RTBP : Radio Télévision Bourrée de Pub

L'asbl Respire critique l'invasion programmée de la publicité, donc de l'emprise des gros budgets des multinationales, à la radiotélévision de service public en Belgique. Mais le phénomène se retrouve dans tous les grands médias publics…

"Renégociation" du contrat de gestion RTBF : 11 anomalies.

lundi 18 septembre 2006.

http://www.respire-asbl.be/article.php3?id_article=192

Première anomalie dans cette négociation : il n’y a pas eu de représentation contradictoire sur le thème de la publicité commerciale. Les auditions au Parlement de la Communauté française auront été l’occasion d’un forcing pro-publicitaire plus que d’un débat impartial. Les associations luttant contre l’envahissement publicitaire, n’ont pas été entendues malgré leur demande (parmi elles, RAP et Respire, dont les deux pétition cumulent plus de 6.800 signatures).

Deuxième anomalie : les résultats d’une recherche ont été détournés pour justifier une mesure pro-publicitaire allant directement à l’encontre de la protection des enfants.

Troisième anomalie : la Ministre PS laisse la RTBF préconiser l’emploi du programme "Media-Smart", véritable outil de propagande publicitaire ciblant les enfants, alors même qu’il a été dénoncé par Madame Arena, Ministre-Présidente (PS) de la Communauté française chargée de l’Enseignement obligatoire et de la Promotion sociale.

Quatrième anomalie : Aucune justification publique et étayée ne justifie la présence de la publicité commerciale à la RTBF, moins encore son développement, alors que ces justifications sont demandées et que tous les indices convergent pour souligner le rôle néfaste de ces messages commerciaux sur la qualités des programmes, le confort des usagers, la pérennité financière de notre radio-télévision et l’emploi.

Cinquième anomalie : les pouvoirs publics n’ont pas organisé de débat public sur les orientations de la radio-télévision publique, faisant là encore fi des revendications légitimes de ceux qui financent la RTBF et confisquant le débat plus que jamais nécessaire sur le rôle des médias dans nos sociétés « démocratiques ».

Sixième anomalie : en pleine renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision publique, en lieu et place d’un débat public que les usagers étaient en droit d’attendre, la Communauté française a organisé dans un lieu public un bal des publicitaires dont l’unique but était de réclamer davantage de laisser-faire.

Septième anomalie : le PCf organisant un colloque spectacle sur la politique spectacle en pleine renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision publique et en n’abordant ce dossier que de façon extrêmement marginale.

Huitième anomalie : le Parlement de la Communauté française n’a pas remis le document prévu par le décret, se justifiant par une interprétation misérabiliste de l’esprit de la loi (une somme d’avis en lieu et place de directives claires).

Neuvième anomalie : Responsable du cours de la négociation du contrat de gestion, la Ministre n’a pas voulu recevoir une demande citoyenne dont l’objet n’a jamais été véritablement pris en compte par la majorité.

Dixième anomalie : La phase parlementaire de la renégociation du contrat de gestion de la RTBF s’est close sur un échec du Parlement et… le limogeage de la responsable de la seule émission critique face à la publicité commerciale de notre radio-télévision publique.

Onzième anomalie : Prétendant protéger les enfants de la publicité qui est donc caractérisée comme nocive et agressive, la Ministre se dirige vers une dérégulation du cadre réglementaire de l’audiovisuel en Communauté française pour y autoriser plus de propagande commerciale, sous des formes toujours plus intrusives. 5 minutes pour plus de pression publicitaire ?

Alors que la RTBF a déjà fait sa rentrée, la renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision est dans sa dernière phase, laquelle devrait se terminer au début du mois d’octobre. Le gouvernement devra alors se prononcer sur une proposition de contrat issue des échanges entre la Ministre Laanan et la direction de la RTBF.

Après avoir remis au cabinet de la Ministre Laanan un premier lot de 1323 signatures de la pétition « Libérons la RTBF de la publicité commerciale », nous revenons sur certains éléments saillants de cette « négociation », en nous concentrant uniquement ici sur la place de la publicité commerciale qui, au demeurant, est selon nous le principal enjeu de ce contrat de gestion [1].

Comme le prévoit le "décret du 14 juillet 1997 portant statut de la Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF)" [2], la renégociation du contrat de gestion de la RTBF a débuté au début de l’année 2006, soit un an avant l’arrivée à échéance du contrat actuellement en vigueur. Les propositions de la Ministre sont depuis le début du processus bien en phase avec les demandes de l’administrateur général, M. Philippot. Pour ce qui concerne la publicité, deux mesures phares ont été proposées : supprimer le plafond publicitaire de 25% et supprimer la règle dite des 5 minutes (interdiction de diffuser de la publicité commerciale 5 minutes avant et après les programmes pour enfants) [3].

Au vu de l’évolution du dossier, on est en droit de se demander si les principaux points du contrat n’étaient pas en réalité décidés avant même l’ouverture de la négociation parlementaire.

Mais revenons sur quelques-uns des moments clés de ce qui, comme on va le voir, s’apparente plus à une pathétique manipulation qu’à un travail démocratique digne de ce nom.

1.

