Giora Eiland lors d'une conférence de presse en 2010AFP

Un ancien général veut anéantir Gaza: “Rien à craindre de la pression internationale”

Abominable, le massacre de Gaza ? Ce n’est peut-être qu’un début. Un ancien général israélien qui intervient souvent dans les débats sur la sécurité préconise de rendre Gaza tout simplement invivable. Ceux qui veulent éviter l’apocalypse n’ont qu’à se réfugier en Égypte ou ailleurs dans le Golfe. « Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne pourra exister », prédit Giora Eiland.

Giora Eiland est un général de division de l’armée israélienne à la retraite. C’est un contributeur zélé aux débats concernant la sécurité d’Israël. Le 10 octobre dernier, il a pondu une chronique dans le quotidien hébreu Yediot Aharonot qui donne le ton sur l’enfer qu’allaient vivre les habitants de Gaza.

Après une analyse sans concession sur la faillite du 7 octobre qui englobe à la fois l’armée, le renseignement et le politique, il donne ses recettes pour éliminer le Hamas. Le titre de la chronique est déjà explicite « Ce n’est pas une vengeance. C’est soit nous, soit eux ».

« L’objectif stratégique est de créer une situation dans laquelle le Hamas n’existe plus en tant qu’organisation militairement opérationnelle. C’est plus qu’une nécessité, c’est un impératif. »

« Quiconque espère que les 22 communautés qui ont été attaquées seront repeuplées et que les parents accepteront d’y élever leurs enfants doit prouver par des actes qu’il n’y a plus de menace. »

« Cet objectif ne peut pas être atteint par des bombardements aériens, et il est douteux qu’il soit judicieux de risquer une opération terrestre prolongée. Par conséquent, l’État d’Israël n’a pas d’autre choix que de transformer Gaza en un endroit temporairement ou définitivement inhabitable. »

« La traduction d’une telle décision nécessite de procéder en plusieurs étapes : 

Premièrement, informer les habitants de Gaza aujourd’hui que s’ils souhaitent rester en vie, ils doivent soit partir pour l’Égypte, soit se réfugier sur la plage. N’importe quel bâtiment sera une cible militaire. 

Deuxièmement, ils doivent évacuer les écoles de l’UNRWA (ndlr : United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) et l’hôpital Shifa. Immédiatement après, l’armée de l’air attaquera ces cibles, puisque les bunkers situés en dessous sont le quartier général du Hamas.

Troisièmement, il ne s’agit pas seulement d’arrêter l’afflux d’électricité, de carburant et d’eau dans la bande de Gaza, mais aussi de frapper progressivement les cibles qui répondent à ces besoins vitaux et, si nécessaire, de bloquer par le feu tout véhicule qui traverse la ville de Rafah vers le nord.  La création d’une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre cet objectif. »

« Il n’y a rien à craindre de la pression internationale. Une telle pression est une chose positive et nous permettra de demander : Alors, que proposez-vous ? 

Si le Qatar, Abou Dhabi, l’Égypte et l’Arabie saoudite veulent éviter une catastrophe humanitaire, ils devraient se porter volontaires pour trouver une solution pour Gaza, mais une solution qui n’inclut pas le Hamas.
Contrairement à l’image, Israël peut maintenir la pression sur Gaza sans opération terrestre pendant des mois, et nous n’avons pas non plus besoin de maintenir de nombreuses réserves mobilisées. 

Ce n’est pas une revanche, nous sommes dans la situation des États-Unis après Pearl Harbor en 1941. Comme les États-Unis à l’époque, nous nous sommes retrouvés dans une situation où c’était nous ou eux, et la conclusion est claire. »

Le 12 octobre dans le même quotidien il enfonce le clou. « Israël ne peut se satisfaire d’aucun autre objectif que l’élimination du Hamas à Gaza en tant qu’organe militaire et gouvernemental ; tout ce qui serait inférieur à cet objectif serait un échec israélien. »

« L’une des options est une opération terrestre massive et complexe, sans égard sur la durée et sur le coût, tandis que la deuxième option consiste à créer des conditions où la vie à Gaza devient insoutenable. »

« Israël a déjà commencé à suspendre l’approvisionnement en carburant, en électricité et en eau, et à procéder à la fermeture des points de passage frontaliers. Pourtant, il n’est pas certain que ces mesures soient suffisantes. »

« Israël a lancé un avertissement sévère à l’Égypte et a clairement indiqué qu’il ne permettrait pas à l’aide humanitaire égyptienne d’entrer à GazaIsraël doit créer une crise humanitaire à Gaza, obligeant des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes à chercher refuge en Égypte ou dans le Golfe. »

« Pour que cela se concrétise, Israël doit exiger quatre points clés avec plus de détermination que jamais :

1. L’ensemble de la population de Gaza se déplacera soit vers l’Égypte, soit vers le Golfe. 

De notre point de vue, tous les bâtiments de Gaza connus pour abriter le quartier général du Hamas, y compris les écoles et les hôpitaux, sont considérés comme une cible militaire.

2. Chaque véhicule à Gaza est considéré comme un véhicule militaire transportant des combattants. Par conséquent, il n’y a pas de circulation automobile, et peu importe qu’il s’agisse de transporter de l’eau ou d’autres fournitures essentielles.

3. Le Secrétaire général de l’ONU a lancé l’aide humanitaire à Gaza. La condition pour qu’Israël autorise toute aide sera la visite de la Croix-Rouge aux otages israéliens et en particulier aux civils qui se trouvent parmi eux. Jusqu’à ce que cela se réalise, aucune aide de quelque nature que ce soit ne sera autorisée à entrer à Gaza.

4. Des intermédiaires ayant une expérience diplomatique et militaire seront appelés à expliquer en détail ces concepts au reste du monde. Il ne sera pas possible de renverser le Hamas sans exercer de pression. Si les Américains ne reçoivent pas d’explications claires et détaillées de la part des responsables israéliens et ne comprennent pas qu’Israël n’a pas le choix. Ils devront savoir que c’est comparable à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, qui a conduit au lancement d’une bombe atomique au Japon. »

« En conséquence, Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne pourra exister, et je dis cela comme un moyen plutôt qu’une fin.  Je dis cela parce qu’il n’y a pas d’autre option pour assurer la sécurité de l’État d’Israël. Nous menons une guerre existentielle. »

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