Alors que la plupart de la classe bien-pensante planétaire constituée de philosophes, d’analystes politiques et de journalistes, n’arrête pas de nous dire que nous n’assistons pas au retour du fascisme mais à une nouvelle forme jamais vue de populisme, l’exemple brésilien démontre que la brutalité et les persécutions d’autres temps sont déjà là, au présent ! Pour qu’on puisse appliquer la définition de fascisme à 100%, il manque « juste » en effet, que le PSL de Bolsonaro devienne le parti unique, mais pour cela il lui faut un peu de temps, moins qu’à Donald Trump en tout cas, pour démanteler complètement les institutions.
Les louanges du député Bolsonaro à la torture lors du coup de 2016
En tant que député fédéral, Jair Messias Bolsonaro a voté pour la destitution de la présidente de la République élue, Dilma Rousseff et a déclaré lors de son vote à la Chambre des députés en avril 2016 : « À la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, la frayeur de Dilma Rousseff » [1]. Ustra a été celui qui a torturé Dilma en prison (1970-1972), quand elle militait contre la dictature militaire !
Dilma Rousseff, prisonnière politique torturée et présidente de la République destituée. Site « Memórias da ditadura ».
La première femme élue démocratiquement à la présidence du plus grand pays d’Amérique Latine a été évincée du pouvoir sans n’avoir commis aucun délit ! Bolsonaro a aussi déclaré cette année-là que : « L’erreur de la dictature (1964-1985) a été de torturer sans tuer ».
La triste illustration des politiques ultra-libérales
Après le coup de 2016, suivirent deux ans d’une politique ultra-libérale, conduite par l’usurpateur Michel Temer, qui a vendu une bonne partie des actifs étatiques aux groupes transnationaux en seulement 2 ans et qui a gelé par décret les investissements publics pendant 20 ans. Le climax symbolique de cette politique a été l’incendie du Musée National de Rio de Janeiro, le 2 septembre. Des inspections faites au musée auparavant, avaient déjà pointé des lacunes graves, en ce qui concernait la sécurité anti-incendie.
L’incendie du Musée National de Rio de Janeiro, le 2 septembre 2018. Photo : Tânia Rêgo, Agência Brasil.
« À part » une baisse des fonds attribués au musée par l’État Fédéral de Rio de Janeiro, gouverné par le même parti de Temer, le MDB de centre-droit ; rien n’a été fait pour résoudre ces failles ! La presque totalité du patrimoine muséologique a été ainsi détruit – 20 millions d’items collectionnés pendant 200 ans, dont une collection inestimable de 1 800 artefacts indigènes de l’ère précolombienne et les Archives Historiques. Apparemment ont résisté aux flammes : le squelette fossilisé d’un grand dinosaure herbivore de la période Crétacé – 80 millions d’années – le Maxakalisaurus topai, découvert dans la commune de Prata – Minas Gerais – en 1998 et le fossile humain le plus ancien d’Amérique du Sud – nommée Luzia – avec 12 mille ans environ, découvert dans la région métropolitaine de Belo Horizonte – Minas Gerais – en 1975, par une équipe scientifique franco-brésilienne, dirigée par l’archéologue et résistante française, Annette Laming-Emperaire.
L’assassinat du Progrès
Pendant que les bourreaux de Lula da Silva glissaient dans les médias la possibilité de son arrestation et mort politique conséquente, nous apprenons stupéfaits l’assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale de la ville de Rio de Janeiro du Partie Socialisme et Liberté – PSOL –, en mars 2018. L’exécution de Marielle Franco a démontré que les forces réactionnaires ne laissent aucune chance aux figures charismatiques issues des mouvements démocratiques, populaires et progressistes !
Marielle Franco (1979-2018), assassinée le 14 mars 2018. Photo : Mídia Ninja.