Les négociations officielles ont débuté par un cycle d’auditions au Parlement de la Communauté française. Par cette belle initiative, la Ministre promettait une « tribune impartiale » qui devait permettre au Parlement de prendre connaissance des positions exprimées par différentes parties et par là se forger une opinion éclairée afin de fixer les lignes directrices de l’un des principaux outils de la Communauté française (la RTBF dispose d’une dotation publique d’un montant d’environ 195 millions d’euros). Plusieurs intervenants ont été entendus par les parlementaires. Seul hic : outre l’exposé de M. Philippot qui a longuement plaidé pour plus de publicité commerciale sur le service public (M. Philippot, ancien étudiant de la Solvay business School, cumule les casquettes d’administrateur général de la RTBF et de président du Conseil d’Administration de la RMB (Régie publicitaire de la RTBF), ce qui est une nouveauté historique. Ce cumul est supposé n’engendrer aucune perturbation de l’un des organes sur l’autre, comme de bien entendu), deux autres invités représentant le lobby publicitaire furent entendus : M. Gérard pour la RMB (Régie publicitaire de la RTBF) et M. Liesse du bureau CARAT (conseil en publicité). Tous deux ont mis tout leur poids publicitaire dans la défense d’un modèle ultralibéral totalement dérégulé.

Lors de cette audition, M. Procureur (CDH) demanda au patron de la RMB : « Notre dilemme pour la RTBF : c’est donc soit sans pub, soit aucune contrainte pour la pub ! », à quoi M. Gérard répondit : « On a fait rentrer la pub à la RTBF pour des raisons qui m’échappent et ne me regardent pas. On doit maintenant lutter à moyens égaux avec les groupes privés ».

Il y eut donc trois représentants du monde publicitaire et aucune voix des associations luttant contre l’envahissement publicitaire. Nous avions pourtant fait la demande, en temps et en heure, à la Ministre et aux parlementaires de pouvoir exposer notre point de vue. Plusieurs des intervenants auront néanmoins abordé le problème de la publicité commerciale, sans toutefois souligner le danger majeur qu’elle représente pour la RTBF. Seul B. Hennebert a rappelé que les téléspectateurs sont saturés de publicité et que sa présence tire la qualité des programmes vers le bas en même temps que l’audimat (voir le texte intégral de son intervention, et plus particulièrement la partie 7).

Première anomalie dans cette négociation : il n’y a pas eu de représentation contradictoire sur le thème de la publicité commerciale. Les auditions au Parlement de la Communauté française auront été l’occasion d’un forcing pro-publicitaire plus que d’un débat impartial. Les associations luttant contre l’envahissement publicitaire, n’ont pas été entendues malgré leur demande (parmi elles, RAP et Respire, dont les deux pétition cumulent plus de 6.800 signatures) [4].

2.

Dans son document de base pour les négociations (voir l’exposé « Les priorités de Fadila Laanan » et le document joint), la Ministre proposait de supprimer le plafond de 25% d’apports publicitaires et de supprimer la règle dite des 5 minutes. Pour justifier ce deuxième point, la Ministre et l’administrateur-général prétendaient se baser sur une étude des FUCaM qui devait prouver que « Si cette règle est forte sur le plan symbolique et donne bonne conscience à certains, elle est tout simplement inefficace » selon le mot de M. Philippot dans La Libre du 25/04/06. Désireux de prendre connaissance de cette étude dont les prétendus résultats nous surprenaient beaucoup (comment l’interdiction de la publicité des enfants à destination des enfants peut-elle être tout à fait inefficace ? Comment le prouver scientifiquement ?), nous avons contacté le cabinet de la Ministre pour obtenir une copie de cette étude sur laquelle s’appuyait une recommandation publique concernant le bien commun.

Première surprise : le cabinet Laanan ne disposait pas de l’étude et nous renvoya vers les chercheurs des FUCaM qui l’avaient réalisée. Nous avons donc pris contact avec Mme Pêcheux, co-auteure de l’étude, qui a accepté de nous expliquer longuement les résultats de cette recherche, la méthode employée et l’utilisation politique qui en avait été faite.

Deuxième surprise : l’étude ne recommande pas l’abandon de la règle des 5 minutes et souligne que pour assurer une protection adéquate des enfants face à la publicité, il est nécessaire d’améliorer et de renforcer les mesures existantes et d’en développer de nouvelles (voir notre communiqué de presse Quand le politique détourne le travail des chercheurs au profit des marchands.).

Deuxième anomalie : les résultats d’une recherche ont été détournés pour justifier une mesure pro-publicitaire allant directement à l’encontre de la protection des enfants.

3.

Le cabinet Laanan ayant été pris la main dans le sac, et suite à la pétition lancée par le collectif RAP pour le maintien de la règle des 5 minutes et la suppression de toute publicité destinée aux enfants (qui a récolté plus de 5.300 signatures), la Ministre a dû amollir sa position : une ou deux autres études ont été commandées pour décider du sort de la cette règle et peut-être orienter les décisions futures en matière de protection des enfants face à la publicité et d’éducation au médias. En attendant ces résultats, la Ministre semble s’orienter vers le maintien de la règle des 5 minutes (Voir La Libre du 14/09/06).

Avant d’annoncer ce revirement hautement symbolique – auquel on ne croira que lorsqu’il sera inscrit dans le contrat de gestion – le PS a souligné qu’il lui semblait préférable de remplacer cette règle des 5 minutes par de « l’éducation aux médias » [5] et ce, avant même que les résultats des études commandées ne soient connus. Au vu du traitement réservé à la recherche précédemment citée, ceci n’augure rien de bon pour l’utilisation qui sera éventuellement faite des études à venir… Le PS défendrait donc la nécessité d’éduquer les enfants aux médias. L’ennui est qu’il n’existe pour l’instant pas d’outil qui permette de mener à bien ce type de mission. Il revient à la Communauté française d’en réaliser depuis de nombreuses années mais les différentes demandes ont été suivies de promesses, pas d’effets. Le CEM (Conseil de l’Education aux Médias) semble s’y atteler, et devrait rendre public le fruit de son travail à la fin de l’année 2007. Sans que l’on ne sache en quoi cet outil consistera précisément, on peut déjà dire qu’il arrivera après « Media-smart », l’outil de propagande publicitaire réalisé par et pour les publicitaires, dont l’usage a été fortement déconseillé par Mme Arena, Ministre-Présidente chargée de l’Enseignement obligatoire et de Promotion sociale [6], ainsi que par le précédemment cité CEM et par l’Inspection Pédagogique de l’Enseignement Fondamental (voir la circulaire de la Communauté française). Cela n’a pas empêché les publicitaires de distribuer cette "malette pédagogique" gratuitement aux professeurs des écoles, aux parents [7]… et à la RTBF qui relaye ce programme de "socialisation à la publicité" sur son site internet !

