Ce 2 mai 2007, 100 personnalités culturelles, sociales et politiques publient un « Appel » demandant à la Ministre de l’Audiovisuel Fadila Laanan de susciter l’organisation d’un vaste débat auprès du public sur « + de pub à la RTBF ? », avant que le Parlement n’examine d’éventuelles modifications à apporter à deux décrets qui fixent les bases légales de la radiodiffusion communautaire.
Juste dix ans après la présentation d’un « Appel » pour la création d’un journal télévisé quotidien pour les enfants qui aura pour conséquence la création des « Niouzz » par la RTBF, une centaine de personnalités adhèrent à une nouvelle revendication : elles demandent l’organisation d’un grand débat public concernant la présence de la publicité sur les antennes du service public : en faut-il davantage, convient-il d’adopter un stato quo ou faut-il préparer la suppression de la publicité à court ou moyen terme ?
Pour davantage de publicité à la RTBF ?
Que le débat ne soit plus confisqué à la population
Les signataires du présent « Appel » ne tiennent pas à entamer ici le débat « Faut-il davantage de rentrées publicitaires à la RTBF ou non ? ».
Ils constatent simplement que ce débat est actuellement confisqué à la population. Ils exigent donc qu’il ait lieu et souhaitent que la Ministre de l’Audiovisuel invite le Ministère de la Communauté française à l’organiser avant que les parlementaires n’en soient à leur tour saisis prochainement lorsqu’ils seront invités à modifier (ou non) deux décrets qui limitent actuellement la publicité sur le service public.
Texte de l’Appel
Pendant que les responsables politiques débattaient de l’euthanasie ou du vote des étrangers, la RTBF traitait de ces thèmes dans ses émissions d’information et notamment dans « Mise au Point ». Il en est de même pour tous les autres grands sujets de société à l’exception d’un seul, celui du développement publicitaire dans le service public.
En 2006, pendant les six mois durant lesquels les parlementaires se penchèrent sur le nouveau contrat de gestion de la RTBF, Jean-Paul Philippot, l’administrateur général du service public, a en effet exigé que la RTBF respecte une stricte neutralité et ne priviliégie aucun point de vue.
On peut éventuellement comprendre ce positionnement car, sur ce thème, la RTBF est juge et partie, mais dès le contrat de gestion signé, cette consigne du silence fit place à celle de la propagande ! Le seul programme sur l’évolution des règles publicitaires ertébéennes auquel eut droit le public sera une discussion radiophonique d’une heure trente, le 23 octobre dernier, sur La Première. Le panel était composé de deux responsables de la RTBF et de la directrice du Conseil de la Publicité. Aucun représentant du secteur associatif impliqué n’y fut convié (La Ligue des Familles, Le CRIOC, etc.), pas plus que les associations anti-publicitaires (RAP, Respire). Sur cette thématique, la RTBF n’a donc pas respecté son obligation d’offrir à ses usagers « une information objective, honnête, indépendante, rigoureuse, pluraliste, complète, analytique, interpellante et suscitant la réflexion et le débat sur les enjeux démocratique de la société » (contrat de gestion, article 17, point 2).
Et pourtant, le débat intéresse un large public de plus en plus inquiet par l’omniprésence des publicitaires dans l’espace public. Ne faudrait-il pas s’interroger très sérieusement sur le fait de savoir s’il faut favoriser ou non le renforcement de la présence des annonceurs à la RTBF au moment précis où, pour lutter contre le réchauffement climatique, il va falloir probablement induire un ralentissement drastique de la consommation ?
Heureusement, ce déni démocratique d’information et de débat pourrait être réparé !
Depuis le 1er janvier dernier, les nouvelles règles concernant la publicité prévues dans le nouveau contrat de gestion voient leur application gelée.
En effet, la Ministre de l’audiovisuel Fadila Laanan et la Direction de la RTBF les ont signées anticipativement. Il faut encore que le Parlement modifie deux décrets qui constituent les bases légales de la radiodiffusion communautaire. Ainsi, la majorité au pouvoir et la RTBF ont tenté d’imposer par la voie du fait accompli leur vue aux Parlementaires.