Marielle Franco, dont la popularité grandissait de jour en jour, défendait vigoureusement un changement profond de la société brésilienne, qui ait comme base le militantisme des franges exclues et majoritaires du peuple Brésilien. Elle était un des plus grands porte-drapeaux des débats sur le genre sexuel, la négritude, l’exclusion, la pauvreté et elle appuyait avec force l’action militante des gens des favelas, dont elle faisait partie. Elle aurait fait une excellente présidente d’un Brésil moderne et un modèle d’inspiration progressiste pour toute la planète !
L’espoir de Lula mis derrière les barreaux
Le coup de grâce contre la fragile démocratie brésilienne a été l’emprisonnement de Lula en avril 2018, sans preuve de quoi que ce soit contre lui, alors qu’il été donné en tête dans tous les sondages pour emporter au premier tour l’élection présidentielle, qui a eu lieu le mois d’octobre dernier. Il s’est confié cette semaine à quelques-uns de ses proches en leur disant que : « Je ne suis pas un prisonnier mais un otage » [2]. En effet, à chaque fois qu’une personnalité parle aux médias au sujet de la libération de Lula, l’armée brésilienne se prononce viscéralement contre, à haute-voix et laisse planer l’ombre d’un vrai coup d’État militaire, si jamais la Justice et la Cour suprême décidaient de sa libération.
Lula est le Peuple et le Peuple est Lula. Meeting à Belo Horizonte, Minas Gerais en octobre 2017. Photo : Ricardo Stuckert.
N’oublions pas qu’au mois d’août, le Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU – HCDH – a demandé aux autorités brésiliennes de concéder le droit au citoyen Luiz Inácio Lula da Silva de se présenter à l’élection, même en prison. L’ONU fait ainsi savoir que le Brésil dérape dans le côté obscur et qu’une élite ne doit pas se servir de l’État et de la Justice pour éliminer et disqualifier un opposant politique.
Finalement l’opération « Lava Jato – Lavage à coup de Jet» a servi juste à accuser Lula et à essayer de détruire le Parti des Travailleurs – PT
Le juge Sérgio Moro a condamné Lula avec l’aide précieuse des médias et le matraquage informatif quotidien de dénigrement, qui a orienté l’opinion publique contre Lula et le PT. À part des accusations basées sur la délation – des délateurs qui garantissaient ainsi leur liberté et la conservation de leur patrimoine ! –, aucune preuve n’a été ajoutée dans le procès d’accusation. Par contre l’opération « Lava Jato » a servi à glorifier un juge de première instance et à le catapulter ministre de la Justice du principal bénéficiaire de la prison de Lula – Jair Messias Bolsonaro – le nom complet du futur président brésilien. Traduction de Messias = Messie !
Dans l’actuel scandale appelé « Bolsogate » – en portugais « bolso »= poche – on découvre que le fils Bolsonaro, Flávio – député fédéral depuis 2003 et élu sénateur en 2018 – utilisait son chauffeur Fabrício Queiroz dans des mouvements d’argent atypiques qui atteignaient des valeurs estimées à 270 mille euros, probablement en tant qu’homme de paille [3]. La fille du chauffeur, Nathália Queiroz – coach de personnalités publiques brésiliennes – avait déjà été suspectée d’avoir reçu de l’argent public en tant qu’assistante parlementaire de Jair Bolsonaro, sans avoir jamais travaillé pour le député. « Encore une affaire Fillon, genre tropical cette fois-ci » [4]. Aucun de ces cas n’a éveillé l’intérêt de l’équipe « Lava Jato » ! « L’affaire Bolsonaro » devient aujourd’hui publique grâce à une fuite du Coaf – Conseil de control d’activités financières du ministère des Finances, qui n’est clairement pas encore contrôlé par le juge Moro.
Le juge Sérgio Moro et le président élu Jair Bolsonaro, le 10 décembre 2018, TSE – Tribunal supérieure électoral. Photo : Roberto Jayme, Ascom.