Troisième anomalie : la Ministre PS laisse la RTBF préconiser l’emploi du programme "Media-Smart", véritable outil de propagande publicitaire ciblant les enfants, alors même qu’il a été dénoncé par Madame Arena Ministre-Présidente (PS) de la Communauté française chargée de l’Enseignement obligatoire et de la Promotion sociale.

4.

En matière de publicité commerciale sur le service public, la principale mesure que préconise le PS pour la RTBF est la levée du plafond des 25% d’apports publicitaires (les 75% du budget de notre radio-télévision étant constitués par la dotation publique). Ce point étant au centre de la renégociation du contrat de gestion et le cœur de l’action menée par Respire, nous nous y arrêterons plus longuement.

Augmenter la part de financement publicitaire de notre radio-télévision revient à accorder à la publicité une importance plus forte dans le fonctionnement de la RTBF. Quand bien même la quantité de publicité n’augmenterait pas comme le promet le PS (Toutes choses égales par ailleurs, pour que le volume n’augmente pas il faudrait que la RTBF fasse l’objet d’un contrôle adéquat. Or, on sait que le CSA fait preuve d’un laxisme coupable et que les rares condamnations qu’il émet ne sont pas toujours suivies d’effet…), son importance croissante pour le financement de Reyers lui conférerait un pouvoir accru. La RMB qui joue déjà un rôle crucial et négatif dans l’évolution du fonctionnement de la RTBF serait encore renforcée. On sait que l’apparition de la publicité commerciale sur une radio-télévision s’accompagne systématiquement d’une baisse de qualité éditoriale des programmes. Ainsi, Hugues Le Paige déclare : "Au-delà d’un certain seuil [de publicité], il est quasi impossible de maintenir un profil de service public. La pression audimétrique et publicitaire devient trop forte. Hors des discours officiels de la langue de bois, aucun dirigeant de chaîne ne vous dira le contraire" [8].

M. Le Lay, patron de TF1, en exposait clairement les raisons dans sa déclaration désormais historique de l’été 2004. Selon lui : « Le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit… Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible » [9]. Où il apparaît clairement que le centre de l’activité d’une chaîne privée est la publicité et non les programmes.

En plus de la baisse de la qualité des émissions, laisser la part d’argent privé augmenter à la RTBF est financièrement dangereux pour notre institution : qui défendra encore la dotation publique lorsqu’elle n’atteindra plus que la moitié des recettes de la RTBF ? D’aucuns ont dit (comme M. Procureur, CDH) que cela ne risquait pas d’arriver, la RTBF n’atteignant pour l’instant pas les 25% d’apports publicitaires auxquels elle a droit. Dans ces conditions, il n’y a strictement aucune raison de lever ce plafond des 25%. Et l’on se demande si l’argument du CDH tient plus de la naïveté ingénue ou de la mauvaise foi assumée, deux explications qui ne témoignent de rien de bon.

Maintenir que la suppression de cette limite est symbolique, c’est également oublier que RTL/TVI (sur laquelle la direction de la RTBF a les yeux braqués chaque matin lorsque les chiffres d’audimat tombent) est intégralement financée par la publicité commerciale. Jouer le jeu de l’audimat, c’est à dire celui des publicitaires (les chiffres du CIM sont ceux des publicitaires, voir notre article L’administrateur général de la RTBF, M. Philippot, veut supprimer le plafond publicitaire) en se calant sur la concurrence privée, c’est entrer dans le cercle vicieux de la rentabilité à court terme, incompatible avec les missions de service public mais parfaitement en phase avec la logique publicitaire.

