Kissinger a 100 ans, et c’est toujours un criminel de guerre

Henry Kissinger a eu 100 ans le 27 mai 2023, apportant la preuve que les criminels de guerre de classe mondiale peuvent échapper à toute sanction s’ils commettent leurs crimes au service de l’impérialisme US.

Kissinger a été conseiller à la sécurité nationale du président Richard Nixon, puis secrétaire d’État sous Nixon et le président Gerald Ford. Nombre de ses bienfaiteurs au sein de la classe dirigeante et des médias dominants profitent de cet anniversaire pour souligner son rôle dans la “diplomatie” étasunienne au cours de cette période, de 1969 à 1977.

Comme feu Zbigniew Brzezinski, le stratège mondial qui a servi les présidents du Parti démocrate, Kissinger était un migrant européen aux États-Unis. Et il a lui aussi fourni le cadre intellectuel des politiques impérialistes pendant la guerre froide. Kissinger a justifié les meurtres de masse commis sous les présidents républicains, Brzezinski l’a fait sous les présidents démocrates.

La plupart des médias de la classe dirigeante feront son éloge. Certains souligneront ses faiblesses. Pour ceux qui, comme Workers World, évaluent son rôle du point de vue des peuples travailleurs et exploités du monde, ce qui ressort, ce sont ses crimes et le fait que l’objectif de ces crimes était de poursuivre la domination d’une grande partie du monde par un petit groupe de capitalistes et de banquiers ultrariches.

Ses plus grands crimes – et ce ne sont pas les seuls – ont été commis à l’encontre des peuples d’Asie du Sud-Est, en particulier les Vietnamiens et les Cambodgiens.

Certes, ce sont les démocrates de l’administration Lyndon Johnson qui ont intensifié la guerre et envoyé plus d’un demi-million de soldats US au Viêt Nam en 1968. Mais l’offensive du Têt, qui s’est déroulée en janvier et février de cette année-là, a montré la faiblesse de l’intervention étasunienne. Fin 1969, assiégée par les protestations, l’administration Nixon avait déjà commencé à retirer ses troupes ; des négociations devenaient inévitables.

Kissinger et Nixon ont bien entamé des négociations, mais leur politique prévoyait une intensification des bombardements sur le peuple vietnamien. Pour tenter d’empêcher les Vietnamiens de libérer leur pays, Kissinger a même menacé d’utiliser des armes nucléaires contre eux. En fin de compte, les États-Unis ont déversé sur le Viêt Nam un tonnage de bombes supérieur à celui que tous les bombardiers alliés ont largué sur l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a coûté la vie à des millions de Vietnamiens.

Kissinger a aussi encouragé le bombardement du Cambodge, renversant le gouvernement neutre et tuant des centaines de milliers de Cambodgiens dans les campagnes. Cette politique a créé une situation chaotique qui a entraîné la mort de nombreux autres Cambodgiens.

En 1973, le comité Nobel a tenté d’offrir le prix de la paix à Kissinger et au patriote vietnamien Le Duc Tho, parce qu’ils avaient tous deux signé le traité de paix. C’était une insulte au peuple vietnamien qui luttait pour sa libération. Le Duc Tho, alors porte-parole de la délégation nord-vietnamienne aux pourparlers de paix de Paris, a refusé de l’accepter conjointement avec le criminel de guerre. Les communistes vietnamiens n’étaient pas seulement héroïques, ils avaient des principes.

En tant que secrétaire d’État, Kissinger a supervisé le renversement made in CIA du gouvernement élu de Salvador Allende en septembre 1973 au Chili. Celui-ci a été remplacé par la dictature militaire du général Augusto Pinochet, qui a assassiné des dizaines de milliers de Chiliens et qui a ouvert le pays à une prise de contrôle par les banques et les entreprises impérialistes.

Les politiques de Kissinger ont également donné le feu vert aux généraux argentins pour torturer, assassiner et arrêter des dizaines de milliers d’Argentins. Malgré son amour pour les généraux argentins, Washington a soutenu son associé minoritaire, l’impérialisme britannique, dans la guerre de reconquête des îles Malvinas de l’Argentine en 1982.

Cette liste omet de nombreux crimes de Kissinger. Mais elle est suffisante pour tirer une conclusion.

La question importante n’est pas de savoir si Kissinger a été un stratège efficace pour les intérêts impérialistes étasuniens. Cette question n’intéresse que la classe dirigeante.

La question importante est de savoir ce qui s’est passé à la suite de sa conduite. Notre conclusion : pour développer les intérêts d’une petite classe de milliardaires, Kissinger a fourni la stratégie permettant de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Ceux qui ont lutté contre ces crimes ont fait ce qu’il fallait. Ceux qui défendent ces crimes et célèbrent les anniversaires de leurs auteurs centenaires sont les ennemis de la grande majorité des peuples du monde.

 

Source originale : Workers World

Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

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