(AFP)

Interdiction du drapeau palestinien à Bruxelles ?

Le drapeau palestinien est-il interdit à Bruxelles ? Je vous rassure : non. Pourtant… Petit retour sur une expérience édifiante à la manifestation contre le blocus de Gaza, qui s'est déroulée le 15 octobre.

Je me rends à la manifestation prévue rue des Petits Carmes. J’ai un drapeau sur le dos. Devant la rue des Petits Carmes, un cordon de police nous interdit d’entrer et un agent nous explique qu’il nous faut faire le tour et entrer par le bas de la rue et le Petit Sablon.

Nous descendons donc la rue quand un policier m’interpelle pour me dire d’enlever le drapeau que j’ai sur le dos. Je demande pourquoi et il s’ensuit un échange digne de Kafka, que je vous reproduis ci-dessous.

Policier 1 : Madame, vous enlevez ce drapeau et vous pourrez le remettre une fois dans la manif.

Moi : Mais pourquoi ?

Policier 1 : Règlement communal

Moi (étonnée) : Quel règlement communal ?

Policier 1 (sûr de lui) : Le règlement qui interdit de porter des signes distinctifs dans la rue.

Moi : Vous venez d’inventer ce règlement.

Policier 1 : Madame, soit vous enlevez ce drapeau, soit je vous arrête.

Moi : La loi sur la fonction de police ne vous autorise pas à m’arrêter. Même pour une arrestation administrative, il faut un trouble à l’ordre public. Je vais calmement à ma manifestation. Je ne trouble pas l’ordre public.

Policier 1 (énervé) : Refus d’obtempérer et refus d’obéir à un règlement, c’est un trouble à l’ordre public.

Moi : Euh non, pas si le règlement en question n’existe pas.

Policier 1 : Vous allez me dire que vous connaissez la loi mieux que moi ?

Moi : Ben maintenant que vous posez la question, je crois que oui.

Policier 2 entre en scène et m’arrache le drapeau en disant qu’il le confisque.

Moi : vous n’avez pas le droit.

Policier 2 : si j’ai le droit.

Moi : Mais non, vous ne pouvez pas procéder à une confiscation sans base légale.

Les deux policiers tournent les talons et policier 2 me lance un tonitruant : dégage !

Je suis donc repartie avec mon drapeau. J’ai croisé d’autres policiers et beaucoup d’autres manifestant.e.s avec des drapeaux. Visiblement en dehors de mes deux interlocuteurs, l’interdiction des « signes distinctifs » ne semblait pas très répandue.

Au-delà du caractère amusant et ubuesque de la scène, je m’inquiète d’une chose : ce policier semblait vraiment convaincu qu’il avait le droit d’arrêter une personne qui n’était pas d’accord avec lui et qu’il fallait lui obéir quel que soit l’ordre qu’il donne.

Ce climat de menaces continue alors que toutes les manifestations pro-Palestine se font dans le plus grand respect des droits fondamentaux. Hier ma fille est allée au rassemblement contre le bombardement de l’hôpital à Gaza,  des gens déposaient des bougies sur les marches de la bourse. Des policiers sont venus en nombre et l’un d’eux lui a dit : on est gentil jusqu’ici, mais on peut aussi être très méchant et tous vous gazer.

Encore une menace grave et fondée sur rien. Non Monsieur l’agent, vous ne pouvez pas gazer les gens.

Faut-il rappeler qu’une arrestation ne peut jamais être arbitraire ou motivée par la mauvaise humeur ? Faut-il rappeler qu’il ne faut pas obéir à un ordre absurde ou illégitime ?

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