Pourquoi vouloir accroître la part publicitaire sur le service public alors que l’on sait que les téléspectateurs belges estiment qu’il y en a trop (une étude réalisée par Significant GfK en 2003 nous apprend que 75% des belges estiment qu’il y a trop de publicité à la télévision), que sa présence est un obstacle à la réalisation des missions de service public de la RTBF et qu’elle met sa viabilité financière en péril ? Ce qu’il faudrait plutôt, c’est débarrasser progressivement la RTBF de la publicité commerciale ou, au moins, en diminuer drastiquement la quantité. Pourquoi, donc, augmenter la part de publicité à la RTBF ? A cette question, M. Philippot et Mme Laanan répondent en cœur : par besoins financiers. Mais lesquels ? C’est ce que nous aimerions savoir et ce que nous avons demandé dans un article publié dans La Libre du 30 mars 2006 : "Prouvez-nous que la RTBF a besoin de publicité commerciale !". En effet, on est en droit de se demander dans quelle mesure des apports financiers supplémentaires sont nécessaires alors que la RTBF semble investir tous azimuts (médiacité (40.000.000 d’euros), Bel Arte, Haute Définition, 3D, etc. Voir notamment La Libre du 23/08/06), s’offre les services d’un directeur des antennes au prix fort (M. Bigot, dont les émoluments atteindraient 10.000 euros mensuels, sans compter les avantages comme la maison de fonction, le véhicule, le téléphone et son abonnement, les retours réguliers dans la patrie natale (France)…), bref, adopter une politique d’investissement plus proche de celle d’un groupe privé que d’un service public qui est tenu d’employer les deniers publics avec parcimonie. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la dotation publique soit étroite, c’est même tout ce qu’il y a de plus logique. Faisant fi de toute explication concernant les investissements, la direction de la RTBF et le gouvernement trouvent dans cette étroitesse relative une raison pour augmenter la part de la publicité commerciale sur notre service public. A moins que ça ne soit le contraire ? Voulant donner au lobby publicitaire l’occasion de se créer de nouveaux marchés et revenus, la direction de la RTBF (couplée à celle de la RMB) investit dans des postes qui ne sont pas naturellement ceux du service public, créant ainsi un manque financier… qui ne peut plus se compenser que par apport privé publicitaire. Les investissements, qui s’ajoutent aux difficultés financières ‘historiques’ deviennent ainsi prétextes à l’invasion publicitaire. Hypothèse loufoque ? Nous attendons qu’elle soit contredite de façon argumentée. Constatons également que les investissements (dont la multiplication des canaux, le développement des antennes régionales et la place réservée au « divertissement ») concordent étrangement avec l’intérêt publicitaire…

A cette demande « prouvez-nous que la RTBF a besoin de publicité commerciale », M. Philippot a répondu dans La Capitale du 3 avril 2006 : "J’ai fait faire l’étude. Si on supprime la pub à la RTBF, l’entreprise devra licencier 750 personnes. ». L’étude qu’il prétend avoir fait réaliser pour avancer ce résultat n’a bien entendu pas été rendue publique. Nous attendons toujours de pouvoir prendre connaissance de l’ensemble de ses tenants et aboutissants pour nous prononcer sur sa pertinence et, partant, sur la validité de l’affirmation de l’administrateur général (voir notre lettre au Service de médiation de la RTBF [10]).

Entre-temps, puisque aucune justification n’est fournie aux usagers qui financent leur radio-télévision à hauteur de 75% de son budget, nous voulons proposer au personnel de la RTBF une autre analyse.

M. Philippot veut reconquérir des parts d’audience et a pour principal « adversaire » les opérateurs privés et en particulier RTL/TVI (rien ne l’y oblige, mais il est vrai que le patron de cette chaîne privée de faible qualité, M. Delusinne est également issu des rangs de Solvay – et également ami de M. Di Ruppo. Il semble y avoir comme une bataille de cour de récréation entre ces deux « responsables »), financée à 100% par la publicité commerciale. Au jeu publicitaire de l’audimat, RTL/TVI bat largement la RTBF. RTL/TVI compte environ 600 employés et dispose d’un budget d’environ 60 millions d’euros, contre 2.200 employés pour la RTBF et un apport public de 195 millions d’euros. Les résultats annoncés de l’étude que M. Philippot prétend avoir réalisée n’indiquent qu’une seule chose : pour lui, les coûts de l’entreprise sont à chercher uniquement du côté des salaires et de l’emploi. Si, selon le vœu du PS, la RTBF entrait encore davantage dans le jeu de la concurrence avec le privé, ce que le PS s’emploie à mettre en œuvre depuis qu’il a ouvert la RTBF à la publicité en 1984, viendra un moment, pas trop éloigné, où la RTBF devra « rationaliser ses coûts » pour être « compétitive » et à la hauteur du « marché » audiovisuel qui s’européanise et est toujours plus « concurrentiel » [11]. Et comme M. Philippot en a largement fait état tout en prétendant dire le contraire (« il est évident que le personnel de la RTBF a déjà beaucoup donné…", La Capitale du 3 avril 2006) la réduction des coûts de la RTBF passe selon l’esprit des étudiants de Solvay par le « dégraissage ».

Chers amis employés de la RTBF, voilà un autre point de vue : M. Philippot prétend que sans pub, c’est 750 emplois en moins, sans aucune justification et pour ouvrir la chaîne à plus de publicité. Laisser la publicité commerciale se développer à la RTBF, c’est 2.200-600=1600 emplois en moins.

Aujourd’hui plus encore que par le passé, dans l’audiovisuel, protéger la qualité des programmes, le service public et l’emploi implique de lutter activement contre la publicité commerciale et son développement.

Quatrième anomalie : Aucune justification publique et étayée ne justifie la présence de la publicité commerciale à la RTBF, moins encore son développement, alors que ces justifications sont demandées et que tous les indices convergent pour souligner le rôle néfaste de ces messages commerciaux sur la qualités des programmes, le confort des usagers, la pérennité financière de notre radio-télévision et l’emploi.

5.

Le contrat de gestion de la RTBF aurait dû faire l’objet d’un vaste débat public. La RTBF étant financée à 75% par les contribuables, il est normal que ceux-ci puissent s’exprimer et être entendus sur la façon dont est gérée leur radio-télévision et sur ses orientations d’avenir. De même, les missions de service public doivent faire l’objet de vastes discussions publiques pour que les valeurs qu’elles portent soient en phase avec celles de la population. Le gouvernement et les adeptes de la démocratie procédurale affirment que les élus sont justement désignés pour cela et qu’en tant que représentants, ils mènent ce débat au nom du peuple. On sait que cet argument est faible par nature, que la représentation des élus n’est que partielle et ne peut se substituer à des débats réguliers qui constituent autant de recadrages nécessaires. On a vu en outre que les débats qui ont eu lieu au Parlement étaient orientés et non représentatifs de l’ensemble des points de vue émergeant de la société. On verra également que le débat parlementaire a débouché sur un fiasco très préoccupant.

