président US Barack Obama.
Personne ne descendra dans la rue pour Obama. Par conséquent, si Netanyahu se plie effectivement à fomenter un changement historique, comme ses acolytes le réclament, il doit d’abord convaincre le public de la sincérité de ses intentions. Il doit dire aux téléspectateurs que tout ceci n’est pas qu’une manœuvre de plus. Mais au contraire, qu’il s’agit d’une véritable mesure qui sera consolidée par le démantèlement des colonies.
Si ce n’est pas le cas, alors quel objectif sert ce gel ridicule ? Et si c’est le cas, alors Tel-Aviv sortira de son coma et Holon de son sommeil.
Pendant ce temps, les colons suscitent quelque dégoût par leur comportement éhonté, scandaleux et sans foi ni loi. Mais Holon et Bat Yam n’ont toujours pas montré une rage authentique.
Même les déclarations des colons qui se font les champions des « droits de l’homme », des « conditions humaines de vie », de la « moralité », et de la « démocratie » ne portent qu’à la dérision, quand on voit qu’elles sont émises par les pires violateurs de ces principes.
Pour que Tel-Aviv et ses habitants réagissent avec la même furie – quelque chose qui aurait dû se produire depuis longtemps -, ce qu’il faut, c’est un dirigeant qui ait véritablement l’intention de mettre fin à ce comportement.
Mais entre Netanyahu et Ehud Barak, nous n’avons pas un tel dirigeant sous la main. Quand un vrai dirigeant sera trouvé et quand Tel-Aviv commencera vraiment à se mettre en colère, alors nous serons surpris de découvrir que la voie est déjà ouverte. Cependant, il nous faut que quelqu’un qui se lève et nous montre le chemin.
Si Netanyahu veut marcher dans les pas de Sharon, il doit dire la vérité, ce qu’il s’efforce de faire. Si Tel-Aviv cherche à aller de l’avant vers une solution, elle doit tenir son rôle. Elle doit commencer à mettre au ban de la société ceux qui perpétuent précisément cette injustice contre elle (et, bien sûr, contre les Palestiniens). Si cela ne se fait pas, nous pouvons laisser tomber la pièce et partir pendant la séance d’ouverture.
Source: Ha’aretz