Toujours en pleine offensive dans la bande de Gaza, Israël menace à présent d’attaquer le Liban. Mais comme l’analyse Yves Smith, le déclenchement d’un tel conflit menacerait l’existence même de l’État colonial. (I’A)
De plus en plus, Israël devient un cas d’étude de pathologie nationale. Il continue de tuer sauvagement et sans relâche les habitants de Gaza. Mais aussi d’anéantir leurs structures sociales, visiblement au cas où le génocide en cours n’aboutirait pas. Malgré son isolement mondial presque complet, Israël reste inflexible, manifestement certain que les États-Unis viendront toujours à son secours, alors qu’on est peut-être arrivé à un point où les États-Unis ne pourront plus renflouer Israël.
Gonflé par son orgueil démesuré, Israël semble déterminé à entrer en guerre contre le Liban. Pourtant, de nombreux experts estiment qu’Israël perdra ce conflit à un point tel que l’existence de l’État israélien se trouverait en péril. Après que l’armée israélienne a annoncé l’approbation des plans de guerre pour une opération au Liban, Charles Brown, le chef de l’état-major interarmées US, a déclaré aussitôt que les États-Unis pourraient ne pas être en mesure de défendre Israël dans un conflit avec le Hezbollah.
Une autre alerte a été donnée par le directeur de la société qui gère le réseau électrique israélien. Extrait d’un article du Cradle de la fin de la semaine dernière :
Le réseau électrique israélien est vulnérable à une attaque du Hezbollah qui pourrait rendre le pays « inhabitable » 72 heures plus tard, a rapporté Haaretz le 21 juin.
Selon le PDG d’une société qui gère et supervise les systèmes électriques israéliens pour le compte du gouvernement, Israël n’est absolument pas préparé à une guerre avec le Hezbollah qui viserait probablement l’infrastructure électrique du pays.
« Nous ne sommes pas prêts pour une vraie guerre. À mes yeux, nous vivons dans un monde imaginaire », a déclaré Shaul Goldstein, directeur de Noga, l’opérateur indépendant du réseau électrique israélien.
Mais Israël préfère « tirer sur le messager ». Noga discute à présent de l’éviction de Goldstein, alors même qu’un ancien fonctionnaire du ministère israélien de l’Énergie soutenait les inquiétudes du directeur de l’entreprise.
Les pressions exercées par le lobby israélien ne pourront jamais surmonter le fait que les États-Unis sont surendettés. Ils ne peuvent pas faire grand-chose d’autre que de soutenir un peu plus les offensives aériennes et un peu moins les défenses aériennes d’Israël. Les principaux adversaires de l’État colonial sont quant à eux bien retranchés. Ils sont même devenus des experts pour affaiblir la puissance de feu des États-Unis et d’Israël à peu de frais.
Comme les lecteurs s’en souviendront peut-être, la cause immédiate de l’action d’Israël est que le Hezbollah a commencé à bombarder le nord d’Israël après le 7 octobre. Le Hezbollah a déclaré qu’il mettrait fin à ses attaques lorsqu’Israël conclurait un cessez-le-feu durable à Gaza, ce qui n’est toujours pas le cas. La campagne du Hezbollah a réussi à chasser au moins 60 000 colons de la zone frontalière, voire 200 000 selon certaines estimations. Israël considère cette situation comme intolérable. Elle est en tout cas coûteuse, puisque toute activité économique dans cette zone est réduite à néant et que les habitants sont logés aux frais du gouvernement. Israël et l’émissaire étasunien, qui est également un citoyen israélien, Amos Hochstein, ont tenté de faire croire que leur proposition était raisonnable : elle prévoyait que le Liban retire ses forces jusqu’au fleuve Litani, ce qui équivaudrait à céder une partie du Liban à Israël. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a répondu publiquement que le Liban ne céderait aucune partie de son territoire à Israël.