Puisque la Ministre n’a pas organisé « d’états généraux » de la RTBF, à un moment où celle-ci en aurait pourtant bien eu besoin, le Cinéma Nova et Bernard Hennebert ont pris l’initiative d’organiser une semaine de débats intitulée « La RTBF est aussi la nôtre ». Respire a participé à l’organisation de ces rencontres dont les enregistrements seront bientôt disponibles en ligne sur le site. Ces débats ont été fructueux et ont permis de mettre à jour de nombreuses revendications de la société civile ainsi que les attentes fortes des usagers et des spécialistes à l’égard d’un audiovisuel public de qualité.

Cinquième anomalie : les pouvoirs publics n’ont pas organisé de débat public sur les orientations de la radio-télévision publique, faisant là encore fi des revendications légitimes de ceux qui financent la RTBF et confisquant le débat plus que jamais nécessaire sur le rôle des médias dans nos sociétés « démocratiques ».

6.

Le lundi 24 avril 2006, le Ministère de la Communauté française organisait une "rencontre publique sur la publicité télévisé" au Palais des Beaux-Arts (voir le programme). Publique, car le public pouvait s’y rendre, mais il n’y avait pas d’intervenant de la société civile. [12].

En pleine renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision, sachant que la publicité est l’un des principaux points d’achoppement de ce contrat et qu’un débat public avait fait défaut jusqu’ici, on aurait pu espérer de la Communauté française, institution publique, un débat dans lequel aurait été intégrée la société civile pour entamer un dialogue ouvert sur ce sujet complexe et chaud. Au lieu de quoi, cette institution censée être neutre et œuvrer pour le bien public, a organisé dans un lieu financé par le contribuable (BOZARnaque) une autre journée de propagande publicitaire.

Seul M. Andrianne, président de la Ligue des familles, ne représentait pas exclusivement des intérêts commerciaux et publicitaires. Mais, précision d’importance, la Ligue des familles est membre du CA de la RMB et du CIM…

Le festival publicitaire proposé lors de cette réunion ne posait pas de question, mise à part celle de savoir quelle part les publicitaires pourraient se tailler dans le marché audiovisuel belge, et qui irait le plus vite en besogne. Ce qui aurait dû faire partie du débat a été consigné dans un ouvrage [13] , muet.

Au total donc, une autre farce grotesque et une nouvelle attaque des principes démocratiques qui ont tellement fait défaut qu’il devient déplacé d’employer ce mot à cet endroit.

Entre autres révélations fracassantes, on a notamment entendu M. Gérard, dont l’intervention suivait l’ouverture de la Ministre Laanan, déclarer avec un grand sourire et sur un air semi-interrogateur en regardant la Ministre Fadila Laanan : « Mais je crois que 2007 sera une bonne année pour la RMB ? », à quoi la Ministre répondit par un hochement de tête vigoureux et souriant…

Nous avions demandé, là encore, de participer à cette rencontre et de bénéficier d’un temps de parole d’une dizaine de minutes pour exposer un point de vue différent de cette pensée unique. A quoi l’organisateur nous a répondu qu’il était impossible que l’ensemble des participants bénéficient d’un temps de parole aussi long, la durée de la rencontre étant limitée. On ne reviendra pas sur la durée des différentes présentations

Respire y était tout de même et a eu l’occasion de dénoncer cette mascarade et de rappeler notamment que 75% des téléspectateurs trouvent qu’il y a trop de publicité à la télévision. Ce à quoi les publicitaires n’ont pu répondre que par un silence (gêné ?)…

Sixième anomalie : en pleine renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision publique, en lieu et place d’un débat public que les usagers étaient en droit d’attendre, la Communauté française a organisé dans un lieu public un bal des publicitaires dont l’unique but était de réclamer davantage de laisser-faire.

7.

Dans la lancée, le Parlement de la Communauté française a proposé un colloque sur la « Politique-spectacle et télévision : en Communauté française aussi ? » [14]. Pourquoi diable organiser cette rencontre en pleine renégociation du contrat de gestion sans bien entendu aborder directement ce sujet ? Au programme : auto-satisfecit du CSA et du PCf dont l’efficacité, l’ouverture et la qualité n’ont pas manqué d’être soulignées.

Septième anomalie : le PCf organisant un colloque spectacle sur la politique spectacle en pleine renégociation du contrat de gestion de notre radio-télévision publique et en n’abordant ce dossier que de façon extrêmement marginale.

8.

Le 16 mai 2006, le Parlement de la Communauté française se réunissait en séance plénière pour exposer les résultats des travaux de la Commission de l’audiovisuel et voter la recommandation du Parlement au Gouvernement, comme le prévoit le décret de 2003. Apogée de cette mascarade, le 16 mai est aussi le jour d’un grave échec démocratique du Parlement de la Communauté française. La presse a rendu compte de cette débandade dont les traces sont disponibles dans le compte-rendu intégral accessible ici. Rendant compte de la dernière réunion (du 3 mai 2006) de la Commission de l’audiovisuel avant la plénière, La Libre déplorait l’échec du Parlement. Cet avertissement n’a pas suffit à réveiller la majorité PS / CDH qui a littéralement plombé le travail parlementaire en 1) cassant le dialogue et bloquant le vote d’une résolution commune, et 2) refusant de voter une proposition de résolution ECOLO / MR par laquelle le Parlement aurait au moins pu remplir de façon minimale ses obligations décrétales. Les discussions ont été houleuses (le compte-rendu reprend 30 pages de débats) et ont vu s’affronter le pire et le meilleur – parfois dans la bouche des mêmes orateurs ! Extrait de la version provisoire (p.50) :

M . Philippe Fontaine (MR) [réclame un texte de la majorité qui refuse celui proposé par Ecolo] : « C’est votre texte que nous voudrions voir ! Expliquez-moi son absence !

