Quelques heures avant la mort de Kadhafi, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s’est exprimé sur la chaîne I-Télé. Visiblement au courant de ce qui allait se passer dans la journée, il a affirmé bien avant la mort du guide libyen : « Aujourd’hui on peut considérer que la guerre se termine ». Ensuite, comme à son habitude, il a tenu un discours plein de belles promesses pour les grands patrons. Le tout truffé de désinformation…
Une mort commanditée par l'OTAN
« Aujourd’hui on peut considérer que la guerre se termine », a déclaré le ministre dans la matinée du 20 octobre (1). Cette révélation, faite plusieurs heures avant la mort de Kadhafi, suscite des interrogations. De toute évidence, une opération de grande ampleur était prévue par l'OTAN. Après 7 mois de conflit, l'organisation cherchait à en finir avec sa « guerre éclair », du moins symboliquement… Car l'opposition à laquelle elle fait face sur le terrain rend une vraie victoire impossible. Faute de mieux, la disparition du guide en donnera l'apparence… Cette mort présente d'autres avantages : elle divisera la population, facilitant ainsi le contrôle du pays par l'Occident, et épargnera aux membres de la coalition un embarrassant procès, au cours duquel ils auraient eu à répondre de leurs actes.
En somme, tout laisse penser que la mort de Kadhafi a été préméditée par l'OTAN, les rebelles ayant achevé le travail. La phrase de Longuet n'était donc pas fortuite : elle annonçait un assassinat politique, bafouage suprême de la résolution 1973 de l'ONU, censée donner une base légale à la guerre.
Ce qui se cache derrière la mort de Kadhafi
Dans un premier temps, Longuet a affirmé : « Nous n'envoyons pas de facture aux gens qui appellent en SOS secours, liberté, indépendance, sécurité ». Le ministre, jouant les humanitaires désintéressés, indiquait ainsi qu'il ne demanderait pas aux Libyens de rembourser les frais de l'intervention française, comme cela se fait parfois. Il a ensuite ajouté : « En revanche, la coopération française avec la Libye est extrêmement prometteuse, car la Libye est un pays riche, peu peuplé. Pierre Lellouche est allé sur place, les contacts existent et l'économie française sera gagnante. » Traduction : nous ne demandons pas à être remboursés, mais nous attendons du nouveau gouvernement de juteux contrats.
Le problème, c'est que les 300 millions qu'a coûtés la guerre à la France ont été déboursés par le contribuable, tandis que les futurs contrats seront offerts à quelques grosses entreprises privées. En d'autres termes, l'Etat français fait payer à la collectivité les frais de la guerre pour permettre à une poignée de millionnaires de se remplir les poches.
Longuet, toutefois, a tenté de relativiser : « L’intervention coûtera environ 300 millions d’euros. Sur un budget de 31,7 milliards, ça représente 1% ». Sauf que ce calcul est trompeur. En effet, Longuet a lui-même avoué précédemment que le coût de la guerre en Libye ne serait pas pris sur le budget de la Défense mais « mutualisé dans le budget global » de l'Etat (2). Cela signifie que les 300 millions d'euros engagés par la France, pris ailleurs, devront être ajoutés au budget de la Défense, qui est de fait sous-évalué.
L'avenir nous dira si, en annonçant la fin prochaine de la guerre, Longuet a pour une fois dit la vérité. Mais l'exemple de l'Afghanistan, où la France apportent depuis 10 ans « liberté, indépendance et sécurité », ne laisse rien présager de bon… En tout cas, on peut fortement douter que, après avoir ravagé toute l'économie du pays, tué des milliers de gens et instauré un régime de terreur barbare et rétrograde, les Français soient, comme l'assure le ministre, « bien appréciés aujourd'hui en Libye ».
Notes