Hugo Llorens, l’ambassadeur des USA au Honduras qui a reconnu avoir participé à des réunions où ont été discutés les plans de putsch avant le kidnapping du Président Zelaya, est un citoyen usaméricain d’origine cubaine, émigré à Miami dans le cadre de l’opération Peter Pan de la CIA.
le 7/7/2009
Spécialiste en terrorisme, il était directeur des Affaires Andines au Conseil National de Sécurité à Washington lors du coup d’État contre le Président Hugo Chávez (en avril 2002).
Pendant ses premières années d’activité diplomatique, il s’est installé une première fois au Honduras en tant que conseiller économique, et est passé, avec le même titre, par La Paz, en Bolivie. Il poursuit sa carrière comme attaché au commerce au Paraguay sous la dictature de Stroessner et plus tard à San Salvador comme coordinateur sur les narcotiques, une autre de ses spécialités.
Lors d’un passage inattendu dans une autre partie du monde, ce Llorens aux multiples facettes est envoyé aux Philippines comme simple fonctionnaire consulaire. De retour sur le continent usaméricain, il sera pendant trois ans Consul Général des USA à Vancouver, au Canada, où il se consacrera à la mise en place d’une plate-forme “multi-agences” qui permet l’ouverture, au sein même du consulat, de bureaux du FBI, de l’ATF (Bureau des Alcools, Tabacs et Armes à Feu), et du service des douanes des USA. Sans oublier les représentations du Service Secret et de Sécurité du Département d’Etat. Tout cela sous couvert de lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale.
L’ambassadeur Llorens présente ses lettres de créance au Président Zelaya le 19 septembre 2009. Quelque jours auparavant, Zelaya avait refusé de le recevoir, en signe de solidarité avec la Bolivie qui venait d’expulser l’ambassadeur Philip Goldberg
Aux côtés de ELLIOT ABRAMS et OTTO REICH
La Maison Blanche de George W. Bush va nommer le rusé Llorens en 2002 comme ni plus ni moins que Directeur des Affaires Andines au Conseil National de Sécurité à Washington, D.C., ce qui fait de lui le principal conseiller du Président sur le Venezuela.
Il se trouve que le coup d’Etat en 2002 contre le Président Hugo Chávez s’est déroulé alors que Llorens était sous l’autorité du Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires de l’Hémisphère, Otto Reich, et du très controversé Elliot Abrams (ancien conseiller en chef sur le Proche-Orient au National Security Council (NSC) et barbouze aux nombreux états de service en Amérique Centrale, NdT) .
Reich, lui aussi citoyen US d’origine cubaine, protecteur du chef terroriste Orlando Bosch(Cubain anti-castriste, impliqué dans de nombreux attentats, dont notamment l’attentat contre le vol civil Cubana 455 en 1976, NdT), avait été pendant trois ans ambassadeur des USA au Venezuela, de 1986 à 1989, et disait “connaître le terrain”.
Reich, depuis le Département d’Etat, s’était empressé d’apporter son soutien au Micheletti vénézuélien (Micheletti nommé Président par les militaires putschistes au Honduras, NdT), Pedro “Le Bref” Carmona (surnom donné par dérision à celui qui a vainement essayé de prendre la place de Chavez en 2002 juste pour quelques jours, NdT), et aux militaires factieux.
Otto Reich, membre à part entière du cercle des ex-faucons déplumés de la Maison Blanche, reste un des personnages les plus influents de la faune mafieuse de Miami. Son nom circule aujourd’hui entre les possibles conspirateurs de la camarilla putschiste de Tegucigalpa.
En juillet 2008, Llorens est nommé ambassadeur au Honduras en remplacement de Charles “Charlie” Ford, un individu chargé, sur instruction de Bush, de la tâche ingrate de proposer au Honduras d’accueillir Posada Carriles (autre émigré cubain impliqué dans de nombreux attentats contre des civils dont aussi celui de la Cubana, NdT). Zelaya avait répondu par un non sans appel et “Charlie” avait du informer ses chefs qu’ils devaient se garder leur « patate chaude » (le personnage était devenu embarrassant pour l’administration Bush en pleine campagne « anti-terroriste », NdT).
Le Général Vasquez se sentait déjà “sollicité”
Lors de l’arrivée de Llorens à Tegucigalpa, le 12 septembre 2008, le Président Zelaya, prenant acte du fait que la Bolivie venait d’expulser le représentant diplomatique des USA, pour cause d’ingérence, avait, en geste de solidarité, refusé de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur.
Huit jours plus tard, Zelaya recevait Llorens pour lui exprimer le malaise de son gouvernement face “à ce que subit le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud.”
Il convient à cet égard de se souvenir d’un événement intervenu alors. Le 22 septembre, tandis que Zelaya exprimait son “malaise”, le chef d’Etat-Major Conjoint des Forces Armées du Honduras, le Général Romeo Vásquez, le même leader putschiste qui appuie aujourd’hui Micheletti, avait déclaré à la presse locale qu’ “il y a des personnes intéressées à destituer le Président Manuel Zelaya”.
Le militaire fasciste ajoutait que le Président “subissait des critiques en raison des accords conclus avec le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua” et que “nous avons été sollicités pour renverser le gouvernement”.
“Mais nous représentons une institution sérieuse et respectueuse, donc nous respectons Monsieur le Président en tant que Commandant Général et nous nous plions à la loi”, assurait avec la plus grande hypocrisie celui qui aujourd’hui ordonne à ses troupes de tirer sur le peuple (Pinochet avait tenu le même discours en 73 avant le coup d’Etat, NdT) .
Le 22 juin dernier, le quotidien La Prensa révélait que s’était tenue la nuit précédente une réunion regroupant des responsables politiques influents du pays, des chefs militaires et l’ambassadeur Llorens, sous le prétexte officiel de “rechercher une issue à la crise”. Celle provoquée par la consultation populaire organisée par Zelaya.
Le New York Times devait confirmer plus tard que le Secrétaire d’Etat Adjoint pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental, Thomas A. Shanon, ainsi que l’ambassadeur Llorens, s’étaient “entretenus” avec des officiers supérieurs des Forces Armées et des leaders de l’opposition sur “les moyens de destituer le Président Zelaya, comment l’arrêter et définir quelle autorité s’en chargerait”.
Traduit par Pedro da Nóbrega. Édité par Fausto Giudice pour Tlaxcala
Source : Granma Internacional