M. Léon Walry (PS) : Ne rêvez pas inutilement !

Mme Françoise Bertiaux (MR) : J’ai cessé de rêver depuis longtemps quand je discute avec vous !

M. Léon Walry (PS) : Il existe une majorité dans ce Parlement…

M. Philippe Fontaine (MR) : … qui décide de ne rien décider !

Mme Françoise Bertiaux (MR) : Une majorité tellement solide qu’elle se montre incapable de se mettre d’accord sur un texte, alors qu’à trois nous étions capable de le faire. Ce que vous dites n’a pas de sens !

M. Léon Walry (PS) : Il y aura une majorité pour vous dire non ! »

Au total, la Ministre (PS) se retrouve dans cette position abracadabrantesque de négocier le contrat de gestion avec l’administration de la RTBF (PS et CDH) sans directives claires du Parlement censé nous représenter.

On retiendra cependant de ce grand moment de démocratie l’évolution des positions du MR sur la règle des 5 minutes (p. 45) :

M. Philippe Fontaine (MR) : « Cette mesure [règle des 5 minutes] de protection relève de la qualité de service public de la RTBF et doit impérativement être maintenue. Sa formulation ne peut en outre laisser aucun moyen de la contourner ».

et de Ecolo sur le plafond des 25% de recettes publicitaires (p. 23) :

M. Marcel Cherron (ECOLO) : « … Par rapport à l’enjeu même de la RTBF, la publicité est une question majeure. Lever demain par décret le plafond des 25%, c’est s’engager dans une voie sans issue. Il serait en revanche intéressant pour la RTBF de travailler de manière concrète et crédible à une sortie progressive de la publicité. Des entreprises publiques d’autres pays y sont parvenues. Par conséquent, je demande que l’on ouvre ce chantier-là, bien plus porteur que cette course effrénée à l’audience qui causera de plus en plus de soucis à la RTBF. … ».

Huitième anomalie : le Parlement de la Communauté française n’a pas remis le document prévu par le décret, se justifiant par une interprétation misérabiliste de la loi (une somme d’avis en lieu et place de directives claires).

9.

Le 13 juin dernier, nous remettions un premier lot de pétitions comptant 1.323 signatures au cabinet de la Ministre. Au cabinet, car la Ministre n’a pas voulu recevoir en mains propres cette demande citoyenne.

Neuvième anomalie : Responsable du cours de la négociation du contrat de gestion, la Ministre n’a pas voulu recevoir une demande citoyenne dont l’objet n’a jamais été véritablement pris en compte par la majorité.

10.

A cet éloquent palmarès est venu s’ajouter une autre pubtréfaction : le 19 juin 2006, Marianne Nihon, responsable du secteur jeunesse de la RTBF et productrice de « Bla-Bla », était démise de ses fonctions, au motif qu’elle ne rencontrait pas les exigence d’un nouvel outil d’évaluation (Voir La Libre du 20 juin). Rappelons que « Bla-Bla » est le seul programme critique face à la publicité commerciale de la RTBF. Est-il exagéré de trouver la coïncidence troublante ?

Dixième anomalie : La phase parlementaire de la renégociation du contrat de gestion de la RTBF s’est close sur un échec du Parlement et… le limogeage de la responsable de la seule émission critique face à la publicité commerciale de notre radio-télévision publique.

11.

Dans son édition du 5 septembre 2006, La Libre nous apprend que la ministre Laanan s’oriente vers le maintien de la règle des 5 minutes arguant que « La RTBF doit rester un îlot de protection pour nos enfants » et qu’ « elle ne changera d’avis que lorsqu’on lui apportera une nouvelle étude scientifique démontrant l’inefficacité de la mesure… ». Si l’on ne peut que se réjouir de ce revirement de position dont la justification paraît pour le moins… inattendue au regard de la façon dont la demande initiale de suppression de cette mesure avait été appuyée, il reste que cette saine avancée se combine à d’autres reculs propres à annuler complètement ou presque ce pas en avant. On lit en effet dans le même journal que « Fadila Laanan a indiqué qu’elle réfléchissait actuellement à une modification du décret sur l’audiovisuel du 27 février 2003 …[pour] adapter la législation de la Communauté française aux nombreux bouleversements intervenus, ou à venir, dans le monde de l’audiovisuel (dont la nouvelle directive européenne « télévision sans frontières » en cours de discussion). L’idée serait d’autoriser la RTBF à recourir à des formats publicitaires (placement de produit, pub virtuelle…) qui lui sont interdits alors que d’autres opérateurs, dont RTL-TVI, y recourent allégrement depuis quelques mois à la grande fureur de Jean-Paul Philippot. » Et la ministre de souligner : « On ouvre déjà la porte à un assouplissement des interdictions faites à la RTBF en faisant sauter le plafond publicitaire de 25pc » ; ce qui ne serait qu’un début comme le souligne La Libre.

