Nouveau membre des BRICS, deuxième plus grand pays d’Amérique du Sud, l’Argentine votait le week-end passé pour le deuxième tour des élections présidentielles. Un homme de centre-droit face à un autre d’extrême droite. Pourtant, en Belgique le journal Le Soir titrait « Argentine : le candidat ultralibéral Milei largement élu président ». Le titre est identique sur le site de la RTBF ! En effet, il s’agit de la même dépêche AFP sur les deux médias. Également en France, sur le site du journal dit « de référence » Le Monde.

Ou encore sur BFM TV.

On a la chance d’être informé dans le titre choisi par BFM TV que Milei est économiste, de quoi donner un gage de sérieux à celui que beaucoup désignent comme excentrique ?
Les médias généralistes aiment lisser l’image des politiques de droite ou d’extrême droite, les présentant souvent comme centristes pour les premiers, nationalistes ou simplement de droite pour les seconds quand ils sont pourtant bien porteurs d’une idéologie raciste et antisociale à l’extrême.
Anarcho-capitaliste, anti-système réellement, celui dont l’ascension a été grandement permis par le mandat catastrophique de Mauricio Macri ? Pas pour le FMI qui le félicitait lundi par la voix de sa directrice générale, Kristalina Georgieva, espérant « collaborer étroitement ».
En effet, ses annonces de vouloir supprimer onze ministères sur dix-neuf; notamment ceux du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, de l’Éducation, de la Santé, des Femmes, de la Culture ou encore de l’Environnement; ne seraient pas pour déplaire à l’institution de Washington.
Yanis Varoufakis, économiste reconnu contrairement à d’autres, souligne que Milei n’est pas anarcho-capitaliste comme beaucoup de médias aiment le décrire, participant ainsi à dépolitiser le personnage et le courant d’idées qu’il représente. L’ancien ministre grec précise que Milei est un nouveau Videla (général à la tête de la dernière dictature militaire en Argentine) dans des habits de libertarien.
Pour réellement comprendre l’idéologie de l’homme à la tronçonneuse, on pourra lire par exemple Romaric Godin. Il explique dans son article que les chiens de Milei “sont un peu plus que de simples animaux domestiques.” Cet ancien journaliste à La Tribune, l’un des rares à avoir suivi la dette grecque sans relayer les positions de la Troïka (FMI, Commission Européenne et BCE), permet d’y voir plus clair sur Milei qu’avec le vague ce qualificatif “anti-système” utilisé à tort et à travers. L’Argentin, qui a abondamment communiqué sur ses chiens pendant sa campagne, a donné à chacun de ses animaux un nom en référence à ses économistes préférés: Robert, Lucas, Milton et Murray. L’occasion pour Romaric Godin de nuancer l’idéologie de Milei: plutôt proche “de la pensée « minarchiste »”.
Source : Investig’Action
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