C'est mon ami le docteur Geert Van Moorter que je viens de voir au JT. Accompagnant dans l'ambulance un cameraman victime de la nouvelle "bavure" de l'armée US.
J'étais avec lui, un an plus tôt, dans cet hôtel Palestine de Bagdad. Aucune cible militaire dans les environs, et c'est justement pourquoi les journalistes s'y étaient réfugiés. La théorie de la "bavure" est absurde.
Bavure : méfait accidentel, exceptionnel, selon les dictionnaires. Mais à chaque guerre l'armée US tire sur des journalistes!
En 1999, l'Otan bombarde la TV de Belgrade. 14 tués. L'Otan devient le plus grand assassin de journalistes de l'année 1999. Guère de protestations à l'Ouest. "Bavure".
En 2001, l'armée US bombarde le siège de Kaboul d'Al Jazeera, qui montrait un peu trop les massacres de la "guerre propre". Guère de protestations. "Bavure".
En 2003, l'armée US attaque des journalistes. Au moment où elle prépare la "Busherie" de Bagdad, certains témoins pourraient s'avérer gênants. "Bavure"?
A chaque guerre, les Etats-Unis – qui parlent sans cesse de liberté de la presse – assassinent des journalistes. Il y a quelques jours, ses patrons ont licencié le célèbre Peter Arnett qui avait couvert la guerre de 91. Je l'avais justement rencontré et interviewé dans ce même hôtel Palestine.
La presse, ils ne les aiment qu'en troupeaux bien encadrés. Lorsque des envoyés spéciaux risquent de montrer le vrai visage de la guerre, les "bavures" frappent.