Les déclarations conventionnelles de la Belgique sont contredites par la façon dont les autorités du pays cherchent à punir les citoyens ordinaires qui s’expriment en vue de défendre les droits palestiniens.
Le port d’Anvers jouit d’une réputation discutable.
C’est en inspectant une cargaison dans le port flamand que le commis à l’expédition E.D. Morel avait fait une découverte importante. D’importantes quantités de caoutchouc et d’ivoire y transitaient en provenance du Congo et « les autochtones ne recevaient rien ou vraiment pas grand-chose » en retour.
Ce commerce illicite était au cœur du pillage auquel la Belgique se livrait dans sa colonie. Au moins 10 millions de vies furent sacrifiées entre 1885 et 1908 – à l’époque où Léopold II traitait le Congo comme sa propriété personnelle – et au cours de la décennie suivante.
En ce 21e siècle, Anvers se montre toujours aussi accueillant envers les maraudeurs et les oppresseurs.
Selon la presse belge, la firme israélienne Zim a fait transiter 246 tonnes de munitions par Anvers entre novembre 2022 et novembre 2023.
Cette révélation a incité de nombreuses personnes à protester contre le rôle d’Anvers dans l’accommodement des crimes d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Pour avoir osé s’exprimer, certains des protestataires se sont retrouvés bel et bien menacés de poursuites pénales.
Une femme qui a publié sur internet des commentaires à propos de Zim a reçu récemment une convocation de la police à des fins d’interrogatoire. La femme avait encouragé les gens à visiter le port d’Anvers et, selon ses propres termes, à y « perturber les activités quotidiennes ».
La femme a qualifié la convocation de « tactique d’intimidation ».
« Ils tentent de nous effrayer », m’a-t-elle dit. « Mais ils ne peuvent pas arrêter tout le monde. »
La lettre que la dame a reçue disait qu’elle faisait l’objet d’une enquête de « catégorie trois ». Ces enquêtes concernent un délit supposé, pour lequel une peine de prison peut être imposée.
En février, des militants avaient soulevé des objections contre les activités de Zim en interrompant une session du parlement flamand.
Une personne qui y avait participé a récemment reçu une amende de la police de quelque 150 euros. D’autres ont reçu des avertissements.
Le fait d’imposer des amendes aux gens qui protestent est particulièrement troublant étant donné que les autorités belges ont été jugées déficientes sur le plan du contrôle des marchandises qui transitaient par le pays.
Hans Lammerant, de l’organisation Vredesactie (Action pour la paix) a longtemps surveillé l’utilisation des ports et aéroports belges.
Alors que la politique officielle consiste à ne pas autoriser le transit d’armes censées être utilisées par Israël, « le contrôle de ce transit reste défectueux », a déclaré Lammerant par courriel. Des contrôles sont effectués par des militants se servant de requêtes au nom de la liberté d’information et, dans certains cas, par des enquêteurs officiels, a ajouté Lammerant, et « non par l’administration proprement dite du contrôle des exportations ni par la douane ».
Recours excessif à la force
Les manifestants qui ont défilé dans les rues des villes belges ont affronté la violence policière, depuis que l’actuel génocide a débuté à Gaza.
Nombre d’arrestations ont eu lieu à Bruxelles en juillet. Une vidéo filmée sur les lieux montre que les personnes emmenées en détention avaient brandi des drapeaux palestiniens ou s’étaient trouvées derrière d’autres personnes agitant des drapeaux, et que la police avait recouru à une violence excessive en procédant aux arrestations.
Précédemment, dans la partie francophone de l’Université libre de Bruxelles, la police avait expulsé des étudiants d’un campement qu’ils avaient organisé en solidarité avec les Palestiniens soumis à un génocide.
La Belgique a tenté de donner l’impression qu’elle se dressait contre Israël.
En avril, quand Israël a tué un Palestinien qui travaillait pour une agence humanitaire belge, le gouvernement de Bruxelles a émis ce qui, sur papier, ressemblait à une condamnation énergique.
Quelques mois plus tôt, Israël avait détruit le bureau à Gaza de la même ONG belge. Le gouvernement belge avait aussitôt sommé l’ambassadrice d’Israël de s’expliquer sur les raisons de cet incident.
Ces toutes dernières semaines, la Belgique a fait savoir qu’elle était favorable à une proposition de sanctions par l’Union européenne contre Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, les deux ministres les plus extrémistes de la coalition au pouvoir en Israël.
En novembre dernier, la Belgique s’est attiré les louanges de Human Rights Watch pour sa position prétendument de principe à propos de Gaza.
Ces louanges n’étaient absolument pas méritées.
Les déclarations conventionnelles de la Belgique sont contredites par la façon dont les autorités du pays cherchent à punir les citoyens ordinaires qui s’expriment en vue de défendre les droits palestiniens.
Source: The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal, Charleroi pour la Palestine
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