Le candidat de la coalition de gauche a remporté les élections présidentielles du Sri Lanka qui se tenaient ce week-end. Si les médias s'étranglent de voir un "président marxiste" prendre la tête du pays, les citoyens qui ont plébiscité Anura Kumara Dissanayaka peuvent espérer des changements très attendus alors qu'ils souffrent des réformes imposées par le FMI. (I'A)
Le candidat de la coalition de gauche, Pouvoir national du peuple (NPP), du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayaka a remporté l’élection présidentielle du 21 septembre. AKD, 55 ans, a été déclaré vainqueur avec 42,3% des voix, devant le chef de l’opposition au Parlement Sajith Premadasa 32,7% et le président sortant Ranil Wickremesinghe 17,2%. Avec environ 80% de participation.
Le contexte politique qui a vu l’élection du candidat de gauche est celui d’un grave crise sociale et économique doublée d’une crise politique qui avait vu se produire un vaste soulèvement populaire.
Le FMI (Fonds monétaire international) a imposé au pays un plan de “redressement” dont il a le secret et qui se résume à faire payer la crise par les pauvres. Résultat: Inflation, pénuries, aggravation de la pauvreté, qui touche désormais plus du quart de ses 22 millions d’habitants.
Le vainqueur de gauche veut renégocier avec le FMI pour soulager les Sri-Lankais. Durant la campagne il a dénoncé les dirigeants corrompus qui ont mené le pays à la catastrophe “Pour la première fois au Sri Lanka, le pouvoir va passer des mains d’une poignée de familles privilégiées et corrompues à un gouvernement du peuple” a-t-il déclaré.
Le nouveau président est fils d’agriculteur, il a milité au Front de libération du peuple (JVP). Ses héros de jeunesse avaient pour nom Marx, Engels et Lénine ainsi que Fidel Castro ou Che Guevara, dont les portraits décorent d’ailleurs toujours son bureau. Le JVP a mené deux tentatives de révolution, en 1971 et de 1987 à 1989, puis a renoncé à la lutte armée en 1989. Des dizaines de milliers de militants furent massacrés par l’armée sur ordre du pouvoir lors de ces insurrections. Au début de 1990, le gouvernement a assassiné ou emprisonné tout le bureau politique restant du JVP et détenu au moins 7 000 de ses membres. Il faut noter que le JVP s’est opposé à la guérilla des Tigres tamouls.
Reste que cette victoire du NPP marque un tournant majeur dans l’histoire du pays. C’est la première fois qu’un parti de gauche remporte la présidentielle. Depuis des décennies de fausses alternances entre droite et droite se succédaient. Le JVP s’est éloigné du communisme pour se rapprocher davantage de la social-démocratie mais une S-D marquée à gauche.
Concrètement le parti a promis de réduire la TVA, qui avait été rehaussée à la suite du plan du Fonds monétaire international. Des produits de première nécessité (alimentation et médicaments) devraient en être exemptés pour soulager les ménages les plus concernés par l’inflation. Le NPP prévoit de sortir les Sri-Lankais les plus modestes de l’impôt sur le revenu. Dissanayake a aussi fait savoir qu’il comptait renégocier les termes de l’accord avec le FMI. Ce qui ne sera pas facile compte tenu du caractère néolibéral barbare du Fonds. Mais la victoire de la gauche change le rapport des forces.
La campagne médiatique contre la gauche srilankaise a aussitôt commencé, par exemple Euronews (dont le propriétaire est un groupe d’investissement) titre :”Le Sri Lanka élit un président d’extrême-gauche. De tendance gauche marxiste”. Le supposé “marxisme” du président élu se retrouve dans nombre de journaux, confirmant que le terme “marxiste” reste planté dans la gorge des chiens de garde.
Notons, en passant, que le résultat des élections a été accepté par les forces qui ont été défaites. N’est pas Macron qui veut.
Avant d’évaluer le degré de marxisme et de gauche d’Anura Kumara Dissanayaka et de sa coalition, saluons la victoire de la gauche et le choix du peuple qui exige que les choses aillent mieux au Sri Lanka en rupture avec des décennies de pouvoir des riches et de leurs fondés de pouvoir, Les impérialistes et détenteurs de la dette srilankaise, étasuniens, européens et chinois, sont déjà toutes griffes dehors. On peut espérer que le nouveau président saura jouer de leurs contradictions…en bon président.
Source: NBH
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