Il est vrai que ni le Hezbollah ni le Liban ne souhaitent une guerre. Même si le Liban a remporté celle lancée par Israël en 2006, les coûts économiques et humains ont été élevés. De plus, l’économie libanaise était déjà en crise lorsqu’un énorme navire d’engrais a explosé à Beyrouth en 2020. C’était l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’Histoire. Elle a laissé 300.000 personnes sans abri et a détruit d’importantes réserves de céréales. Un ami issu d’une famille très riche m’a rapporté l’effondrement de la monnaie et la difficulté d’importer de nombreux types de fournitures. Ce qui a eu des répercussions massives sur les entreprises et les ménages. Le pays se trouvant toujours dans une situation très difficile, même les dommages subis lors d’un conflit mineur auraient des conséquences économiques disproportionnées.
Sur le plan militaire, il est généralement convenu que le Hezbollah ne fait pas le poids face à Tsahal. Scott Ritter, qui connaît bien Israël, a estimé que le Hezbollah avait tiré les leçons du conflit de 2006 et qu’il ne permettrait pas à Israël de porter la guerre au Liban, mais qu’il la pousserait plutôt sur le territoire israélien.
Alors, pourquoi Israël s’apprête-t-il à franchir ce cap fou ? S’agit-il simplement de cette croyance profondément ancrée en sa propre supériorité ? Un excellent article de Joseph Jordan donne un aperçu de la question. Il décrit à quel point le Hezbollah a battu Tsahal en 2006, un fait qui n’est pas présenté aussi clairement qu’il devrait l’être dans les médias occidentaux, et qui n’est apparemment pas bien intériorisé par les Israéliens non plus. Extrait de son article :
Le 14 juillet 2006, deux jours après le début de la campagne de bombardement israélienne contre le Liban, le Hezbollah annonçait une allocution télévisée spéciale de son secrétaire général Hassan Nasrallah.
Au cours de son discours, il a promis au peuple libanais une surprise cathartique. « Maintenant, au milieu de la mer, face à Beyrouth, le navire de guerre israélien qui a attaqué les infrastructures, les maisons des gens et les civils », a-t-il lancé, « regardez-le brûler ». Les téléspectateurs ont suivi ses instructions et ont regardé la mer Méditerranée avec incrédulité lorsque, juste après le signal de Nasrallah, le navire israélien stationné au large de leurs côtes a soudainement été englouti par une boule de feu orange vif. Les missiles antinavires du Hezbollah – Israël n’était pas sûr que le mouvement en disposait jusque-là – avaient réussi à frapper le navire de guerre israélien INS Hanit construit aux États-Unis. Plusieurs marins furent tués. Et bateau était mis hors service pour le reste de la guerre.
Ce n’est qu’une journée d’embarras parmi les 33 que les Israéliens ont enduré lors de leur dernière confrontation avec les nationalistes chiites du Sud-Liban.
S’attendant à une insurrection de type « hit-and-run », les soldats de l’armée israélienne, mal entraînés, ont été surpris de trouver des positions de combat fortifiées et une armée professionnelle capable de tenir le terrain et de les vaincre dans des batailles rangées. Le commandant des forces israéliennes, Dan Halutz, a ensuite été contraint de démissionner en tant que bouc émissaire de la piètre performance d’Israël dans le conflit. Il avait entièrement axé sa doctrine de combat sur les bombardements aériens de type « choc et effroi » propres à la guerre d’Irak. Sauf que dans son cas, cette campagne de bombardement tenait lieu et place d’un plan cohérent d’invasion terrestre qui aurait dû suivre. Cette stratégie était un échec dès le départ. Le Hezbollah s’était préparé à contrer la suprématie aérienne israélienne en organisant sa logistique autour d’un réseau de bunkers et de tunnels souterrains. Au final, seuls 7 % des ressources militaires du Hezbollah ont été endommagées par l’armée de l’air israélienne…
Avec le recul, les historiens de plateaux et les journalistes mainstream ont refusé d’accorder la victoire au Hezbollah et se sont contentés de qualifier l’issue de la guerre de 2006 comme une impasse. Mais ce point de vue n’est pas partagé par les experts qui ont eu leur mot à dire, comme Matt M. Matthews du US Army Combined Arms Center à Fort Leavenworth. Il a décrit la performance d’Israël dans la guerre comme un exemple classique de ce à quoi ressemble un échec militaire catastrophique. La commission Winograd, créée en 2007 par le gouvernement israélien, a critiqué tous les aspects de la campagne, des généraux aux soldats ordinaires, en passant par la doctrine fondamentale de l’armée israélienne, ce qui a incité Nasrallah à saluer la franchise des enquêteurs israéliens.
