Un fanatique sioniste critique la célèbre chanson "Nuit et brouillard" de Jean Ferrat. Qui lui répond.
Chers amis,
Je me permets de vous envoyer l'information ci-dessous car elle illustre bien la dangereuse dérive d'une pensée qui mene au totalitarisme : selon le directeur de l'Arche, les seules victimes de la derniere guerre à prendre en compte sont les Juifs. Parler des autres (il y en eu tout de meme plusieurs millions) c'est du négationisme, forme particulierement grave de l'antisémitisme. Ce M. Meir Weintrater est un fou dangereux, qui reve d'une Inquisition juive et déclencherait bien si nous le laissions faire une chasse aux sorcieres contre les "communisants", dont faisaient partie d'ailleurs les membres juifs du MOI qui figurent sur l'affiche rouge.
Les individus de ce genre sont des ennemis de la culture et de la paix. La réponse de Jean Ferrat est remarquable et je le remercie.
JC
Extrait de l'interview de Meir Weintrater
Rédacteur en chef de la revue l'Arche (N° de mars-avril 2005)
« Je vais vous donner un exemple qui m'a frappé. La chanson « Nuit et
brouillard », décrit les victimes des gens qui sont dans des « wagons plombés »
et dit :
« Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel,
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou
D'autres ne priaient pas mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ».
Les deux derniers vers évoquent les résistants, essentiellement les
résistants communistes, puisque c'était la mouvance à laquelle appartenait Jean Ferrat.
Dans les deux premiers vers, Natacha fait référence à l'Union Soviétique,
Jean-Pierre, on comprend aussi. Le seul moment où l'identité juive apparaît
est dans Samuel et Jéhovah. Quant à Vishnou, on suppose que c'était pour faire la
rime. Aujourd'hui, un tel texte serait attaqué pour négationnisme implicite.
Pourtant, je me souviens que j'étais à l'époque très content de cette chanson
et ma génération l'a accueillie avec soulagement. On avait le sentiment que
l'on reconnaissait quelque chose implicitement même si cela restait très
marginal.
NAM : Que faut-il en déduire ?
M.W : Que Jean Ferrat lui-même, en tant que Français communisant, et bien que
de père juif avait intériorisé la minoration de la persécution des Juifs, alors
même que son propre père est mort en camp d'extermination.
REPONSE DE JEAN FERRAT:
Monsieur Jean Ferrat
07530 ANTRAIGUES
Monsieur Meir WEINTRATER
Rédacteur en chef de la revue « L'Arche»
Antraigues, le 24 février 2005
Monsieur,
Je viens de prendre connaissance de votre interview publiée par « Nouvelles
d'Arménie Magazine» de janvier 2005 et ne saurais rester sans réagir à vos
déclarations me concernant et concernant aussi ma chanson: «Nuit et
brouillard », car c'est la première fois depuis 42 ans qu'elle suscite une réaction de
cette nature. C'est la première fois qu'on me reproche, en définitive, de
n'avoir pas parlé uniquement de l'extermination des juifs.
Vous osez le faire. J'ai envie de dire : « Tant pis pour vous », mais je vous
rappelle que justement, «Nuit et brouillard» est dédié à toutes les victimes
des camps d'extermination nazis quelles que soient leurs religions et leurs
origines, à tous ceux qui croyaient au ciel ou n'y croyaient pas et bien sûr,
à tous ceux qui résistèrent à la barbarie et en payèrent le prix.
Que vous puissiez justement, faire un compte dérisoire en regrettant que :
«Le seul moment ou l'identité juive apparaît est dans Samuel et Jéhovah» me
paraît particulièrement indigne. Je ne puis également accepter vos interprétations
tendancieuses qui concernent les résistants que je célèbre et qui seraient,
d'après vous, : « essentiellement communistes ». Je passe sur l'évocation de
«Vishnou » que je n'aurais utilisé que pour la rime alors qu'il symbolisait
pour moi toutes les autres croyances possibles.
Si j'avais aujourd'hui à regretter quelque chose, c'est de n'avoir pas cité
les autres victimes innocentes des nazis, les handicapés, les homosexuels et les
Tsiganes. Mais il est temps, à présent, d'en venir à votre affirmation
finale:
«Aujourd'hui, un tel texte (vous parlez, bien entendu, de « Nuit et
brouillard ») serait attaqué pour négationnisme implicite ».
Je me demande par quelle dérive de la pensée on peut en arriver là, et si vos
propos ne relèvent pas simplement de la psychiatrie.
Jean Ferrat