L’opinion du chroniqueur brésilien Jeferson Miola, résume bien le pourquoi de l’impunité de Bolsonaro : « Malgré des forts indices de péculat, blanchiment d’argent, association criminelle et augmentation illicite de patrimoine, Bolsonaro n’as pas été et ne sera pas la cible d’aucune investigation, car il est le vecteur du projet barbare que la bourgeoisie veut imposer au Brésil, sur une base d’arbitre, contre la Constitution » [5].
Une révolte conservatrice instiguée du bas vers le haut
Selon le philosophe brésilien Marcos Nobre, Professeur à l’Université de Campinas – São Paulo [6], Bolsonaro se croit lui-même le leader d’une révolte conservatrice et son but n’est pas de s’adapter aux institutions, mais de corroder le système de l’intérieur. Sa stratégie est et sera d’associer ses valeurs d’extrême droite à l’éthique et la décence et d’assimiler tout le reste – le système politique – avec « la gauche », cela veut dire, avec tout ce qui est corruption et corrupteur.
À l’apogée du procès « d’impeachment » de Dilma Rousseff, en juillet 2016, un sondage « Datafolha » donnait 7% d’intentions de vote pour Bolsonaro. Sa base électorale se constituait de 13% d’individus avec une formation universitaire, 19% qui gagnaient 5 à 10 salaires minimums – salaire minimum brésilien = 226 euros brut, le 1er janvier 2019 – et de 16% au-dessus de 10 salaires minimums [7].
Une partie importante de ceux qui appartenaient aux strates de revenus et de scolarité supérieures a commencé le démantèlement de la coupole du système politique. C’était une révolte des militaires de rang inférieur contre les haut-gradés, du « petit-député» du Congrès national contre les figures parlementaires influentes, des petits commerçants, producteurs ruraux et industriels contre leurs entités représentatives et les « grands groupes nationaux », des bases de première instance de la Justice contre les instances supérieures. La révolte a commencé par menacer les leaders qui prétendaient parler au nom de leurs sujets, au moment de négocier leurs voix et soutiens avec les figures de proue de la hiérarchie politique [8].
Le Congrès national à Brasilia, la coupole du système politique brésilien. Photo : Fábio Rodrigues Pozzebom, Agência Brasil.
La destitution de Dilma Rousseff en 2016 a marqué le moment où ce démantèlement depuis le bas est arrivé en haut du système. Les scandales provoqués par l’équipe « Lava Jato », surtout contre le Parti des Travailleurs dans les affaires du groupe pétrolier national « Petrobrás », ont aidé à ce démantèlement [9]. En juin 2017, le procureur Rodrigo Janot dénonce le président Michel Temer pour corruption passive dans les affaires « Odebrecht – le géant du BTP » et « JBS – le géant de l’agro-alimentaire » mais jusqu’à présent, aucune action judiciaire n’a été entreprise. D’ailleurs, il se prépare à partir en exil au Portugal, si jamais Moro voulait démontrer qu’il peut agir contre des figures importantes d’autres partis que le PT.
Bolsonaro : Le fruit d’une forme de brutalité de l’Histoire, d’une effraction
Ce n’est pas par hasard que le sondage « Datafolha » du mois de juin 2017 a enregistré un saut vers 16% d’intention de vote pour Bolsonaro. Son expansion a suivi la même norme de sa base électorale initiale : 21% de ses électeurs potentiels avaient une formation supérieure et il été donné en tête dans les tranches de revenu de 5 à 10 salaires minimums avec 25% et au-dessus de 10 salaires minimums avec 20%. Il a maintenu un profil d’électeur majoritairement masculin et d’implantation évangélique. La nouveauté est venue de la couche de revenus entre 2 à 5 salaires minimums avec 20% et parmi l’électorat le plus jeune, avec une progression significative [10].
En août 2018, au début de la campagne électorale, l’élimination de Lula de la course a mis Bolsonaro dans le palier des 20% d’intentions de vote. Plus que ça, ces chiffres montraient un enracinement au tour de sa base électorale, les 16% qui avaient déjà adhéré à ses idées un an auparavant. C’est à ce groupe de soutien que Bolsonaro réponds à présent. Le président élu doit maintenant des comptes surtout à ceux qui ont cru à sa candidature [11]. Le choix des futurs ministres de la Justice, Sérgio Moro et le « Chicago Boy », Paulo Guedes à l’Économie vont faire le bonheur de sa base électorale, mais surtout celui des intérêts impérialistes régionaux des USA.