Ces derniers vont donc devoir prochainement ouvrir le débat et éventuellement amender les deux décrets concernés. Il s’agit ni plus, ni moins de savoir si la RTBF pourra engranger davantage de recettes publicitaires jusqu’en 2012 et si le feu vert lui sera également accordé ainsi qu’aux autres télévisions de la Communauté française pour qu’elles puissent avoir recours à la publicité interactive ou virtuelle, aux écrans partagés, etc.
Il nous semble donc indispensable que le public puisse enfin être largement informé et débattre de ce thème de société qui influence son quotidien avant que le Parlement ne se saisisse de ce dossier.
Nous demandons donc à la Ministre de l’audiovisuel d’inviter le Ministère de la Communauté française à organiser de manière pluraliste (enfin !) ce débat public à la manière des Etats Généraux de la Culture .
Faut-il privilégier une augmentation ou un statu quo de la pub? Notre service public pourrait-il (re)devenir rapidement une chaîne télévision sans publicité comme sa consoeur flamande, le VRT ? Pourquoi ne pas adapter à la Communauté française la 81ème proposition du Pacte Présidentiel de Ségolène Royal : « Taxer les recettes publicitaires des chaînes privées en faveur de l’audiovisuel public » ?
Si l’on envisage le développement des rentrées publicitaires à la RTBF, il faut alors également s’interroger sur les répercussions négatives qui pourraient en découler sur l’état de viabilité déjà précaire de la presse écrite dû notamment à la diminution significative des investissements de ses annonceurs depuis les années ’90.
Actuellement, alors que la RTBF doit limiter ses rentrées publicitaires à 25% de son budget, l’emprise des annonceurs sur ses programmes et ses priorités est déjà prégnante. Il est indispensable qu’un débat nourri et contradictoire permette au public d’indiquer à nos parlementaires pour quelles raisons il souhaite ou non que le lobby publicitaire y soit encore davantage influent ou non.
Liste des 100 premiers signataires
Marc Abramowicz (psychothérapeute),
Philippe Andrianne (secrétaire général de La Ligue des Familles),
Nicolas Ancion (écrivain),
Fabienne Aucant (programmatrice Les Halles de Schaerbeek),
Laurent Arnauts (directeur du « Journal du Mardi »),
Jean Bricmont (professeur UCL),
Mohammed Boukourna (député PS à la Chambre),
Christian Brotcorne (président du groupe CDH du Sénat),
Hervé Brindel (Parapub au GSARA, Groupe socialiste d’action et de réflexion sur l’audiovisuel),
Marcel Cheron (président du groupe Ecolo au Parlement de la Communauté française),
Michel Collon (journaliste, écrivain),
Raymond Coumont (président de la CSC Wallone),
Jean-Luc Crucke (député – bourgmestre MR),
Dacos (graveur),
Georges Dallemagne (secrétaire national CDH),
Martine Dardenne (sénatrice honoraire),
Philippe Defeydt (économiste),
Jean-Marie Dermagne (bâtonnier du Barreau de Dinant),
Corinne De Permentier (députée fédérale MR, ancienne Ministre de l’Audiovisuel),
Monika Dethier-Neunann (députée wallone et germanophone Ecolo)
Michel Devriese (coordinateur de la Fondation pour la santé dentaire),
Carlo Di Antonio (coordinateur Dour Festival, député CDH),
Michele Di Nano (président communautaire des Equipes Populaires),
Yves de Jonghe d'Ardoye (député et échevin à Ixelles),
Anne-Sophie de Dekeyser (rédactrice en chef du bulletin du LIBREX),
Christian Delcourt (administrateur de la télévision locale RTC),
Céline Delforge (députée bruxelloise Ecolo),
Paul Delmotte (professeur à l’IHECS),
Francis Delpérée (sénateur CDH et professeur à l’UCL),
Gilbert Demez (professeur UCL),
Thierry De Smedt (professeur, UCL),
Josy Dubié (sénateur Ecolo),
