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L’obscurantisme au pouvoir : Quand la pensée dominante entrave la connaissance

Johan Hoebeke nous propose une recension du livre de Brice Perrier qui analyse l’usurpation de la science au 21ème siècle. Conflits d’intérêts, emprise de Big Pharma sur les publications scientifiques, rôle des journalistes... quelques réflexions que l’on pourrait associer également à la géopolitique (I’A)!

Recevant ce livre afin de le recenser, je n’avais jamais entendu parler de son auteur, Brice Perrier. Pourtant, après la lecture du livre je me suis senti familier avec lui. En effet, ce livre aborde un sujet qui m’a occupé pendant toute ma carrière scientifique et qui, maintenant que je suis retraité, m’occupe encore. Ce sujet est basé sur l’experience que j’ai vécue au cours des années de la perte de deux notions fondamentales pour un bon exercice de la science. Ni l’histoire de la science ni l’épistémologie ne sont plus enseignées dans nos facultés ou dans nos grandes écoles aux étudiants qui se destinent à une carrière scientifique. Cette carence est la source de l’obscurantisme, dont parle le livre de Brice Perrier. Bien qu’il ne soit pas scientifique, il a mis le doigt sur l’usurpation de mot ‘science’, qui a été rendu possible par cette carence.

A partir d’exemples concrets il démontre comment la Science dominante est aveugle aux réalités observables si elle n’a pas d’explication mécaniste à donner. Un exemple est l’ expérience de mort imminente, dans laquelle le sujet semble avoir une conscience extra-corporelle. Ces expériences ont été également observées chez des personnes qui n’étaient pas à l’article de la mort. Il est étonnant d’entendre qu’un neuroscientifique renommé déclare que l’étude de ce phénomène est “exactement ce que l’on ne veut pas avoir dans la recherche sur la conscience”. En effet, le déterminisme réductionniste dont il est un adepte lui interdit d’étudier des phénomènes observables mais ne pouvant ếtre expliqués dans le cadre étroit d’un déterminisme essayant de réduire les propriétés émergentes, comme la conscience, avec les lois physico-chimiques adaptés à l’étude de molécules. Il semble oublier qu’à la fin des années 1990 un pari fut fait entre le neuroscientifique Christof Koch, qui prétendait que l’explication de la conscience par un étayement neuronal serait faite dans les 25 années à suivre, et le philosophe David Chalmers qui en doutait. Fin juin 2023 Koch fut obligé de donner la caissse de vin à son opposant Chalmers. Je suis sûr que dans 25 ans, le même pari aura le même résultat.

Une manière d’éviter les questions embarassantes est de catégoriser ceux qui les posent comme des comploteurs, des charlatans ou des personnes soumises à des croyances non scientifiques. L’auteur, Brice Perrier, en donne des multiples exemples. Il ne faut pas chercher loin : durant la pandémie de la Covid-19, des personnes compétentes en vaccinologie, qui se posaient des questions sur l’utilisation générale de vaccins à ARNm à cause du manque de connaissances de ces effets potentiels, furent catalogués comme des anti-vaxx, bien qu’ils étaient vaccinologues reconnus. Que les firmes pharmaceutiques, qui promouvaient ces vaccins, avaient des casseroles judiciaires se comptant en milliards de dollars pour publicité mensongère, pour publications de résultats frauduleux, pour l’utilisation de personnes humaines comme cobayes, aurait au moins dû inciter à la prudence quant à la promotion de leurs vaccins, ‘sûrs et efficaces à 95%’. Aucun des fact-checkeurs ou des ‘décodeurs’ ne semble avoir fait une analyse critique des publications, sur lesquelles cette propagande était basée et oubliaient sciemment les critiques qui furent émises dans des journaux médicaux de haut niveau comme le British Medical Journal. Comme avoue un décodeur à Brice Perrier : “ On est très clément avec l’info qui va dans notre sens, et critique dans le cas contraire’.

Ce qui est également mis en évidence dans ce livre est l’influence néfaste que les firmes pharmaceutiques ont non seulement sur les publications scientifiques et médicales mais également sur les grands médias. Est-ce un hasard si la vaccination générale ne fut jamais questionnée dans les journaux télévisés nationaux des Etats-Unis, quand la plupart de ces journaux sont sponsorisés par Pfizer? Que les pouvoirs de controle comme le FDA (Etats-Unis) ou l’EMA (Europe) sont également soumis au Big Pharma va de soi puisque ces agences sont en grande partie financées par le même Big Pharma. En outre, n’oublions pas tous les ‘experts’ de plateaux télévisés dont les conflits d’intérêts potentiels ne sont jamais mentionnés. Cela est également bien documenté dans le livre de Brice Perrier.

Enfin l’auteur aborde le rôle néfaste des journalistes et de ce qu’il appelle la ‘faillite de l’information scientifique’. Cela me renvoie au début du recensement. Si même beaucoup de gens, qui se disent scientifiques, n’ont aucune connaissance de l’histoire des sciences ni de l’épistémologie, comment voulez-vous que des journalistes puissent juger sur la validité des informations scientifiques qu’ils reçoivent? Heureusement qu’il y a quelques exceptions dont Brice Perrier est certainement un des meilleurs exemples.

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