Il faut dire que le Hezbollah est devenu encore plus redoutable et mieux armé depuis lors, tandis que les performances désastreuses des forces israéliennes à Gaza – à l’exception de la destruction d’immeubles et de la mort de civils sans défense – indiquent au moins qu’elles sont plus faibles qu’en 2006.
Comme Alastair Crooke l’a souligné à maintes reprises, Israël n’a pas changé de doctrine. Il agit toujours comme s’il pouvait gagner une guerre courte, dominée par la puissance aérienne, alors qu’il a perdu de manière décisive en utilisant cette stratégie contre le Liban. Le Hamas, le Hezbollah et l’Iran sont tous préparés pour contrer cette stratégie, avec des tunnels profonds et de très grandes caches de missiles et de roquettes. Dans sa réponse à une frappe israélienne contre son consulat à Damas, l’Iran a démontré qu’il pouvait toucher les installations israéliennes les mieux défendues tout en faisant supporter un coût énorme à Israël qui a admis que la riposte lui avait coûté 1,35 milliard de dollars. Des experts ont même estimé qu’en comptabilisant correctement le soutien US, la dépense totale était plutôt d’environ 2,3 milliards de dollars.
Notons que rien n’indique une éventuelle implication directe de l’Iran dans un conflit au Liban. L’exemple ci-dessus illustre surtout qu’Israël n’a pas encore modifié de manière significative son approche de l’axe de la résistance, alors que cet axe a développé une stratégie visant à affaiblir la puissance israélienne. En revanche, les Houthis ne manqueront pas de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider le Hezbollah en cas de guerre chaude : ils s’amusent déjà à cibler des navires israéliens en mer Rouge, et même des porte-avions US.
Le Hezbollah a par ailleurs reçu des offres de renforts, mais il les a refusées jusqu’à présent. Extrait de l’Associated Press du week-end dernier :
Dans un discours mercredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que des dirigeants de milices en Iran, en Irak, en Syrie, au Yémen et dans d’autres pays avaient déjà proposé d’envoyer des dizaines de milliers de combattants pour aider le Hezbollah. Mais il a ajouté que le groupe disposait déjà de plus de 100 000 combattants.
« Nous leur avons dit merci, mais nous sommes dépassés par les effectifs dont nous disposons », a déclaré Nasrallah…..
Les responsables des groupes libanais et irakiens soutenus par l’Iran affirment que les combattants soutenus par l’Iran dans toute la région se joindront à eux si la guerre éclate à la frontière israélo-libanaise. Des milliers de ces combattants sont déjà déployés en Syrie et pourraient facilement se faufiler à travers la frontière poreuse et non démarquée.
Les médias occidentaux ont commencé à souligner que le fameux Dôme de fer n’est pas ce qu’il est censé être. Il y a deux jours, le Guardian a réduit à un tiers les 100.000 hommes que Nasrallah revendique. Mais le journal a tout de même rapporté l’inquiétude des alliés d’Israël quant aux missiles du Hezbollah. Les États-Unis estiment que le Dôme de fer israélien risque d’être débordé en cas de guerre totale avec le Hezbollah :
Les batteries antimissiles du Dôme de fer israélien risquent d’être submergées lors des premières frappes d’un conflit qui s’intensifierait considérablement avec le Hezbollah.
La semaine dernière, cette évaluation des fonctionnaires étasuniens a fait écho à l’analyse récente d’experts en Israël et aux États-Unis. Elle intervient alors que l’on craint qu’une guerre avec le Hezbollah ne soit une entreprise bien plus dangereuse que la deuxième guerre du Liban de 2006 qui avait été dévastatrice et au cours de laquelle les bombardements israéliens avaient causé d’énormes destructions au Liban…
Depuis 2006, le Hezbollah, le groupe non étatique le mieux armé au monde, a considérablement développé son arsenal et ses capacités, notamment en se dotant de drones suicides qu’Israël a eu du mal à contrer, d’une capacité de missiles antiaériens et d’une panoplie vastement élargie de missiles dont les experts estiment aujourd’hui le nombre entre 120 000 et 200 000…..
