Demonstrators gather in front of the White House during a rally in support of Palestinians in Washington, DC, on November 4, 2023. - Thousands of people, both Israeli and Palestinians, have died since October 7, 2023, after Palestinian Hamas militants based in the Gaza Strip, entered southern Israel in a surprise attack leading Israel to declare war on Hamas in Gaza the following day. (Photo by OLIVIER DOULIERY / AFP)

Mobilisation syndicale contre le génocide des Palestiniens

Sans précédent dans l'histoire syndicale américaine, le NLNC appelle à un « cessez-le feu permanent » au Moyen-Orient. Le large réseau syndical US s'oppose à la politique co-génocidaire de Joe Biden, tandis que ce dernier a ressorti - pour la troisième fois - le veto US aux Nations Unies afin de bloquer une « résolution de cessez-le-feu » en Palestine... 

A l’origine de la récente création du Réseau National du Travail pour le Cessez-le-feu (NLNC), on retrouve sept syndicats nationaux américains et plus de deux cents syndicats locaux.

L’objectif affiché de ce regroupement est de « mettre fin à la mort et à la dévastation » au Moyen-Orient. Mais également d’élargir le soutien au cessez-le-feu aux autres syndicats US à travers le pays. Les 7 syndicats nationaux formant l’ossature du NLNC sont :

  • American Post Workers Union (APWU) / [Syndicat des postiers américains]
  • Association of Flight Attendants (AFA-CWA) / [Association du personnel aérien naviguant]
  • International Union of Painters and Allied Trades (IUPAT) / [Syndicat International des Peintres et des Métiers Connexes ]
  • National Education Association / [Association Nationale de l’Education]
  • National Nurses United (NNU) / [Syndicat National des Infirmières]
  • United Auto Workers (UAW) / [Syndicat des Travailleurs de l’Automobile]
  • United Electrical Workers (UE) / [Syndicat des Travailleurs de l’Electricité]


Dans leur composition et leurs objectifs, ces syndicats assurent, au quotidien, la défense d’éducateurs, d’électriciens, d’artisans, de travailleurs des transports, de l’automobile, des personnels aérien naviguant, d’infirmières et de personnels soignant, de postiers, de fonctionnaires, etc.

Ensemble, ils représentent plus de 9 millions de syndiqués. Autrement dit, plus de la moitié du mouvement syndical des États-Unis. Jamais ne s’était vue une telle mobilisation syndicale aux États-Unis, sur un sujet de politique étrangère, depuis la fondation de la Fédération américaine du travail en 1886.

Visées génocidaires


Pour triste rappel, depuis l’attaque de la résistance palestinienne coordonnée par le Hamas en territoire colonisé israélien, le 7 octobre 2023, qui a fait 1163 tués et environ 250 otages, l’Etat colonial d’Israël a répliqué par des opérations militaires d’une violence sans précédent, toujours en cours, et aux visées génocidaires.

Bilan, en date du 20 février 2024 : plus de 29.000 Palestiniens tués, plus de 67.000 blessés et 1,7 million de déplacés dans et autour de la ville de Rafah. Cette ville du sud de Gaza est sporadiquement bombardée par l’aviation israélienne et toujours menacée d’une attaque terrestre dont plusieurs analystes s’accordent à dire que si celle-ci avait lieu, elle équivaudrait à « un carnage »…

C’est pourquoi les États-Unis, premier sponsor de l’État colonial et génocidaire, ont « tiré le frein » concernant l’assaut terrestre programmé de Rafah. Pour le moment, la première puissance militaire mondiale empêche son allié néofasciste israélien d’accélérer sa folie meurtrière en lâchant ses soldats tueurs de civils sur Rafah. Jusqu’à quand ? Et pendant ce temps-là, l’aide humanitaire pour Gaza reste largement bloquée par l’État israélien alourdissant le bilan mortel des blessés et malades, faute de vivres, de médicaments ou de soins appropriés…

En de-zoom de tout « cela », s’ajoute l’escalade guerrière régionale. En vrac : le blocus commercial de la mer rouge par les Houthis du Yémen « solidaires des Palestiniens » et les bombardements de ce pays par les avions anglo-américains ; les échanges de tirs et de missiles entre Israël et le Liban-sud, sous contrôle du Hezbollah ; les accrochages meurtriers entre les proxys d’Israël et ceux de l’Iran, en territoires irakien et syrien…

C’est dans ce contexte de poudrière belliciste et de drame humanitaire avancé qu’a été lancé, aux États-Unis, le Réseau National du Travail pour le Cessez-le-feu (NLNC).


« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés »


Sur son site, le NLNC appelle, depuis le 16 février, les syndicats US et leurs membres à signer une lettre de cessez-le-feu, que l’on peut résumer aux 5 mots d’ordre suivants :

  • Un cessez-le-feu immédiat à Gaza entre Israël et le Hamas.
  • Restauration des droits humains fondamentaux.
  • Libération immédiate des otages enlevés par le Hamas.
  • Accès total et sans entrave à l’aide humanitaire.
  • Le président du NLNC appelle à un cessez-le-feu permanent.


Si des syndicats ont publié leurs propres déclaration et d’autres ont uniquement signé la lettre du NLNC, certains ont également fait les deux. Pour autant, selon le NLNC, le point d’ancrage de toutes ces organisations est « un engagement passionné en faveur de la paix ».

« L’UAW a une longue tradition d’appel à la paix et à la justice pour les travailleurs du monde entier, et nous vivons cette tradition aujourd’hui. Dans cet esprit, nous appelons à la fin immédiate du financement et du soutien du gouvernement américain à cette attaque brutale contre Gaza.», a, notamment, déclaré Shawn Fain, président du Syndicat des Travailleurs de l’Automobile (UAW).