Jean-Philippe Ducart (porte-parole de Test Achats),
J-F. Dumont (président de l’Institut de Journalisme, maître de conférence à l’UCL),
Pascal Durand (professeur au Département des arts et sciences de la cummunication, Ulg),
Isabelle Durant (sénatrice et secrétaire fédérale d’Ecolo),
Bernard Duterme (directeur du Centre tricontinental, louvain-la-Neuve),
Marc Elsen (député CDH),
Jean Flinker (Attac-Bruxelles),
Philippe Fontaine (député wallon et communautaire MR),
Bernard Francq (professeur, Unité d'anthropologie et de sociologie, UCL),
Ezio Gandin (administrateur des Amis de la Terre),
Zoé Génot (députée fédérale Ecolo),
Nadia Geerts (philosophe, présidente du Cercle Républicain),
Michèle Gilkinet (présidente de GRAPPE),
Jean-Baptiste Godinot (président de Respire),
Goossens Roland dit Gos (auteur BD, Le Scrameustache),
Thomas Gunzig (auteur),
Benoît Grevisse (professeur à UCL, Observatoire du récit médiatique),
Bernard Hennebert (coordinateur de Consoloisirs.be),
Nico Hirtt (essayiste, membre de l'Appel pour une école démocratique),
Thierry Jacques (président du Mouvement Ouvrier Chrétien),
Jean-Michel Javaux (secrétaire fédéral et porte-parole d’Ecolo),
Claude Javeau (professeur émérite ULB),
Jean-Jacques Jespers (professeur ULB),
Richard Kalisz (metteur en scène et professeur),
Kanar (dessinateur de presse),
Françoise Klein (directrice Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc Bruxelles),
Paul Lannoye (député honoraire européen),
Bernard Legros (Résistance à l’Agression Publicitaire),
Philippe Leruth (membre du comité directeur de la Fédération Européenne des Journalistes),
Jacques Liesenborghs (ancien vice-président du CA de la RTBF),
Paul Löwenthal (économiste, prof. émérite à l'UCL),
Xavier Löwenthal (auteur, éditeur, éd. La 5e Couche),
Gilles Martin (éditeur Aden),
Yves Martens (coordinateur du Collectif Solidarité Contre l’Exclusion),
François Martou (professeur émérite à l’UCL),
Jacqueline Miller (membre du Bureau Européen de l’Environnement),
Philippe Moins (directeur artistique Anima),
P-Y. Monette (expert en bonne gouvernance, professeur au Collège d’Europe),
Marc Moulin (musicien, auteur),
Jean-Marc Nollet (député fédéral Ecolo, ancien vice-président du CA de la RTBF),
Jean-Luc Outers (écrivain),
Christian Panier (magistrat, enseignant UCL et IHECS),
Isabelle Pauthier (directrice de l’ARAU),
Bruno Ponchau (conseille provincial Ecolo , Brabant-Wallon),
Jean-Paul Procureur (député CDH),
Yves Reinkin (député Ecolo au Parlement de la Communauté française),
Pierre-Paul Renders (réalisateur),
Anne-France Rihoux (secrétaire générale Inter-Environnement Bruxelles),
Jorge Rozada (directeur d'école fondamentale),
André Ruwet (rédacteur en chef Imagine – Demain le monde),
Christiane Stefanski (chanteuse interprète),
François Schreuer (Les démonteurs de pub)
Henri Simons (PS),
Marc Sinnaeve (professeur à l’IHECS),
Sondron (dessinateur de presse),
Eric Toussaint (président de CADTM Belgique),
Georges Trussart (sénateur honoraire),
Marc Vandercammen (directeur général du CRIOC),
Benoît Van der Meerschen (président de la Ligue des Droits de l’Homme),
Felipe Van Keirsbilck (président du comité bruxellois de la CSC),
Dan Van Raemdonck (professeur ULB, président d’honneur de La Ligue des Droits de l’Homme),
Patrick Verniers (directeur Média Animation, secrétaire général Charte Européenne pour l'éducation aux médias),
Marie-Noëlle Vroonen-Vaes (La Meute – Belgique),
Grégoire Wallenborn (chercheur, ULB),
Paul Wattecamps (concepteur Télévision du Monde),
Michel Wautot (président Hommes et patrimoine),
Arnaud Zacharie (directeur de recherche au CNCD), etc.
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