Comme à l’époque d’Hugo Chavez au Vénézuéla, la presse, aux Philippines, presque toujours propriété de magnats réactionnaires et de collaborateurs pro-occidentaux, atteint aujourd’hui un niveau incroyable de calomnies et d’insultes envers le président, inventant des histoires et colportant de simples rumeurs, ce qui serait inimaginable dans un pays comme le Royaume uni, avec ses lois contre la diffamation.
Quand le président vénézuélien Hugo Chavez a accédé au pouvoir en 1999, peu de gens, à l’Ouest, en Asie et même dans la plupart des pays d’Amérique latine connaissaient son nouvel anti impérialisme révolutionnaire militant. Les grands médias internationaux comme CNN ou BBC, jusqu’aux télévisions locales et journaux (influencés ou directement commandités par des sources occidentales), ont distillé une ‘l’information’ clairement biaisée, extrêmement critique et même hostile. Après quelques mois de son gouvernement, alors que j’étais à Caracas, de nombreux journalistes locaux m’ont dit et répété : « Nous sommes presque tous pour le président Chavez, mais nous serions virés immédiatement si nous osions écrire un seul article en sa faveur. »
A New York, Paris, Buenos Aires et Hong Kong, le consensus était à l’époque presque complet : « Chavez est un vulgaire populiste, un démagogue, un militaire fier-à-bras et potentiellement un dangereux dictateur. »
En Corée du Sud, au Royaume uni, au Qatar et en Turquie, des gens ayant du mal à situer le Vénézuéla sur le globe, exprimaient leur ‘opinion inflexible’ en moquant et calomniant l’homme qui serait plus tard célébré comme un héros de l’Amérique latine. Même parmi ceux qui généralement se méfient des médias officiels, nombreux se disaient convaincus du caractère alarmant du Processus et de la ‘Révolution Bolivarienne’.
L’Histoire se répète.
A présent, le président des Philippines Rodrigo Duterte est diabolisé et ‘n’inspire pas confiance’. Il est ridiculisé, accusé de démagogie, condamné pour sa grossièreté et moqué comme un bouffon.
Aux Philippines, il est plus populaire qu’aucun autre président dans l’histoire de ce pays ; au moins 70% mais souvent plus de 80% d’opinions favorables.
« Montrez-moi, dans cette ville, une femme ou un homme qui haïsse Duterte » m’a dit en souriant un employé municipal de Davao (située sur Mindanao, l’île rétive) où Duterte a été maire pendant 22 ans. « Et j’offrirai à cette personne un délicieux repas avec mon propre argent … je ne risque rien. »
« Les gens, aux Philippines, sont désormais totalement libres d’exprimer leurs opinions, de critiquer le gouvernement », explique Eduardo Tadem, un universitaire de premier plan, professeur d’Etudes Asiatiques (UP). « Il dit :’ils veulent protester ? D’accord !’ Les gens peuvent manifester ou se soulever sans demander la permission aux autorités. »
Comme à l’époque d’Hugo Chavez au Vénézuéla, la presse, aux Philippines, presque toujours propriété de magnats réactionnaires et de collaborateurs pro-occidentaux, atteint aujourd’hui un niveau incroyable de calomnies et d’insultes envers le président, inventant des histoires et colportant de simples rumeurs, ce qui serait inimaginable dans un pays comme le Royaume uni, avec ses lois contre la diffamation.
Ce n’est donc pas la peur qui assure l’immense soutien populaire à Duterte dans son pays. Ce n’est absolument pas la peur !
J’ai visité certains des pires bidonvilles de la nation ; j’ai enquêté dans les cimetières les plus lugubres, récemment harassés par le crime et la drogue, où les gens, ayant vécu littéralement dans la pourriture, implorent aide et pitié. J’ai aussi parlé aux principaux universitaires et historiens du pays, à d’anciens collègues de Duterte et à des émigrés qui travaillent dans les Emirats et ailleurs.
Plus le discours de haine était fort à l’étranger et dans les mass médias locaux, plus la nation soutenait son dirigeant.
Hommes et femmes, qui, un an auparavant, étaient fous de rage et totalement désespérés, tournaient désormais vers le futur un regard plein d’espoir. Soudain, tout semblait possible !
Dans mon premier compte-rendu, ce mois-ci, j’écrivais : « Il y a un air de changement dans ces ruelles étroites et misérables du bidonville de Basco, à Manille, la capitale des Philippines. Pour la première fois depuis de longues années, une belle et noble dame est venue en visite ; contre toute attente, elle a décidé de rester. Son nom est Espérance. »
Je maintiens ce que j’ai dit, maintenant plus que jamais.
Mais il me semble aussi que je doive expliquer, dans le détail, ce qui se passe aux Philippines et pourquoi.
L’appel que je lance à tous ces gens partout sur la planète qui ne connaissent rien ou presque de cette région du monde en général et des Philippines en particulier, c’est : « ne jugez pas en vous basant seulement sur ce que vous lisez dans votre propre langue, surtout en anglais et venant de sources qui se sont discréditées si souvent et si totalement. Venez voir vous-même, venez regarder et écouter. Comme au Vénézuéla il y a quelques années, ce qui se passe aux Philippines est quelque chose de complètement nouveau dans un ‘territoire inconnu’. Quelque chose de différent et sans précédent se développe et prend forme. Ceci ne ressemble à aucune des révolutions qu’a connues l’Histoire. Ne rejoignez pas ceux qui la ridiculisent, ceux qui l’étouffent, ceux qui lui font du mal, avant d’être venus observer par vous-mêmes, avant d’être venus constater le regard enthousiaste de ces millions de gens qui ont été si longtemps accablés, sans défense et qui soudain se tiennent debout, faisant face à la vie avec espoir et fierté. »
Ne participez pas à la curie qui veut les priver de leur propre pays. Pour la première fois, après des siècles de colonialisme brutal, il est réellement à eux, ce pays. Je répète : pour la première fois. Maintenant !
Ne leur enlevez pas cet espoir : c’est tout ce qu’ils ont et c’est beaucoup plus que ce qu’ils ont jamais eu au cours des décennies et des siècles.
Fidel Castro disait : « la révolution n’est pas un lit de roses. »
La révolution est un dur labeur, souvent très pénible. Elle n’est jamais parfaite et ne pourra jamais l’être. Pour détruire un mauvais système profondément enraciné, il faut des nerfs solides et inévitablement le sang coule.
Duterte n’est pas aussi poétique que Fidel. C’est un Visaya, un homme brillant mais rugueux, candide et résolu. Il est souvent hyperbolique. Il aime choquer ceux qui l’écoutent, ses partisans comme ses ennemis.
Mais qui est-il, réellement ? Qui est cet homme qui menace de fermer toutes les bases militaires étazuniennes, d’établir une paix durable avec les insurgés communistes ou musulmans, d’orienter sa politique étrangère et son idéologie en direction de la Chine et la Russie et de sauver la vie de dizaines de millions de Philippins pauvres ?
Pour trouver la réponse, écoutons ceux qui comptent vraiment – le peuple des Philippines.
Faisons taire la cascade toxique d’insultes et d’informations triées par les grands médias occidentaux ; faisons les taire en adoptant le lexique outrageant mais honnête de Duterte : « Vous, les médias et votre propagande occidentale, n’êtes que des bêtes, allez vous faire foutre ! »
De Manille et Davao,
André Vltchek
A suivre…
Traduit de l’anglais par Chris pour Revoluciole
Source : Counterpunch
Les points de vue exprimés dans cet article sont strictement ceux de l’auteur et ils ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.