4 février 1962, dix mois après la première débâcle de l’impérialisme yankee à Playa Girón, la seconde Assemblée nationale du peuple de Cuba se réunit sur la place de la Révolution à la Havane. La veille, les États-Unis déclenchait un embargo contre le pays, expulsé de l’OEA quelques jours auparavant.
Devant plus d’un million de personnes, le commandant Fidel Castro prononce un discours destiné à marquer les livres d’histoire. Évoquant la lutte historique pour l’émancipation et identifiant l’impérialisme comme l’ennemi principal des peuples latinoaméricains, le leader de la révolution lance un appel exaltant et prophétique à la “masse anonyme qui commence à entrer définitivement dans sa propre histoire”.
“Désormais, l’histoire devra faire cas des pauvres d’Amérique latine, des exploités et des vilipendés d’Amérique latine, qui ont décidé de commencer à écrire eux-mêmes, pour toujours, leur propre histoire.
[…]
Et cette vague de rancœur frémissante, de justice réclamée, de droit bafoué, qui commence à se soulever des terres d’Amérique latine, cette vague ne retombera plus jamais. Cette vague enflera de jour en jour. Parce que cette vague est formée par le plus grand nombre, par ceux qui sont majoritaire dans tous les domaines, par ceux qui, avec leur travail, accumulent les richesses, créent les valeurs, font avancer les roues de l’histoire et qui se réveillent maintenant du long sommeil abrutissant dans lequel on les avait plongés.
Cette grande humanité a dit : « Assez ! » et s’est mise en marche. Et sa marche de géants ne s’arrêtera qu’à la conquête de la véritable indépendance, pour laquelle ils sont morts plus d’une fois en vain. Quoi qu’il arrive, ceux qui meurent maintenant, mourront comme ceux de Cuba, comme ceux de Playa Girón : ils mourront pour la seule, véritable et inaliénable indépendance.
La Patrie ou la Mort !
Nous vaincrons !”
Source : Journal de Notre Amérique nº 23