Le sondage Datafolha du 10/06 n’ajoute rien de nouveau à la situation politique qui se vit aujourd’hui au Brésil: après 70 jours de confinement en tant que prisonnier politique, Lula est toujours le seul candidat à pouvoir légitimer l’élection qui aura lieu en octobre prochain, car lui seul sera capable d’obtenir la majorité des votes exprimés.
Si le régime actuel continue avec la farce juridico-médiatique qui bannit Lula du scrutin, une bonne partie des voix – presque 40% – ne se reportera pas sur une autre candidature, mais sur l’option « blanc, nul ou abstention ».
En effet, si les élections se maintiennent lors du prochain mois d’octobre sans Lula, à l’inverse de pouvoir restaurer l’Etat de Droit, ça marquera l’ouverture d’une étape, encore plus grave du point de vu de la légitimité, d’instabilité et de violence institutionnelle et confortera le maintien du projet de domination anti-peuple, anti-nation et anti-démocratie.
Le fait que l’establishment, assume au moins jusqu’à présent, que Lula se serait soustrait illégalement de son droit constitutionnel à être candidat, ne peut pas servir pour écarter Lula à la course électorale – comme le font de façon erronée certains secteurs anti-coup.
La conjoncture est tellement imprévisible pour la classe dominante – exceptant le fait inéluctable, que seul Lula pourra pacifier et lancer la reconstruction du pays – qu’il est impossible à comprendre si l’exclusion de Lula sera, jusqu’au bout, l’option de l’establishment face au risque, que cette fraude juridique emmène le pays dans le chaos extrême et à sa complète dissolution.
Dans le cas où l’establishment décide de maintenir l’élection sans Lula et en vue de l’option pensée par Ciro Gomes – le candidat du PDT de centre-gauche – de faire alliance avec les forces sans viabilité électorale et qui ont sponsorisé le coup, alors ce choix sera contraire aux propres intérêts de Ciro Gomes.
Dans ce pari, Ciro perd davantage qu’il ne gagne. Il ne gagnera pas les voix de ceux qui n’en n’ont pas – du DEM et du PP, partis appartenant à la droite conservatrice – et il s’éloigne de la base sociale/électorale majoritaire qui soutient Lula et possède un pouvoir d’influence sur le sens du vote de près de 47% d’électeurs.
Par ailleurs, dans l’improbable élection de Ciro sans le soutien du PT de Lula et de la gauche, il sera ficelé aux forces réactionnaires liées au sous-développement et qui ont besoin d’être battues.
La feuille de route du camp populaire, démocratique et nationaliste, c’est la lutte pour la restauration démocratique et pour la fin du régime d’exception.
Il faut interrompre le coup, l’enterrement du régime fasciste et la destruction provoquée par l’oligarchie putschiste. Seulement après, nous pourrons lancer la reconstruction économique et sociale du Brésil.
La composante fondamentale de cette lutte démocratique est la libération de Lula. Comme la classe des puissants n’arrive pas à le battre dans les urnes et de façon à maintenir le coup d’Etat, ils ont engendré son emprisonnement politique. La défense du droit de vote de Lula et de pouvoir se présenter aux élections, constitue l’élément de base pour organiser la résistance et la lutte contre la dictature juridico-médiatique.
La défense de la libération de Lula prisonnier politique, est compatible avec le maintien des candidatures progressistes et de gauche – au-delà de celle de Lula da Silva mais aussi celles de Guilherme Boulos (PSOL) et de Manuela d’Ávila (PCdoB).
C’est à partir de l’unité des secteurs progressistes et de gauche, en faveur de la libération de Lula, que pourra naître l’alliance capable de récupérer le Brésil du chaos où la classe dominante des puissants l’a plongé.
La victoire du drapeau Lula Libre est le premier pas vers la défaite du coup. C’est la garantie première de réalisation d’une élection propre en octobre – la seule chance que Ciro a de pouvoir gagner l’élection.
Traduit du portugais par Paulo Correia pour le Journal Notre Amérique
Source : https://www.alainet.org/pt/articulo/193393