Israeli new Prime Minister Benjamin Netanyahu (L) and outgoing prime minister Ehud Olmert attend a change of power ceremony at President Shimon Peres' residence in Jerusalem on April 1, 2009. Benjamin Netanyahu began his second term as Israeli prime minister at the helm of a right-wing government that has raised fears about the future of the Middle East peace process. AFP PHOTO/POOL/MENAHEM KAHANA (Photo by Menahem KAHANA / AFP POOL / AFP)AFP

La déclaration fracassante d’un ancien Premier ministre israélien : « J’accuse Netanyahu de trahison »

Ehud Olmert n'est pas connu comme un grand défenseur des droits des Palestiniens. Mais ses tirs à boulets rouges contre Netanyahu sont intéressants à plus d'un titre. Ils illustrent les contradictions soulevées par Ilan Pappé entre l'Etat d'Israël et l'Etat de Judée. Et témoignent de la crise profonde qui ébranle le projet sioniste. (I'A)

Dans un article dévastateur publié par Haaretz, l’ancien premier ministre Ehud Olmert tire à boulets rouges sur le premier ministre Benjamin Netanyahu. Il lui reproche la prolongation de la guerre à Gaza, l’escalade contre le Hezbollah et la carte blanche donnée aux voyous israéliens qui terrorisent les Palestiniens en Cisjordanie.

Olmert demande que Netanyahu soit démis de ses fonctions et jugé pour ses multiples échecs depuis le 7 octobre : « Netanyahu doit être jugé devant le peuple d’Israël pour chacun de ces chefs d’accusation. Nous ne devons pas perdre de temps ». Il ajoute : « Chaque jour supplémentaire où ce funeste personnage continue de se prévaloir de la responsabilité nominale de gouverner est un jour qui met en danger concret le futur et l’existence de l’Etat. »

L’article précise les nombreux actes dont Netanyahu doit être tenu pour responsable : « J’accuse le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, de prolonger sciemment la guerre entre Israël et les organisations des assassins palestiniens ». Plus loin il précise que « la raison pour laquelle aucun objectif précis n’a été fixé pour nos forces armées est précisément ce désir de faire traîner l’affrontement sans fixer de date de fin ».

Olmert émet des accusations similaires au sujet de l’escalade contre le Hezbollah. Il affirme que Netanyahu à l’intention d’ « étendre la guerre et de d’entrer dans un conflit direct massif contre le Hezbollah au nord », et que le Premier ministre ne fait aucun cas « des médiations françaises et états-Uniennes… qui mettront fin au violent conflit en cours ».

Au cours des huit derniers mois, l’attention mondiale a été largement tournée vers les opérations militaires conduites par l’armée israélienne à Gaza. Pourtant, en parallèle, Tel Aviv a avancé dans ses plans d’annexation de la Cisjordanie. Dans une spirale de violence, des centaines de Palestiniens ont été tués et des milliers d’autres ont été chassés de leurs maisons. Olmert pose le blâme sur Netanyahu.

« J’accuse le Premier ministre d’Israël d’avoir agi en toute connaissance de cause pour susciter une flambée de violence sur tout le territoire cisjordanien, sachant parfaitement que cela résulterait en la multiplication de crimes de guerre contre des Palestiniens qui ne sont pas du tout impliqués dans les actions terroristes. Beaucoup d’Israéliens se sont déjà rendus coupables de tels crimes. Dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de personnes sous l’uniforme, mais plutôt de milices privées composées de voyous armés de fusils qui leur ont été fournis par le ministre de la Sécurité, Itamar ben Gvir, une décision qui elle aussi devra être examinée légalement. Ces armes sont utilisées au cours de leurs raids. Elles les protègent lorsqu’ils brutalisent les Palestiniens, brûlent leurs maisons, détruisent les cultures dont ils tirent leur subsistance et tuent des innocents ».

Olmert détaille aussi d’autres décisions qui ont été prises au détriment du peuple israélien, y compris le refus de négocier la libération des otages : « Il refuse de mettre en place un accord qui permettrait le retour de tous les otages parce que, selon lui, cela empêcherait une victoire totale ». Il ajoute que « ce but inatteignable a été fixé pour permettre au Premier ministre de pouvoir à tout moment choisir de faire porter à l’armée la non réalisation de ces objectifs ».

L’article n’attaque pas seulement l’incapacité de Netanyahu à atteindre ses buts de guerre. Olmert souligne les difficultés croissantes au sein même d’Israël : « L’économie s’effondre, les services publics s’effondrent, des régions entières sont désertées et le gouvernement n’a ni plan ni volonté de mettre en place des réponses qui pourraient améliorer la situation et ranimer une lueur d’espoir. »

La guerre coûte très cher à Tel Aviv et à l’économie israélienne. On estime le coût de la seule guerre à Gaza à 60 milliards de dollars. On doit y rajouter le coût immense des projets de reconstruction qui devront prendre place à court terme. En outre, beaucoup d’Israéliens ont dû quitter leur travail et plus de 60.000 citoyens ont été déplacés à cause du conflit à la frontière libanaise.

Netanyahu a refusé de signer tout accord qui conditionnerait la libération des otages israéliens à un arrêt permanent des combats tant que le Hamas n’a pas été éliminé. Plusieurs hauts responsables israéliens ont affirmé que l’objectif du Premier ministre d’éliminer le Hamas était irréalisable.

Mais cela n’empêche pas Tel-Aviv de continuer son assaut contre Gaza et ses représailles contre les actions de la résistance, grâce au soutien militaire massif des États-Unis. Olmert avertit que Netanyahu a « essayé délibérément de détruire l’alliance politico-militaro-sécuritaire entre Israël et les USA ». Il rappelle que « la force aérienne israélienne utilise uniquement des aéronefs états-uniens : jets de combat, ravitailleurs, hélicoptères. L’entièreté du contrôle de l’espace aérien par Israël dépend de l’engagement des États-Unis à défendre Israël ».

Alors que la relation entre Biden et Netanyahu connaît des difficultés après que le dirigeant israélien ait attaqué Washington dans une vidéo sur twitter (X) la semaine dernière, plusieurs hauts responsables états-uniens ont répété que les liens entre Israël et les États-Unis étaient inconditionnels.


Source originale: Antiwar
Traduit de l’anglais par J-L Picker pour Investig’Action

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.