Le gouvernement Karzaï est le plus corrompu des trois dernières décennies

Karzaï nomme au poste de directeur de la lutte contre la corruption un homme condamné aux États-Unis pour trafic d’héroïne !

Selon une étude d’Integrity Watch Afghanistan (IWA), les Afghans considèrent que le gouvernement actuel est le plus corrompu des trente dernières années, ce qui pose la question de sa légitimité au moment où la rébellion se fait de plus en plus présente.

22 mars 2007, Bassirat.net

http://www.bassirat.net/news/read_news.php?n=2514

Entre août et septembre 2006, IWA a sondé 1 250 Afghans vivant dans une dizaine de provinces. Environ 60 % d’entre eux considèrent que l’administration actuelle est la plus corrompue de l’histoire récente du pays. Plus de 60 % des sondés pensent que la corruption a contribué à les détourner du gouvernement. IWA considère que « ce chiffre est si élevé qu’il risque d’éroder la légitimité de l’État et de ses soutiens internationaux » auprès de la population afghane. En outre, 93 % des Afghans sont persuadés qu’un pot de vin est nécessaire pour accéder aux services publics. Plus de la moitié des sondés ont reconnu avoir déjà versé un pot de vin à un fonctionnaire.

La police afghane n’est pas exempte de tout reproche. En février, un raid présenté comme une opération de lutte contre la vente d’alcool était en fait une véritable razzia. Les 100 policiers qui ont investi le restaurant Quatre saisons à Kaboul l’ont quitté avec 8 000 $ d’alcool, 50 cartouches de cigarettes, 19 briquets et cinq boîtes de gâteaux apéritifs Pringles. Selon des témoins, les policiers remplissaient leurs poches de treillis de bouteilles de whiskey et buvaient de la bière tout en perquisitionnant dans le restaurant.

La directrice du restaurant, Alexandra Skorobogatova a demandé à la police ce qu’il était advenu de l’alcool saisi le soir de la descente de police. « Ils m’ont dit qu’ils l’avaient brûlé. Comment peut-on brûler de la bière ? », leur a-t-elle demandé avec colère. Depuis, le restaurant a fermé ses portes. Vingt-trois employés afghans ont perdu leur travail.

Mercredi, dans un message lu à Kaboul dans le cadre des festivités du Nouvel An, Hamid Karzaï a tenu à souligner les progrès réalisés par son gouvernement dans le domaine de la sécurité, de la lutte contre la drogue et la corruption. Il a également rappelé que des efforts restaient à réaliser avec l’aide de la population. M Karzaï a affirmé que son gouvernement était sur le point de prendre des mesures décisives dans le domaine de la lutte contre la corruption de son administration.

Beaucoup de progrès restent à accomplir en effet. Tout d’abord, s’il souhaite réellement prendre la mesure du problème de la corruption qui explique, en partie, la résurgence des taliban, Hamid Karzaï va devoir apprendre notamment à mieux s’entourer. N’a-t-il pas nommé en début d’année au poste de directeur de la lutte contre la corruption un homme condamné aux États-Unis dans les années 1980 pour trafic d’héroïne ?

Izzatôllah Wasifi dirige une équipe de 84 personnes chargées de la lutte contre la corruption au sein de l’administration afghane. Ami d’enfance du président Karzaï, il a été arrêté à Las Vegas le 15 juillet 1987 avec 650 grammes d’héroïne, soit une valeur marchande de 2 millions de dollars à cette époque. Il a été condamné à quatre ans de prison. (Afghanistan anti-corruption chief has conviction as heroin trafficker, Associated Press, 9 mars 2007).

Avec AFP, Reuters, AP et Pajhwok

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.