Après deux journées d’une mobilisation intense au syndicat de métallurgie de São Bernardo do Campo, où il s’était retranché, l’ex-président du Brésil Lula Da Silva a finalement été arrêté et emprisonné.
Mercredi 4 avril, la Cour Suprême Fédérale avait refusé la demande d’habeas corpus réalisée par sa défense. Le lendemain, le juge Sergio Moro, propulsé médiatiquement par l’affaire “Lava Jato”, s’est chargé de prononcer un mandat d’arrêt contre lui. Cela a suffit pour que des milliers de Brésiliens se ruent devant le syndicat pour soutenir Lula, en scandant le mot d’ordre : “Lula vale a Luta”. C’est à la fois l’expression d’un réel soutien populaire, et l’accumulation d’une profonde colère issue au lendemain du coup d’État contre Dilma à l’été 2016.
Ces derniers mois Lula préparait son retour à la vie politique. Le parcours de sa caravane dans tout le pays a montré qu’il était clairement le candidat favori du peuple dans la course à la présidentielle d’octobre prochain. Mais des événements dramatiques ont indiqué qu’elle ne serait pas un chemin libre d’obstacles. D’abord, la caravane de Lula a été la cible de tirs pendant sa tournée dans le sud. Ensuite, des mercenaires ont assassiné la leader sociale Marielle Franco alors qu’elle sortait d’une manifestation contre le couvre-feu dans les quartiers populaires. Et peu avant le procès contre Lula, un officier de l’armée brésilienne avait même menacé d’intervenir militairement si l’ex-président n’était pas reconnu coupable ! Ces événements ont dégradé de manière considérable l’image du gouvernement de Temer et renforcé son caractère autoritaire.
La condamnation de Lula prouve que la droite et ses soutiens au Département d’État US n’hésitent plus à s’immiscer dans le milieu judiciaire, détruisant ainsi les fondements de la démocratie brésilienne. Or, l’ancien métallurgiste Lula n’est pas le genre à plier face aux injustices. Son rôle de premier plan aux côtés des travailleurs pendant les grèves historiques de 1978-1980, avait contribué à fragiliser la dictature de manière décisive, tournant la page d’une sombre période de l’histoire latino-américaine. Dans les années 2000, son action gouvernementale avait permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté. Comme Chávez, Lula sait parfaitement qu’à l’issue de cette crise politique, c’est le peuple qui aura le dernier mot. Et pour le peuple brésilien “Lula vale A Luta”.
Source : Journal de Notre Amérique