Le peuple qui s’insurgea contre Carlos Andrès Pérez II le fit sans s’en rendre compte contre les centres du pouvoir financier et industriel de la globalisation qui prétendait à l’hégémonie sur un ensemble d’économies du Tiers Monde. Ce fut une mobilisation dramatique.
Causes
Comme l’indiquait le Commandant Hugo Chavez, la cause fondamentale, profonde, du Caracazo doit être cherchée dans l’histoire des abus successifs commis par les gouvernements du Pacte de Punto Fijo, qui se sont distanciés (éloignés) du peuple durant les 40 ans d’exercice de leur hégémonie, détruisant sa souveraineté et mettant en place un programme économique destiné à ériger les grilles de la dépendance et de l’anti-souveraineté ( non souveraineté, absence de souveraineté ? Pierre : j’aime bien anti-souveraineté, c’est juste un avis perso).
Rappelons-nous que ce qu’on appelait le « paquet néolibéral » de 1989 prévoyait la privatisation d’un ensemble d’entreprises et de biens publics, la libération (ce n’est pas libéralisation plutôt ??) des prix et d’autres mesures qui ont laissé le peuple sans défense face aux spéculateurs, la liquidation du régime des prestations sociales, et ce sans aucun mécanisme de protection face à la structure monopoliste et oligarchique qui s’érigeait dans le pays à partir de l’extraction à grande échelle des ressources en hydrocarbure de notre sous-sol par des corporations transnationales.
Le massacre
La protestation, qui commença tôt le matin à Guarrenas, s’étendit ensuite à Caracas où elle prit de l’ampleur pour gagner différentes villes du pays. Elle se prolongea jusqu’à la nuit du 28 février, quand des unités militaires armées réagirent en chargeant la population avec une brutalité jamais vue dans l’histoire républicaine du pays. Selon les termes de la page Web de Télésur, « entre le 27 février et le 6 mars 1989, l’Armée et la police utilisèrent 4 millions de balles pour réprimer le peuple ».
Intérêts extérieurs
Le peuple qui s’insurgea contre Carlos Andrès Perez II , se dressa sans s’en rendre compte contre les centres du pouvoir financier et industriel de la globalisation et ses prétentions à exercer son hégémonie sur un ensemble d’économies du Tiers Monde dont la soumission leur garantirait l’accès à des matières premières pas chères et des marchés pour leurs produits manufacturés, ainsi que le placement de crédits et de capitaux corporatifs qui bloquèrent toute possibilité de développement industriel endogène, permettant à la limite au Venezuela d’opérer au sein de la globalisation néolibérale comme terrain d’assemblage.
C’est ainsi que s’affirma le modèle économique de monoproduction, de rentisme (ce terme n’existe pas… il faudrait une explication ou un autre mot) et à forte prédominance du commerce d’importation qui avait tant favorisé les maisons-mères établies 80 ans plus tôt.
Dollar et Tiers Monde
Le FMI, en totale conformité avec l’ordre financier établi à Bretton Woods après la fin de la deuxième guerre mondiale, ordre qui bénéficia avant tout aux USA, ne cessait de recommander aux économies du Tiers Monde des politiques monétaires, commerciales et financières qui pérenniseraient leur statut d’exportateurs de capitaux vers les centres financiers de la planète. Et ceci, ne l’oublions pas, dans un contexte d’effondrement du bloc socialiste d’Europe de l’Est ; à l’agressivité des politiques imposées par le FMI pour accompagner ses directives économiques, s’ajoute le fait que l’hégémonie du capitalisme en tant que pensée unique et fin de l’histoire s’était imposée, temporairement du moins.
Tel était le contexte extérieur dans lequel se produisit le Caracazo.
Bilan
Le bilan des évènements doit être dressé dans une double perspective : instructif et triste d’une part car constituant l’expérience d’un peuple abandonné par ses leaders, qui établirent les programmes politiques de la 4ème République dans le cadre du Pacte Punto Fijo, dont les représailles contre la population constitue le chapitre le plus sombre du Venezuela contemporain.
Cet épisode eut peut-être, toutes proportions gardées, une dimension tragique plus grande encore que la tuerie par égorgements de la population patriotique à la fin de l’Emigration vers l’Est, en 1814, pour autant qu’en 1989, il s’agissait d’un régime qui proclamait les principes du système démocratique et qui s’en tenait à une Constitution, celle de 1961, interdisant la peine de mort.
D’autre part, le résultat du souffle né de ce Caracazo est indéniable : l’histoire changea à partir de cet instant. La décomposition du modèle Punto Fijo s’accéléra avec la sortie du CAP de la Présidence trois ans plus tard ; les éléments bolivariens à l’intérieur comme à l’extérieur de la Force Armée Nationale se reformèrent pour apparaître en plein jour le 4 février 1992.
Ce processus se maintient jusqu’aujourd’hui, sous la conduite du Commandant Hugo Chavez jusqu’en 2013 et maintenant sous le leadership du Président Nicolas Maduro, ferme défenseur des droits de l’homme et des valeurs de la démocratie sociale contenues dans la Constitution de 1999.
Source : TeleSur