Après s’être invitée dans la campagne présidentielle, la Guyane défraie les chroniques. Cette grève générale, qui a lieu dans l’une des dernières colonies occidentales en Amérique du Sud, révèle un malaise profond. Pendant longtemps, la priorité se trouvait ailleurs que dans le social. C’était, par exemple, extraire de l’or….pour nourrir les populations, peut-être? A l’époque Ministre de l’Economie et de l’Industrie, Emmanuel Macron avait même promis de “tout faire” pour que le plus grand projet d’extraction minière d’or de la France eut lieu en Guyane. Pourtant, on a le droit de se poser des questions sur la politique française -et de l’Union Européenne – et ses besoins d’approvisionnement en matières premières. Pour cela, nous avons interrogé Patrick Monier, le Président de l’association Maiouri Nature Guyane.
La zone d’exploitation minière du projet Montagne d’Or est proche d’une réserve biologique. Des études sur l’impact environnemental ont été rendus publics ?
Les études devraient être rendues publiques dans les mois a venir. La Société BIOTOPE est en charge de cette fonction. Nous nous interrogeons sur un risque possible de conflit d’intérêt car cette société est appelée par son commanditaire a suivre, contre rétribution, la phase “compensation” du projet.
Un courrier laisse apparaître que, pour une éventualité de demande de dérogation sur des espèces protégées, daté de mars 2016, le travail fourni par Biotope était insuffisant et demande de “démontrer l’effectivité d’une pression d’observation (…) conséquente”.
La population locale a-t-elle été consultée?
Absolument pas, ce qui a été dénoncé par le Conseil Consultatif des Populations Amérindiennes et Bushinengué ( CCPAB ). Nous avons soutenu sa démarche dans un communiqué du 8 /12/16. Vous pouvez le consulter sur notre site Maiouri Nature Guyane
L’état français a mis en avant une série d’engagements dans le cadre de la COP 21. L’extraction d’or est-elle compatible avec ces déclarations ?
Bien entendu que non car, comme nous l’indiquons dans notre dossier de presse, les conséquences environnementales seront importantes, durables et en opposition complète avec la parole de la France lors des engagements de la COP21.
Selon vous, les promesses d’emploi peuvent-elles justifier un tel projet au regard des conséquences environnementales?
Encore une fois, non, car il faut dire que l’industrie minière en Guyane, qu’elle soit légale ou illégale, embauche actuellement à plus de 90% des employés originaires des pays voisins, Surinam et surtout Brésil.
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Le 22 février dernier, 20 associations françaises demandaient l’arrêt immédiat du projet “Montagne d’or” porté par les sociétés Columbus et Nordgold en Guyane, ainsi qu’un moratoire sur tout projet de méga-mine industrielle d’or dans cette région, située au cœur de la forêt amazonienne (voir le communiqué de presse joint). Il est impératif de préserver l’exceptionnelle biodiversité guyanaise, tout en respectant les droits des peuples autochtones qui s’y trouvent.
Nos organisations appellent toutes les associations, collectifs, initiatives citoyennes, etc. du monde entier à soutenir cette lutte. L’Amazonie toute entière est menacée par la multiplication de ces projets industriels. La France devrait promouvoir des projets respectueux de l’environnement et pérennes pour les populations locales plutôt que d’ouvrir la porte à des méga-projets portés par une logique prédatrice avant tout.
Pour soutenir cet appel, nous vous demandons d’envoyer à l’adresse suivante : contact-guyane@isf-systext.fr un message électronique confirmant votre soutien, accompagné, si vous le souhaitez, du logo de votre organisation.
La liste des soutiens sera transmise le 7 avril 2017 aux candidats aux élections présidentielles et législatives françaises. L’objectif étant de peser sur les futures politiques minières françaises, en montrant que la société civile internationale sera vigilante aux décisions prises par l’État français. Nous vous rappelons qu’une pétition ayant réuni plus de 60 000 signatures est actuellement en cours et que vous pouvez signer individuellement ici.
Source : Le Journal de Notre Amérique n°24