Le conseiller à la sécurité national des États-Unis John Bolton et Jair Bolsonaro, Rio de Janeiro, novembre 2018. Photo : Consulat des USA à Rio.
Le coup…de couteau
Mais le fait qui a vraiment fait décoller sa campagne, selon les sondages et une bonne partie des analystes, c’est le coup de couteau qu’il a reçu au ventre, alors qu’il se faisait porter sur les épaules par ses soutiens au milieu de la foule, en pleine campagne électorale à Juiz de Fora – Minas Gerais – le 6 septembre 2018. C’est en devenant victime d’un attentat, que M. Bolsonaro a décollé définitivement dans les intentions de vote – de 24 à 30% selon les instituts de sondage, 4 jours après l’agression.
Bolsonaro lave son linge dans une caserne militaire, le 25 décembre 2018. Twitter.
Le fait de ne pas avoir débattu avec son opposant du PT, Fernando Haddad, au deuxième tour, a aussi contribué à son succès, car il aurait montré toutes ses lacunes en termes de connaissances des dossiers de l’État et son ignorance en matière d’économie, qu’il avait déjà brièvement effleuré de forme désastreuse pour ceux que s’y connaissent en politique économique, dans un débat du premier tour avec tous les candidats, mais ça c’était avant le coup… de couteau.
Le président fasciste n’est pas encore investi mais la terreur règne déjà
Des groupes d’actions homophobes font savoir aux populations et aux médias que « si tu es homosexuel, soit tu reviens dans ton placard pour te cacher, soit tu quittes le pays ». Ce discours est en train de motiver encore plus, le lynchage de personnes appartenant à la communauté LGBT [12, 13]. Le même procédé diffamatoire et de lynchage est aussi appliqué aux membres/sympathisants des partis de gauche [14], des syndicats, des mouvements des sans terre et des sans toit. Bolsonaro affirme que tous ces « gauchistes » doivent être interdits de manifester et veut même les criminaliser, une fois investi président de la République, le 1er janvier 2019. Le même sort sera réservé aux journalistes qui publieront des articles défavorables à sa politique ; d’ailleurs on commence à voir l’agitation des journalistes « mainstream » qui n’arrivent plus à se positionner. Ceux qui osent écrire la vérité sur le nouveau président, subissent d’immédiates menaces en provenance des soutiens d’extrême droite et de Bolsonaro lui-même [15].
Manifestation féministe du mouvement « #Ele Não – Pas lui » contre Bolsonaro, Brasilia, septembre 2018. Photo : Lula Marques.
Comme les élites bourgeoises vivent dans la peur d’un Lula libre et moteur d’un vrai changement politique, elles cultivent la barbarie et la haine contre les pauvres, les mouvements sociaux, les partis de gauche et les syndicats. Pour atteindre leur but, elles utilisent une partie des médias qui sont à leur botte et soutiennent des groupes d’action sur les réseaux sociaux. J’ai peur pour Lula dans sa cellule…
Ça y est, il n’y a pas de doutes, c’est du fascisme et ça sera du fascisme
Le caporal de la Police Militaire, João Maria Figueiredo, a été assassiné et exécuté avec 7 balles dans la tête, ce vendredi, 21 décembre. Il était membre du Parti des Travailleurs, membre actif du groupe « Policiers et antifascisme » qui défend la démocratie et les Droits de l’Homme à l’intérieur des structures policières brésiliennes. Il était souvent invité à donner des conférences sur les Droits de l’Homme et prônait la dépénalisation des drogues comme alternative crédible pour la réduction des violences urbaines. Le caporal avait aussi émis des avis techniques sur la violence, qui selon lui été liée à la criminalisation des pauvres, des noirs et des habitants de banlieues [16]. Il a été garde du corps volontaire pendant la dernière campagne électorale de Fátima Bezerra – gouverneure (PT) élue de l’État de Rio Grande do Norte, ex-pédagogue et ex-présidente du Syndicat des Travailleurs de l’Éducation.
