Le 28 novembre 2000, un chahut pacifique organisé au Parlement européen par Bahar Kimyongür visant à dénoncer les massacres de prisonniers politiques en Turquie vire au lynchage médiatique dans la presse officielle turque. A la lecture des gros titres de l’époque, on s’aperçoit que notre ami et collègue Bahar Kimyongür a été condamné bien avant que les tribunaux belges, hollandais et espagnols ne s’occupent de lui.
L'article de Hürriyet du 20 décembre 2000 en page 3 porte sur l'assaut militaire dans les prisons et les actions de protestation qui se sont déclenchées dans la foulée en Turquie et en Europe.
Au lieu de s'indigner du massacre en cours dans 20 prisons de son pays, le journaliste du grand quotidien turc se scandalise de la présence de M. Kimyongür à une manifestation autorisée devant l'ambassade de Turquie à Bruxelles et le présente sous le titre "Yine o adam", ce qui signifie: "Encore cet homme."
Sur la même page, côté droit, il est indiqué que M. Kimyongür aurait "vomi sa haine" (Kinini eylemde kustu) sur l'Etat turc. Interrogé par la RTBF, Bahar Kimyongür n'a pourtant tenu aucun propos violent. Sur la photo, on le voit serein et surtout affaibli par 45 jours de grève de la faim menée en solidarité avec les prisonniers politiques turcs.
Or on aperçoit sur la photo publiée par la gazette que Bahar Kimyongür ne s'adresse non pas au ministre Ismail Cem mais au public, en brandissant des photos de détenus massacrés. Le ministre turc des affaires étrangères qui se trouve dans le dos de Kimyongür n'est donc nullement "terrorisé". Manifestement, les médias officiels turcs ont une bien curieuse conception du terrorisme.