Regardons de plus prêt ce qu’impliquerait la modification du décret s’il était aligné sur la directive « Télévisons Sans Frontières ». Outre l’augmentation des quotas publicitaires que cette directive prévoit, le projet de la Commission européenne légalise le placement de produit, jusque là illicite. Cette technique publicitaire consiste à insérer un produit ou une marque dans la trame narrative d’une émission (de fiction ou non), si possible en l’associant à des valeurs positives portées par exemple par un héros (qui pourra ostensiblement arborer une montre de marque connue, rouler en berline allemande et boire tel ou tel soda) [15]. Le principe de séparation entre publicité et contenu est donc sérieusement attaqué. Plus encore lorsque l’on sait que le « split screen » (« écran partagé » qui consiste à diffuser un second programme en même temps que le principal en l’isolant sur une fenêtre de l’écran) serait autorisé par la directive ! [16].

Ce n’est pas tout : le projet de directive autorise également l’insertion de publicité et de programmes de télé-achats à tout moment (en tenant compte des interruptions naturelles du programme, notion extrêmement vague) dans toutes les émissions à l’exception des programmes religieux, avec un maximum de 12 minutes (qui ne comprennent pas le télé-achat [17] le placement de produit, le parrainage et l’autopromotion [18] ) par heure et par tranche de 45 minutes, par tranche de 35 minutes pour les journaux télévisés et les programmes pour enfants, pour autant que ceux-ci aient une durée d’au moins 30 minutes et qu’un délai de 20 minutes entre les interruption soit respecté !

Si le décret était adapté pour « coller » aux principes de la directive européenne, le maintien de la règle des 5 minutes serait donc « facturé » d’une aggravation généralisée de l’agression publicitaire sur le service public. Contrairement à ce qu’annonçait la Ministre, la quantité de publicité pourrait fortement augmenter puisque le télé-achat, le split-screen, le placement de produit viendraient s’ajouter au temps réglementaire de publicité « classique » autorisé. Les enfants, qui regardent aussi les « programmes pour adultes », pourraient voir leurs héros du petit écran engouffrer des hamburgers et du Coca-Cola, les JT pourraient être interrompus par une démonstration pour le dernier modèle de fer à repasser, etc.

Onzième anomalie : Prétendant protéger les enfants de la publicité qui est donc caractérisée comme nocive et agressive, la Ministre se dirige vers une dérégulation du cadre réglementaire de l’audiovisuel en Communauté française pour y autoriser plus de propagande commerciale, sous des formes toujours plus intrusives. 5 minutes pour plus de pression publicitaire ?

Et maintenant ?

Le contrat de gestion n’étant pas encore adopté, il est toujours temps de nous exprimer auprès de nos élus et des responsables de la RTBF. Le Parlement se réunira à nouveau en octobre pour approuver ou rejeter la copie du contrat. Il est donc important de faire savoir aux députés que le processus dont nous avons été témoins est inadmissible et que les points les plus conflictuels de l’avenir de la RTBF doivent être réouverts à la discussion pour qu’enfin ils soient réellement débattus.

Le Belge regarde la télévision en moyenne 220 minutes par jour. Bien que très critiquée, la télévision reste en outre le principal élément d’information des citoyens (Voir la présentation d’une étude sur ce sujet). C’est donc peu dire que le petit écran est porteur d’enjeux très importants : la télé participe activement au façonnement des opinions. Comme les autres médias, elle est censée remplir une mission de contre-pouvoir absolument nécessaire dans nos « sociétés de l’information ». Pourtant, les influences marchandes et politiques font que comme la presse, elle est de moins en moins à même de remplir cette fonction. Le contrat de gestion de la RTBF nous donne un exemple saisissant de ces dérives dont les conséquences sont profondes et durables. La majorité a en effet confisqué le débat notamment pour ouvrir le service public à l’intérêt privé. La publicité s’offre un tapis rouge vers Reyers, prenant en otage les habitants de la Communauté française.

Hasard de calendrier, et comme souligné plus haut, parallèlement à la renégociation du contrat de gestion de la RTBF, la Commission européenne est en train de réévaluer les règles de l’audiovisuel de la Communauté européenne : la directive « Télévision sans Frontières » est actuellement en discussion au Parlement européen. Sans surprise, les publicitaires sont là encore hyper actifs et sont en passe d’obtenir un boulevard qui soumettrait l’ensemble du paysage audiovisuel de l’Europe aux lois du marché.

Le projet de Mme V. Reding, commissaire en charge, prévoit un assouplissement radical des règles encadrant la publicité. Les interruptions pourraient être plus fréquentes, la quantité de pub plus importante et le placement de produit consistant à incruster certains produits, marques ou logos dans la trame narrative d’une émission…. Plus de publicité commerciale sur tous les canaux, c’est sans nul doute l’abrasion programmée de la qualité des émissions et l’uniformisation des contenus.

Dans ce contexte délétère, abandonner l’audiovisuel public aux lois du marché et aux appétits marchands en le livrant à la publicité commerciale constitue un véritable danger.

Préserver un service public audiovisuel autonome, libre, ouvert et de qualité est absolument crucial tant il s’agit, ou plutôt devrait s’agir, d’un élément central de la démocratie.

Face au rouleau compresseur publicitaire ultra-libéral, préserver l’autonomie éditoriale et financière de la RTBF doit être une priorité absolue de tous les partis démocratiques (les Etats sont libres d’édicter des lois plus strictes que le cadre réglementaire européen). On a vu que sans pression des citoyens, ceux-ci se complaisent dans un laisser-aller sans issue. L’avenir de la RTBF est avant tout entre les mains de tous les usagers.

[1] D’autres actions ont été engagées qui ont mené à des discussions et des prises de positions parfois fortes. Pour une présentation générale des enjeux, voir le site animé par Bernard Hennebert : www.consoloisirs.be.

