Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a publié ce 12 octobre un Décret (Ukaz) sur la célébration des 65 ans de l’Armée d’Insurrection Ukrainienne (UPA) issue de l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens. Il oblige toutes les administrations locales et régionales à accorder leur soutien social et médical aux « anciens combattants du mouvement de libération nationale ». Il invite à prendre ou accélérer les mesures pour ériger à Lviv (Lvov) un monument à l’ancien chef nazi puis commandant de l’UPA Roman Choukhevitch*.
C’est un tournant officiel décisif dans la voie de la reconnaissance de l’UPA, qui reste à être entérinée par le Parlement (Rada) ce qui est loin d’être acquis, vu l’opposition du Parti des Régions, des communistes, des socialistes, des organisations d’anciens combattants et des mouvements juifs. Mais le président Iouchtchenko bénéficie, dans ces initiatives très controversées, de la bienveillance des Etats-Unis et de l’Union Européenne, l’OUN et l’UPA faisant figure, malgré leurs liens avec les nazis, de précurseurs de la lutte anticommuniste (et indépendantiste actuelle contre la Russie.)
La Marche pour cette reconnaissance est prévue ce dimanche 14 octobre, à l’initiative du mouvement « Svoboda » (néonazi, ex Parti social-national) rallié par d’autres organisations nationalistes.
Le PC et des groupes de gauche annoncent une contre-manifestation « antifasciste ». De nombreuses régions, surtout à l’Est et au Sud du pays, s’opposent à la « réhabilitation des nazis ».
Par contre, l’UPA bénéficie du soutien des régions de l’Extrême-Ouest (Galicie, Volhynie, et dans une moindre mesure Transcarpatie) où étaient implantées, dans les années trente, l’Organisation des Nationalistes Ukrainiens (OUN, fasciste) ainsi que l’UPA qui en est issue. C’est dans ces régions également que les troupes allemandes avaient été accueillies en « libératrices » en juin 1941 et que débutèrent les grands massacres de Juifs, de communistes, de prisonniers de guerre, de Tziganes, de malades mentaux, perpétrés par les Einzastgruppen SS avec le concours des auxiliaires nationalistes ukrainiens.
D’importantes forces policières sont mobilisées pour protéger les célébrations à Kiev. Des organes de presse favorables à la politique du président accusent les communistes de vouloir semer le « désordre ».
* Egalement ancien commandant du bataillon ukrainien de la Wehrmacht Nachtigall participant à l'invasion de l’URSS et aux pogromes de l’été 1941, de la police auxiliaire nazie chargée de lutter contre les Partisans… Des titres qui ne sont plus rappelés.