« Le soutien en faveur d’un cessez-le-feu est écrasant. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette souffrance. Nous ne pouvons pas bombarder notre chemin vers la paix. Nous exprimons notre solidarité avec tous les travailleurs et notre désir commun de paix en Palestine et en Israël », a écrit Carl Rosen, le président des Travailleurs de l’électricité (UE).

Pour sa part, l’Association de l’Éducation Nationale (NEA) a exprimé sa profonde inquiétude face au nombre vertigineux de meurtres d’innocents en un peu plus de 4 mois. En effet, depuis le 7 octobre, plus de 70 % des tués de Gaza par l’armée d’Israël sont des femmes et des enfants…

«En tant qu’éducateurs, nous croyons fermement en notre responsabilité professionnelle et morale d’enseigner et de modeler l’inclusion et le respect des différences, et nous devons dénoncer les injustices et la violence envers des personnes innocentes, en particulier les enfants. De nombreux éducateurs ressentent un lien profond avec les enfants d’Israël et de Palestine. Nous savons que nos enfants nous regardent, souffrent et ont besoin d’une paix durable», a souligné Rebecca Pringle, présidente de la NEA.

Enfin, la directrice du Syndicat National des Infirmières (NNU), Bonnie Castillo a déclaré que « les infirmières ne peuvent pas permettre à nos patients et à nos collègues de continuer à souffrir des traumatismes de la guerre. Nous nous engageons à protéger et à guérir tout le monde et il est de notre devoir de défendre le droit de chaque être humain à une vie sans violence. Nous appelons à un cessez-le-feu maintenant avant qu’une nouvelle vie ne soit perdue, avant qu’une autre famille ne soit blessée ou malade.»


Appels à débrayer de syndicats indiens et de Mélenchon


Avant la lettre du NLNC, le 14 février, le secrétaire général de la Fédération indienne des travailleurs du transport maritime, Narendra Rao, rendait publique leur décision syndicale « de refuser de charger ou de décharger des cargaisons d’armes en provenance d’Israël ou de tout autre pays susceptible de manipuler des équipements militaires et des cargaisons connexes en vue de la guerre en Palestine. »

Représentant plus de 3500 travailleurs dans les 11 principaux ports du pays et « opposés à la guerre et au meurtre d’innocents, comme les femmes et les enfants », le syndicat maritime indien justifie son appel : « Le chargement et le déchargement de ces armes permettent aux organisations de tuer des innocents. Par conséquent, nous, les travailleurs indiens des ports et des docks de plusieurs grands ports actifs dans le secteur de la manutention des cargaisons, appelons nos membres à ne plus manutentionner de navires transportant du matériel militaire à destination de la Palestine/Israël. »

Le lendemain, 15 février, à plus de 6500 km de New Delhi, le même appel sera prononcé, à Paris, par Jean-Luc Mélenchon (LFI) . Ou le seul leader français présidentiable faisant preuve d’une lucidité politique face au génocide des Palestiniens, cofinancé par la France de Macron : « J’adjure les travailleurs, dans les ports et sur les bateaux de ne pas transporter les armes qui partent au service de M. Netanyahu ! »


Notons qu’en novembre 2023, c’était 10 grands syndicats indiens qui s’opposaient à leur gouvernement alors en négociations sordides avec celui d’Israël. En cause : « l’exportation » de milliers de travailleurs indiens pour remplacer les travailleurs Palestiniens dont le « permis de travail » (le pass d’apartheid) avait été retiré par les Autorités coloniales au lendemain du 7 octobre. Suite à cette « fine décision », sanctionnant des dizaines de milliers de Palestiniens, le secteur du BTP israélien est tombé quasi à l’arrêt et nécessite toujours un besoin urgent de main d’œuvre…

Dans un communiqué, diffusé le 9 novembre 2023, la plateforme indienne des Centrales syndicales et des Fédérations indépendantes appelait ses membres comme tous les travailleurs du pays à rejeter toute « complicité avec la guerre génocidaire » :

« Rien n’est plus immoral et désastreux pour l’Inde que cette « exportation » de travailleurs vers Israël.
Le fait que l’Inde envisage même « d’exporter » des travailleurs indiens montre la manière dont elle les a déshumanisés et chosifiés. Une telle mesure équivaudra à une complicité de la part de l’Inde avec la guerre génocidaire qu’Israël mène actuellement contre les Palestiniens et aura, naturellement, des conséquences négatives pour les travailleurs indiens dans l’ensemble de la région. »

En conséquence, la plateforme avait appelé le mouvement syndical indien à « se solidariser avec les travailleurs palestiniens […] Décidons que nous ne travaillerons pas pour remplacer les travailleurs palestiniens en Israël ! L’Inde et les travailleurs indiens doivent boycotter les produits israéliens ! Les travailleurs indiens, comme leurs homologues dans certains pays occidentaux, doivent refuser de manipuler les cargaisons israéliennes ».

De l’Inde aux États-Unis en passant (trop timidement) par la France, une mobilisation syndicale prend de l’ampleur, mois après mois, contre la guerre et le génocide en cours. Cela ne sera pas suffisant, mais c’est déjà mieux que l’attentisme ou l’indifférence de la majorité des syndicats européens. Dans les communiqués desquels on n’a toujours pas lu la conclusion de la Fédération indienne des travailleurs du transport maritime :

« En tant que syndicats responsables, nous déclarons notre solidarité avec ceux qui font campagne pour la paix. Nous appelons les travailleurs du monde entier et les personnes éprises de paix à soutenir la revendication d’une Palestine libre. »

Olivier Mukuna


Source: Investig’Action

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