Palestinians displaced from shelters in Beit Hanoun cross the main Salaheddine road into Jabalia in the northern Gaza Strip following Israeli army evacuation orders on November 12, 2024, amid the ongoing war in the Palestinian territory between Israel and Hamas. (Photo by Omar AL-QATTAA / AFP)AFP

Peut-être qu’Israël commet un génocide après tout ?

Les gens ont tendance à croire que pour commettre un génocide, il faut assassiner une nation entière. Eh bien, non. Pas besoin d’aller si loin. Vous pouvez obtenir le titre plus facilement.

Raphaël Lemkin, qui a inventé le terme « génocide », a travaillé sans relâche pour qu’il soit reconnu comme un crime en vertu du droit international et qu’il bénéficie d’un statut spécial. C’est en grande partie grâce à ses efforts qu’une convention internationale a été élaborée pour lutter contre le génocide et punir ses auteurs ainsi que leurs complices. Le traité comprend également une liste des actes qu’un État ou un peuple doit commettre pour être considéré comme auteur de génocide.

L’article 2 de la convention énumère cinq critères qui constituent la définition du génocide. Afin de déterminer si Israël commet ou non un génocide, il vaut la peine d’examiner ces cinq critères et de voir combien d’entre eux Israël remplit dans la bande de Gaza. Les voici, mot pour mot.

Article 2a : « Tuer des membres du groupe. » Aucun problème. Nous répondons facilement aux critères de cette section. Bien que la convention ne précise pas le nombre requis de morts, 43 000 sont certainement suffisants. Vous pouvez cocher celui-ci.

Article 2b : « Causer des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale des membres du groupe. » Qui nierait que nous avons également satisfait aux exigences de cette section ? Nous avons bombardé jour et nuit ; des centaines de membres ont été amputés ; nous avons ruiné la vie de dizaines de milliers d’enfants et de leurs parents ; nous les avons détruits avec des blessures corporelles et mentales. Cochez définitivement cette case.

Article 2c : « Infliger délibérément au groupe des conditions d’existence propres à entraîner sa destruction physique en tout ou en partie. » La faim et la soif, les retards dans l’aide humanitaire, les tortures et les déportations incessantes d’un endroit à l’autre, la destruction systématique de zones résidentielles, de lieux de prière, d’écoles, les milliers de personnes ensevelies sous les décombres, l’emploi d’entrepreneurs en démolition pour raser la ville de Rafah… La liste est non-exhaustive. C’est plus que suffisant pour répondre aux exigences de cette troisième section. Nous pouvons amplement la cocher.

Article 2d : « Imposer des mesures destinées à prévenir les naissances au sein du groupe. » La destruction de presque tous les hôpitaux de Gaza, y compris les salles d’accouchement, les salles d’urgence, les services de néonatologie et de maternité, le blocage d’envoi de matériel médical, la mort de personnel médical… Y a-t-il le moindre doute qu’Israël verrait d’un bon œil l’effondrement du taux de natalité palestinien à Gaza ? Grande distinction pour cocher ce critère.

Article 2e : « Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. » Enfin, quelque chose qu’Israël n’a pas fait. C’est dommage. Peut-être que sortir certains enfants de l’enfer que nous avons créé pour eux leur aurait sauvé la vie. Mais rien à cocher ici.

Sur les cinq critères du génocide, nous en avons rempli quatre de manière exemplaire. C’est un bon score. Surtout lorsque l’exécution d’un seul, peu importe lequel, suffit à être considéré comme coupable. Bravo.

Attention : feindre l’innocence ne sera pas recevable comme défense. Personne ne croira que nous avons fait tout cela de bonne foi, ou uniquement pour des raisons de légitime défense. De plus, les démonstrations publiques de misère et de pleurs ne seront d’aucune utilité cette fois-ci. Et surtout, il ne vaut pas la peine de compter comme nous le faisons sur l’Holocauste pour nous défendre. Cela pourrait entraîner des comparaisons.

Soit dit en passant, le traité pointe également ceux qui incitent au génocide et ceux qui conspirent pour le commettre. Il stipule qu’ils seront punis. En d’autres termes, tous les ministres et membres de la coalition peuvent être poursuivis. Selon moi, il suffirait d’émettre des mandats d’arrêt internationaux contre tout le monde. Risquant d’être arrêtés, ils ne pourraient plus se déplacer à l’étranger aux frais de l’État. Ce serait un châtiment plus amer que la mort. Comme c’est gentil !


Source originale: Haaretz
Traduit de l’anglais par Investig’Action

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