Le parallèle est trop évident pour ne pas sauter aux yeux. La reprise économique américaine donne des signes inquiétants d’essoufflement. Dans le même temps, l’amiral Mc Mullen, chef des armées des Etats-Unis, informe benoîtement que ses stratèges ont conçu des plans de bataille contre l’Iran. Les Etats-Unis annoncent également qu’un réseau intégré de défense antimissile en Europe, en Israël et dans le Golfe, destiné à protéger ces régions de représailles iraniennes, est en voie d’achèvement.
L’activation d’un tel bouclier antimissile et d’un système de radars entourant l’Iran signifie clairement l’accélération des préparatifs d’une frappe contre le pays des ayatollahs. Le pari est immensément risqué, car nul ne peut prédire la magnitude des répliques iraniennes ni les répercussions de l’explosion d’un conflit dans une région très fragile.
L’agressivité américaine, nullement refroidie par les récents revers en Irak et en Afghanistan, est bien en quête d’un nouvel exutoire. Apparemment, les partisans d’une approche prudente cèdent le pas devant l’offensive des néoconservateurs pour qui l’Iran est une menace vitale pour Israël et les Etats-Unis. Les sous-impérialismes européens, qui n’acceptent pas la modification en cours des rapports internationaux, sont entraînés dans l’escalade belliciste. Autant que la perte de leur hégémonie conjointe, c’est la défense de la « démocratie » coloniale israélienne qui est au premier plan des préoccupations des architectes de la guerre. Pour ces milieux, un conflit de nature « civilisationnelle » pourrait escamoter des politiques publiques de plus en plus injustes et des difficultés économiques auxquelles ils ne peuvent faire face par des moyens conventionnels. La mort et la destruction sont donc tranquillement présentées par des individus très rationnels comme le moyen d’exporter la démocratie et d’asseoir la paix du monde.
Quelle différence avec des extrémistes fanatisés ? A lire les déclarations des partisans de la guerre, seule l’ampleur de leurs moyens les différencie des terroristes qu’ils prétendent combattre. Ces derniers, isolés au sein même de leurs sociétés, ne disposent pas en effet des instruments de propagande ni des capacités militaires et de manipulation de l’opinion de Washington. Les dirigeants américains, fidèles à leur tradition, n’ont jamais renié la politique de la canonnière – aujourd’hui remplacée par le porte-avions – des premiers temps de l’expansion impériale. Avec un argumentaire à peine actualisé. Mais la situation politique globale qui prévalait au dix-neuvième siècle a bel et bien changé, même si la puissance de destruction américaine a considérablement augmenté.
Le cours des événements actuels montre que la nature des orientations américaines n’évolue pas, quelle que soit la couleur politique du président et la tonalité du discours officiel. Le système politique américain, strictement verrouillé, est fondamentalement soumis à des intérêts très minoritaires. Les espoirs placés dans l’élection de Barack Obama ont rapidement laissé place au désenchantement. Le credo du changement invoqué sur tous les registres n’est au final que pur artifice. Le président, comme ses prédécesseurs, est aux ordres de ceux qui l’ont installé à la Maison-Blanche et qui encadrent strictement ses politiques.
Osera-t-il s’opposer aux faucons de mauvais augure qui l’entourent ? Il est permis d’en douter.
Source: Le Quotidien d’Oran