L’actualité s’est chargée toute seule de fournir le sujet sensationnel et spectaculaire apte à combler le grand creux médiatique annuel du 15 août. Pour le reste reportez-vous, comme on dit, « à votre quotidien habituel ». Aujourd’hui [16 août, NDLR] la bourse de Milan a rouvert ses portes après la trêve du 15 août. L’action du groupe ATLANTIA gestionnaire de l’autoroute de la catastrophe s’est effondrée.
En Italie, comme en France, le réseau national d’autoroutes a été découpé en morceaux et privatisé au début des années 2000 dans le grand mouvement de dépeçage des biens nationaux auquel a présidé en France le gouvernement Jospin.
Le groupe ATLANTIA est peu connu en France car les gros du BTP français : Vinci, Eiffage et Bouygues avaient gardé pour eux la poule aux œufs d’or des autoroutes françaises et il n’a aujourd’hui qu’une participation dans la SANEF (autoroutes du nord et de l’Est de la France) et dans le tunnel sous la Manche. Il gère les aéroports de Nice et de Cannes et la partie italienne du tunnel du Mont Blanc. Par contre il s’est « globalisé » au Brésil, en Pologne, en Inde au Chili.
Il est en fait le nouvel avatar du groupe capitaliste familial italien BENETTON.
Le montage d’ATLANTIA est complexe mais il permet par le biais de sociétés intermédiaires off shore à l’actionnaire minoritaire BENETTON de prendre le contrôle complet d’un immense groupe.
Ce mécanisme qui concerne l’ensemble du grand capital italien a été remarquablement décrit voici plus de dix ans par l’économiste italien VLADIMIRO GIACCHE. L’important est de savoir que le taux de profit moyen dans la confection est de 7% alors que dans la gestion d’autoroutes construites sur fonds publics il est de 17%.
Evidemment pour parvenir à ce niveau de rentabilité, il faut serrer sur tous les postes budgétaires à commencer par la maintenance. L’obsolescence des viaducs en béton est connue mais bien sûr pas au jour prés, pas à la semaine prés. Alors on tire sur la corde, les actionnaires attendent les 17% annoncés et prendraient la fuite s’ils n’étaient pas versés. Ils ont commencé dés aujourd’hui.
A Gênes le Capital qui a vampirisé les biens de la nation a tué. Il tuera encore si la Nation ne reprend pas la maîtrise des grandes infrastructures. Ceci vaut pour toutes les nations capitalistes. La bataille qui s’annonce entre le gouvernement italien qui a suspendu la concession d’ATLANTIA sera féroce car ce qui est en cause n’est rien moins qu’un renversement du rapport des forces établi depuis une vingtaine d’années dans ce secteur d’activité des grandes infrastructures : autoroutes, chemins de fer, production et distribution d’électricité, ports et aéroports entre le grand capital et les gouvernements des principaux pays capitalistes. Les citoyens qui les ont élus ont payé avec leurs impôts la construction des infrastructures, ont ensuite engraissé les gestionnaires privés en payant des péages ou des tarifs excessifs destinés plus à satisfaire les appétits des actionnaires qu’à la maintenance. C’est la grande spoliation.
Source: Comaguer