Si la majorité des stocks du Hezbollah se compose de dizaines de milliers de missiles non guidés – de courte et de longue portée -, il a acquis depuis 2006 des centaines de missiles balistiques guidés, avec la possibilité de les tirer à partir de bunkers renforcés et de lanceurs mobiles.
L’utilisation croissante et efficace par le Hezbollah de drones, y compris d’armes kamikazes, que les défenses aériennes existantes d’Israël ont eu du mal à contrer, est venue compliquer la situation.
Un projet de recherche de trois ans mené par l’Institut de lutte contre le terrorisme de l’université Reichman en Israël, achevé peu de temps avant l’attaque du Hamas le 7 octobre, a conclu que le Hezbollah pouvait tirer jusqu’à 3 000 missiles par jour, une cadence qui pourrait être maintenue jusqu’à trois semaines. Son principal objectif serait de forcer l’effondrement des défenses aériennes d’Israël.
Revenons à l’article de Joseph Jordan. Il explique que le Hezbollah a un sens aigu de la faiblesse d’Israël :
La clé pour comprendre l’approche du Hezbollah à l’égard d’Israël réside dans l’opinion de Nasrallah selon laquelle les juifs seraient des brutes faibles et opportunistes. Nasrallah estime que le public israélien est une « toile d’araignée » fragile, qui réclame sans cesse du sang arabe tout en ayant un faible seuil de tolérance à la douleur et aux désagréments. En infligeant de lourdes pertes militaires et en forçant les Israéliens des villes à se réfugier dans des bunkers ou à fuir leur domicile, le Hezbollah pense que l’État sioniste peut s’effondrer sous l’effet de ses contradictions internes.
L’une de ces contradictions est que les ultra-orthodoxes refusent de servir dans l’armée, ce qui fait peser le fardeau sur les Israéliens laïques.
Jordan poursuit :
Les ambitions typiques d’Israël sont en total décalage avec sa volonté et ses capacités réelles. Des citoyens grognons et pleutres sont incapables de faire le lien entre leurs actions et leurs réactions. À tel point que le chef de l’armée, Herzl Halevi, a jugé bon de publier une déclaration pour clarifier l’ampleur des conséquences qui attendaient les Israéliens une fois que la guerre au Liban aurait officiellement commencé.
Un lecteur nous a fourni des informations qui expliquent pourquoi les Israéliens sont détachés de leur conduite et des risques. Hormis la diminution de l’activité touristique et commerciale, ils ne voient pas beaucoup de preuves que la guerre est en cours. Je le reproduis intégralement, même s’il va au-delà des observations liées au conflit :
Je suis rentré hier d’un voyage d’affaires en Israël. Quelques anecdotes à partager :
– Le vol aller était aux trois quarts plein ; le vol retour était entièrement plein. Beaucoup de familles dans les deux cas. Au contrôle des passeports du côté américain pour le retour, la plupart des passagers du vol sont passés par la file des passeports israéliens et non par celle des passeports américains. Ce sont donc principalement des Israéliens qui sont partis, et non des touristes.
– Le journal télévisé de Tel-Aviv ne montre pas grand-chose de ce qui se passe à Gaza. Les informations du soir étaient plus axées sur les incendies à la frontière libanaise et sur la mort de plusieurs soldats des FDI lors d’une attaque à Rafah. Rien sur les contre-attaques et les réactions des communautés.
– Il y a des manifestations presque tous les soirs devant le quartier général de Tsahal et de nombreuses nuits devant la résidence personnelle de Netanyahou à Jérusalem. Les manifestants sont pour la plupart des laïcs (ou des partisans de l' »État d’Israël » tels que définis dans l’article de Pappe).
– Même les laïques sont des racistes forcenés à l’égard de tous ceux qui sont considérés comme « arabes ». J’ai été soumis à une visite de Jérusalem de six heures. Elle était organisée par mon travail. Durant la visite, le guide touristique s’est emporté contre la « mentalité arabe » et s’est donné beaucoup de mal pour souligner qu’Israël n’était pas un État d’apartheid parce qu’une femme musulmane travaillait comme chauffeur de bus. Lors d’un dîner d’entreprise, des cadres israéliens ont fait plusieurs commentaires racistes désinvoltes sur les employés d’un fournisseur dont le nom de famille était persan et qui étaient selon eux des terroristes arabes (le fournisseur et les employés sont canadiens, mais cela n’a pas d’importance pour eux).
