De l'écrivain Mario Benedetti:
En lisant les mots que j'ai reçu d'un écrivain,
écrits en grosses lettres majuscules,
j'ai pris connaissance du fait survenu.
Et j'ajoute mes propres mots :
«Il est inconcevable pour le Chili
que ce personnage soit mort de mort naturelle»
10 décembre 2006
Les crapules vivent longtemps, mais un jour elles finissent par mourir
Une notice nécrologique et fusent les hourras!
Venez, allons fêter ça!
Venez tous et toutes
Les innocents et innocentes
Les sinistrés qui crient la nuit
Celles qui rêvent le jour
Ceux qui soufrent dans leur corps
Celles qui abritent des fantômes
Ceux qui marchent pieds nus
Celles qui blasphèment et brûlent
Les misérables frigorifiés
Celles qui aimaient quelqu'un
Ceux qui n'oubliront jamais
Venez, allons fêter ça!
Venez tous et toutes
La petite crapule est morte
Son âme ténébreuse a cessé d'exister
Le voleur!
Le porc!
Il est mort pour toujours!
Hourra!
Que toutes et tous viennent
Venez, nous allons fêter ça!
Est-il vrai
que la mort
efface toujours tout?
Qu'elle purifie tout
un jour?
La mort
n'efface rien.
Il restera
toujours les cicatrices
Hourra!
Il est mort le salaud, le crétin
Venez, allons fêter ça!
Ne pleurons pas
Que pleurent ses semblables.
Qu'ils avalent leurs larmes en silence
Il est crevé le monstre national
Il est fini, pour toujours
Venez, allons fêter ça
Ne soyons pas tièdes
ne croyons pas
qu'il s'agit de n'importe quel mort
Venez, allons fêter ça
Allez, venez, pas de paresse!
N'oublions pas que ce mort
n'est pas n'importe qui.
C'est une petite crapule de merde.