Des condamnations à géométrie variable! 

A Zurich, début mars dernier, un juif religieux a été agressé par un jeune musulman d'origine tunisienne, ce qui a provoqué l’indignation générale. Considéré comme étant un acte terroriste, puisqu’on avait rappelé le cheminement de ce jeune vers le radicalisme islamiste, cette agression a fait la Une de plusieurs médias et a été condamné par les représentants des différentes religions et surtout par l’ensemble de la classe politique toutes tendances confondues. 

Parmi ceux-là, plusieurs ont mis l’accent sur la nécessité et l’urgence de renforcer les lois existantes dans la législation suisse en vue de combattre l’antisémitisme en particularisant ce délit. La loi serait ainsi plus sévère pour tout acte antisémite que les autres délits de type raciste ou confessionnel. Cette tendance suscite un certain nombre d’interrogations notamment sur la légitimité morale de cette espèce de « ségrégation » entre les victimes du racisme et le risque de basculer dans la « discrimination positive » à la française, ce qui est un autre débat. On serait tenté de conclure qu’il existe des racismes plus ou moins tolérables que d’autres, qu’il y a une hiérarchie à établir entre les racismes et leurs victimes, et que certaines communautés doivent être plus protégées que d’autres ?

Deux semaines après l’agression de Zurich et la vague d’indignation officielle qu’elle a suscité, ainsi que la crainte de voir les événements de Gaza impacter la cohabitation pacifique entre les multiples communautés en Suisse, la banlieue de Saint Gall a connu une agression semblable. Mais la victime était différente quant à son appartenance confessionnelle. Il s’agissait en effet d’un père et de son fils, qui sont tout les deux des citoyens suisses d’origine libanaise, qui ont été sauvagement agressés par un individu qui les a d’abord interpellés : « êtes-vous musulmans ? ». Ils ont eu le malheur de répondre par l’affirmative et l’agresseur les a attaqués à l’arme blanche, ce qui a été confirmé par l’enquête policière non sans écarter l’hypothèse de l’homicide volontaire.

Contrairement à l’agression du religieux juif, cette attaque n’a pas provoqué de vague d’indignation officielle et ce, malgré le témoignage des victimes ainsi que le reportage de la télévision suisse-allemande, qui a confirmé que l’agression en question était de nature terroriste motivée par des raisons raciales. Plus étonnant et affligeant, il n’y a eu aucune réaction politique, pas même de la Commission fédérale de lutte contre le racisme, ni du Conseil des religions, qui a justifié sa non-réaction par l’argument selon lequel il faudrait d’abord attendre l’issue de l’instruction avant toute condamnation, alors que les faits démontrent le caractère manifestement terroriste de l’agression.

En réalité, l’absence de condamnation recèle implicitement une « tolérance » officielle ou non-officielle de l’islamophobie en Suisse. La propagande islamophobe du parti d’extrême-droite, dont la diabolisation des musulmans est au cœur des campagnes électorales, en est la preuve factuelle.

Devant la recrudescence et la banalisation de l’islamophobie due essentiellement à un discours haineux de l’extrême droite et l’absence presque totale de la gauche ( par calculs électoraux), la communauté musulmane se sent lâchée et attaquée de tous bords et désignée comme l’origine de tous les maux de la Suisse. Cette même communauté n’a de cesse d’appeler à une vie paisible avec toutes les autres communautés dans le respect des lois de ce pays. Nous appelons les autorités suisses à travailler pour la protection de nos droits et contre ce fléau de l’islamophobie devenu malheureusement banal dans la société suisse.

Nous appelons les autorités suisses à travailler pour la protection des droits de ses citoyens et des populations qui y vivent, sans discrimination, quelles que soient leurs origines. L’antisémitisme, comme l’islamophobie et toutes les formes de xénophobie, doivent être combattus par tout le monde, pour que tout un chacun soit rassuré qu’il n’est pas un sous humain qui a la même dignité et les mêmes droits que tout autre humain.


Source: investig’Action

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