– Les habitants de Tel-Aviv font la fête et se comportent comme si de rien n’était. Si vous étiez là depuis octobre dernier et que vous n’étiez exposé qu’aux informations locales, je doute que vous ayez la moindre idée de la gravité de la situation à Gaza. Et cela alimente l’état d’esprit paranoïaque/délirant autour des « Arabes » et de l' »antisémitisme ».
– Les industries touristiques se sont complètement effondrées. Il n’y avait pas de file d’attente à Jérusalem pour les grands sites religieux, nous sommes entrés directement dans l’église du Saint-Sépulcre et il y avait peut-être 30 personnes dans l’ensemble du complexe et pas de véritable file d’attente pour le tombeau et le site de la crucifixion. Le guide nous a dit que c’était comme ça depuis le début de la guerre et que beaucoup de ceux qui travaillaient dans son secteur avaient fait faillite.
– La plupart des grands hôtels touristiques sont soutenus par des paiements directs du gouvernement en échange de l’hébergement des colons du nord qui ont été évacués. Notre hôtel, situé sur la plage de Tel-Aviv, était au moins à moitié rempli de ces personnes qui vivaient là à plein temps depuis des mois. Le week-end, les Israéliens de l’extérieur de Tel-Aviv remplissaient l’hôtel pour aller à la plage, mais pendant la semaine, il était vide, à l’exception des personnes logées. Nous nous en sommes rendu compte parce qu’il y avait des tonnes d’enfants pendant la semaine qui étaient transportés de l’école à la maison et qu’il n’était pas logique que cela se produise pour des touristes.
– En tant qu’Américain, ce qui m’a frappé, c’est l’absence de sans-abri en Israël, car c’est tout à fait inévitable aux États-Unis. Je suppose que je suis heureux que mes impôts garantissent que des personnes quelque part ne vivent pas dans la rue, mais cela m’a mis en colère que mes impôts soient utilisés pour soutenir un filet de sécurité sociale étranger au détriment du mien ici. Le marché du logement à Tel-Aviv est largement surévalué par rapport aux salaires. La plupart des personnes à qui j’ai parlé voulaient immigrer aux États-Unis pour les salaires plus élevés.
Jordan conclut sur les plans israéliens :
L’un des facteurs jouant en défaveur du Hezbollah est la douleur inimaginable qu’une telle guerre causerait au peuple libanais. Netanyahou a déclaré publiquement que le plan de Tsahal consistait à transformer Beyrouth, une ville de 2,4 millions d’habitants, en une autre Gaza. Pendant la guerre de 2006, les forces israéliennes, frustrées par leur incapacité à avancer de plus de quelques kilomètres en territoire libanais, ont finalement renoncé à combattre le Hezbollah et se sont appuyées sur la doctrine Dahiya qui vise délibérément les civils dans l’espoir de briser le moral des défenses et de générer une pression politique interne contre le Hezbollah. Nombreux sont ceux qui pensent que lors de la prochaine guerre, Israël et ses sponsors occidentaux porteront la doctrine Dahiya à de nouveaux sommets dans l’espoir de contraindre l’armée libanaise, les milices chrétiennes et même certains groupes sunnites à attaquer les combattants chiites par-derrière et à mener une nouvelle guerre civile à l’intérieur de l’État multiconfessionnel.
Nous avons vu lors de la guerre en Ukraine que les attaques contre les civils renforcent la détermination à battre l’ennemi. Si bien que l’idée de fomenter une guerre civile avec la doctrine Dahiya semble farfelue. Toutefois, l’évaluation de Nasrallah concernant Israël semble intuitivement correcte : les Israéliens ne sont pas prêts à supporter beaucoup, voire pas du tout, le poids d’une guerre. Et pourtant, ils ont toujours envie de se battre.
Source original: Naked Capitalism
Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action
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