Les causes expliquant le soulèvement indigène au Pérou trouvent leur origine dans une série de décrets législatifs dictés par le président afin de mettre en pratique le Traité de Libre Commerce entre le Pérou et les Etats-Unis. Face à une telle législation qui amplifie le pillage de leurs territoires, les peuples originaires réclament la dérogation de la loi et ont été brutalement réprimés lors d’un massacre aux proportions historiques.
La manifestation qui tient actuellement les indigènes comme protagonistes, a commencé le 9 avril dernier, en refus d’une série de décrets législatifs dictés par le président péruvien Alan García.
Parmi ces normes mises en question, figurent celles qui régulent l’exploitation des ressources hydriques et qui établissent les paramètres de gestion du patrimoine forestier. Ces décrets ont été dictés en 2008 par le président, utilisant les compétences spéciales que le Congrès lui a octroyées dans le cadre du processus de mise en place du Traité de Libre Commerce (TLC) entre le Pérou et les Etats-Unis.
Les communautés indigènes soutiennent que ces normes sont préjudiciables à leurs intérêts et permettent la privatisation des forêts et des ressources hydriques. Forts de ces arguments, elles ont commencé par bloquer les autoroutes et la navigation sur les fleuves et fermer les valves de conduites de gaz
En pleine manifestation, un dialogue s’est ouvert entre des représentants du gouvernement et des communautés indigènes qui, jusqu’à présent, n’a abouti à aucun résultat concret. Jeudi dernier, après que le Congrès – à l’initiative de la majorité gouvernementale – eût décidé de postposer le débat sur la dérogation du décret forestier, la colère a monté d’un cran.
Dans la province amazonienne de Bagua, onze policiers et trois indigènes sont morts, selon les informations du premier ministre Yehude Simon. L’Association Interethnique de Développement de la Jungle Péruvienne (Asociación Interétnica de Desarollo de la Selva Peruana – AIDESEP -) dénonce quant à elle la mort de vingt-deux indigènes de l’ethnie awajún.
L’organisation qui représente un secteur des natifs a accusé le gouvernement d’avoir ordonné la répression. Le président de l’ AIDESEP, Alberto Pizango, a dirigé une conférence de presse dans laquelle il a appelé à « faire une marche pour la paix, la dignité et la souveraineté nationale ».
Après avoir annoncé qu’il avait un ordre de détention, Pizango a insisté : « le calme de la manifestation fut rompu quand la police et les militaires ont commencé à ouvrir le feu ». Le dirigeant indigène a réitéré ses critiques envers les décrets législatifs qui ont été dictés dans le cadre du processus de mise en place du Traité de Libre Commerce (TLC) entre le Pérou et les Etats-Unis. « L’eau et les territoires appartiennent à la nation et aujourd’hui ils veulent les privatiser », affirme Pizango.
Traduit par Karen Bellemans et corrigé par Benoît Wat pour Investig’Action.