Pour la première fois depuis la chute de la dictature en 1985 et de la nouvelle Constitution de 1988, qu’aucun ministre ne viendra des régions Nord-Est et Nord – là où Bolsonaro a eu les plus mauvais scores électoraux [17]. Dans un processus équivalent à la discrimination des gens du Sud de l’Italie par la « Lega Nord – League du Nord » de Matteo Salvini, l’extrême droite brésilienne essaie de stigmatiser les gens du Nord-Est, la région d’origine de Lula, en les accusant d’être pauvres et paresseux.
Jair Bolsonaro. Photo : Rogério Melo, PR.
Alors que la plupart de la classe bien-pensante planétaire constituée de philosophes, d’analystes politiques et de journalistes, n’arrête pas de nous dire que nous n’assistons pas au retour du fascisme mais à une nouvelle forme jamais vue de populisme, l’exemple brésilien démontre que la brutalité et les persécutions d’autres temps sont déjà là, au présent ! Pour qu’on puisse appliquer la définition de fascisme à 100%, il manque « juste » en effet, que le PSL de Bolsonaro devienne le parti unique, mais pour cela il lui faut un peu de temps, moins qu’à Donald Trump en tout cas, pour démanteler complètement les institutions.
Les deux discours de Bolsonaro, le jour de son investiture
Il ouvre son discours au Congrès national par un remerciement : « Je veux avant tout remercier Dieu, qui par la main du personnel hospitalier, m’a sauvé la vie en effectuant un miracle ».
Il affirme vouloir « combattre le socialisme, l’idéologie de genre et favoriser la famille ».
Il finalise son discours – le plus court de la jeune démocratie brésilienne au Congrès, le jour d’une investiture présidentielle – par : « Brésil avant tout, Dieu avant tous ».
Son deuxième discours du jour, devant le Palais présidentiel du Planalto est ponctué par : « Nous allons libérer le Brésil du Socialisme et du politiquement correct » et il se termine avec l’exhibition d’un drapeau brésilien, tenu par son vice-président de la République, le général Mourão et par Bolsonaro lui-même qui déclare en extase : « Ce drapeau ne sera jamais rouge ».
Sur son compte Twitter, Trump a écrit : « Félicitations au président Jair Bolsonaro, qui vient juste de faire un grand discours d’investiture – les USA sont avec vous ». Et Bolsonaro retwitte : « Cher M. le président Trump, merci pour vos mots d’encouragement. Ensemble, sous la protection de Dieu, nous amènerons à nos peuples plus de prospérité et de progrès».
Paulo Correia est musicien, ex-géologue pétrolier et collaborateur de la rédaction au Journal Notre Amérique – Investig’Action. Il co-anime avec ses chroniques d’opinion le blog « Ideia perigosa – Idée dangereuse » .
Notes:
[1] – https://www.youtube.com/watch?v=54KUDU-u1P0
[2] – https://www.brasil247.com/pt/247/sul/378177/Lula-desabafa-n%C3%A3o-estou-preso-sou-ref%C3%A9m.htm
[4] – https://www.pragmatismopolitico.com.br/2018/12/assessora-bolsonaro-nathalia-queiroz.html
[6, 7, 8, 9, 10, 11] – https://piaui.folha.uol.com.br/materia/a-revolta-conservadora/
[13] – https://www.bbc.com/portuguese/brasil-43648715
[14] – https://www.bbc.com/portuguese/brasil-45806355
[17] – https://www.brasil247.com/pt/247/brasilia/378252/Bolsonaro-exclui-da-equipe-Norte-e-Nordeste-onde-teve-menos-votos.html
Source : Le Journal Notre Amérique