Je dois écrire mon témoignage maintenant, demain risque d’être bien plus terrible. Les ordres « Clemenceau », seuls les bons élèves en histoire peuvent savoir ce que le Ministre a voulu exprimer avec ses mots. Clemenceau, alors Ministre de l’Intérieur, avait fait tuer, occuper par l’armée le pays minier. La voie est prise.
Donc, ce matin j’étais allé donné un coup de main aux copains Gilets Jaunes de GISORS. J’étais dans le coin pour affaires personnelles. Un rond point, un bord de route avec nos gilets jaunes. Des signes vers les conducteurs dont certains s’arrêtaient pour discuter. Actions sans casse, sans l’ombre d’une agressivité…
La Gendarmerie est arrivée. « Vos papiers ! », « de suite à la Gendarmerie ! » Sur place, ils vous prennent photo et empreintes digitales ! Vous imaginez le délit, Gilets jaunes ! Ca ne rigole pas ça, c’est grave ! Tac, ça tombe. J’imaginais, naïf, que dans une petite ville existait un effort de dialogue. Les ordres sont les ordres, et tant pis pour la recherche de sérénité dans ces petites villes de campagne. L’armée est aux ordres.
Beaucoup de présents étaient jeunes, n’avaient pas l’expérience. Beaucoup d’émotions, je pense aux copains d’Argenteuil venus en solidarité. Une pratique de la peur, des ordres pour dissuader, faire taire…. Soumettre ! Des pratiques insultant l’idéal républicain. Un avant gout de ce qui se prépare pour demain.
J’ai refusé photo et empreintes, j’ai demandé à sortir de cette audition « libre ». Avantage de l’expérience, y compris des leçons des Résistants, savoir dire « non », dire stop. Convocation officielle pour la semaine prochaine préparée avec avocat. Il n’y aura pas plus de photo, pas plus d’empreintes … Et s’ils veulent un procès il y aura procès. La cour des Droits de l’Homme Européenne juge abusive ces pratiques. Je suis fort d’un combat de justice, de liberté.
Source : Investig’Action