[2] "Art. 9. (…)

§ 2. Le contrat de gestion est conclu pour une durée de trois ans au moins et de six ans au plus.

§ 3. Le contrat de gestion n’entre en vigueur qu’après son approbation par arrêté du Gouvernement, et à la date fixée par celui-ci. Il est publié au Moniteur belge.

§ 3bis. Un an avant l’expiration du contrat de gestion, le Gouvernement sollicite l’avis du Conseil de la Communauté française sur les éléments constitutifs du prochain contrat de gestion. Dans les six mois, le Conseil de la Communauté française remet ses recommandations au Gouvernement. A l’expiration de ce délai, le Gouvernement peut entamer les négociations avec l’entreprise.

§ 4. Six mois avant l’expiration du contrat de gestion, l’entreprise soumet au Gouvernement une proposition de contrat de gestion.

§ 5. Si à l’expiration d’un contrat de gestion, un nouveau contrat de gestion n’est pas conclu, le contrat de gestion en cours est prorogé de plein droit pendant un an. Au terme de la prorogation, le Gouvernement arrête pour un an un plan de gestion renouvelable une seule fois."

[3] Voir La Libre du 21 octobre 2005et La Libre.

[4] Voyez la pétition de RAP

[5] « Financièrement, sa suppression représenterait un gain financier d’environ 1 million d’euros par an pour la RTBF. Une somme que M. Philippot suggère d’affecter au développement d’émissions d’éducation aux médias et à la publicité. », La Libre 25/04/06

[6] Voir également les interpellation au Parlement de la Communauté française dans le compte-rendu intégral du 14 novembre 2005 (page12)->http://archive.pcf.be/imageStore/1000000000a6046]

[7] voir Communiqué de presse commun APED/RAP/RESPIRE

[8] dans Les pratiques publicitaires à la télévision, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, 2006, p. 70.

[9] cité par B. Hennebert, in La RTBF est aussi la notre, Bruxelles, Aden, 2006

[10] Cette appellation est trompeuse, il ne s’agit pas d’un service de médiation. B. Hennebert écrit à ce sujet : "Celle qui signe sa réponse en tant que « Responsable du Service Médiation » ne se positionnera pas par rapport à cette suggestion car : « Vous le savez, je ne suis pas ‘Médiatrice de la RTBF’. Cette fonction n’existe pas en tant que telle au sein de la RTBF et aucun des textes portant statut et règlement ne prévoit la mise en place d’une telle fonction ». _Ainsi, le Service public refuse de dialoguer avec des usagers qui émettent des propositions concrètes pour mettre fin à l’un ou l’autre de ses dysfonctionnements… et trompe effrontément son public en dénommant « Service Médiation » un bureau de relation avec ses auditeurs et téléspectateurs qui n’envisage aucun travail de médiation avec eux ! Comme appellation équivoque, il est difficile de faire mieux.", dans Les pubs sont à l’heure, pas les programmes !, Journal du Mardi, 26 juin 2006

[11] pensons au départ de RTL/TVI au Luxembourg, à la probable création prochaine d’une régie publicitaire de TF1, à la révision ultralibérale de la directive européenne Télévision Sans Frontières

[12] Les invités :

Madame Fadila LAANAN, Ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse

Benoît Crochelet, Brand Manager (Electrabel) ;

Bruno Liesse, Directeur des études (Carat) ;

Yves Gérard, General Manager (RMB) ;

André Van Hecke, expert ;

Francis Delaveleye, producteur (IScreen), membre de CFP-Belgium ;

Dominique Vosters, Conseiller (Cabinet de la Ministre Laanan) ;

Evelyne Lentzen, Présidente (CSA) ;

Sandrine Sepul, Secrétaire adjointe (JEP) ;

Philippe Andrianne, Secrétaire général (Ligue des Familles)

Jean-Paul Philippot, Administrateur général (RTBF) ;

Patrick Blocry, Directeur Marketing (Be Tv) ;

Rolland Berda, Directeur général (AB3, AB4)

[13] Extrait de la présentation de ce livre : « Les pratiques publicitaires à la télévision – quelques questions » est une publication à destination du grand public. Il s’agit d’une collection d’articles d’auteurs issus d’horizons divers visant d’une part, à informer sur les différents aspects du métier et d’autres part, à poser une réflexion sur différentes problématiques contemporaines comme la publicité à destination des mineurs, le formatage des chaînes et des programmes, l’évolution du message publicitaire (tant sur la forme que sur le fond), la confusion des genres entre messages publicitaires et rédactionnel, l’évolution de la réglementation …"

[14] Les actes du colloque et d’autres documents sont accessibles à cette même adresse.

[15] L’agence Silver Screen Placement Inc souligne : « Imaginez l’impact sur vos clients quand ils voient leurs stars favorites utiliser votre produit dans un film ou une émission de télé, votre marque devenant ainsi partie intégrante du spectacle véhiculant à la fois message subliminal et reconnaissance implicite… ». Citation extraite du site Réseau Education-Médias du Canada.

[16] Pour une présentation complète de l’évolution des règles publicitaires dans la TVSF précisant notamment les produits pour lesquels la publicité est interdite, voir « Les enjeux de la révision de la directive Télévision Sans Frontières en matière publicitaire », Alexandra Krick, in Les pratiques publicitaires à la télévision, Bruxelles, Ministère de la Communauté française, 2006, pp. 119-125.

[17] 8 programmes de télé-achat de 15 minutes sont autorisés par jour.

[18] Un article plus détaillé sur l’enjeu de la directive Télévision Sans Frontières sera bientôt publié sur le site.

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