Quand les historiens se pencheront sur notre époque, ils y verront le
plus grand holdup de tous les temps : l'histoire du vol de notre
patrimoine public par le secteur privé.
Télé Moustique, 10 octobre
On l'a vu encore la semaine passée
avec le crime politique crapuleux de Bush qui met son veto à
l'assurance maladie pour les enfants défavorisés, et qui dit
explicitement réserver ce budget à ses amis marchands d'armes. Mais
on a vu cela sans cesse depuis 15 ans avec les privatisations.
Il y a 25 ans, quand le Monde des Affaires s'est rendu compte qu'il
possédait tout ce qui pouvait fabriquer de l'argent (ressources
naturelles, industrie, services privés, presse, etc), il s'est dit
qu'une seule source – et combien importante – de richesse lui
manquait : le secteur public. D'où les traités de libéralisation des
services publics (signés à l'échelon européen, ironie, par
d'insouciants socialistes) qui ont permis, selon la formule
consacrée, de "privatiser les bénéfices en étatisant les pertes". Le
modèle prépensions.
Chaque jour – et on le voit encore avec Electrabel –
on constate que ce troc du monopole public (contrôlable)
contre l'oligopole privé (incontrôlable) est un douloureux canular
pour les citoyens. C'est leur patrimoine qu'on a donné, dans ces
opérations insensées, à des business heroes comme Albert Frère et
Etienne Davignon. Ceux-ci, tous les jours honorés comme des modèles
et des grands sages, ont orchestré à leur profit ces opérations de
prédation.