C’est l’histoire d’une femme qui se fait expulser de chez elle alors qu’elle a grandi là. C’est l’histoire de sa fille qui s’est fait casser l’épaule par les “forces de l’ordre” pendant l’expulsion. Celle de son fils qui, un an plus tard, se réveille souvent la nuit en pleurant. C’est une histoire qu’elle nous raconte, celle de leurs tentatives juridiques. Son histoire est violente et je pense qu’elle aurait préféré que ce ne soit pas la sienne. Lors de l’expulsion les soldats ne les ont même pas laissées mettre leur voile et leurs chaussures.. La famille est sortie en pyjama, sur le trottoir.
Les colons se sont installés la même journée, le soir même les enfants des colons jouaient avec les jouets des enfants palestiniens, sans qu’elle ne puisse même crier contre ça.
C’est l’histoire de cette femme qui s’est donc installée sur le trottoir d’en face. On lui a mis des amendes pour qu’elle quitte ce bout de bitume sous le figuier. Cette famille s’est fait démonter et confisquer sa tente quinze fois durant cette année, cette tente sous laquelle ils survivaient en espérant retourner chez eux.
Aujourd’hui elle et sa famille ont un appartement pour les nuits. Tous les matins elle se lève, prépare le petit déjeuner pour les enfants, et vient devant sa maison. Ils s’assoient sur un canapé sous le figuier et contemplent ce dont ils n’ont plus que l’acte de propriété. Aujourd’hui l’eau et l’électricité leur sont encore facturés.
C’est l’histoire de cette femme qui voit tous les jours les colons rentrer chez elle, dans sa maison, eux qui se moquent régulièrement d’elle. On leur a volé jusqu’aux meubles, laissés en dépôt sur un terrain au bout de la rue alors qu’ils étaient bloqués par les soldats.. Les gens se sont servis..
Le 20 mars 2010, ils ont reçu les frais d’expulsion.. S’ils ne les payaient pas, c’est la prison qui attendait le papa. Régulièrement les colons les provoquent. On leur a déjà jeté des cailloux.
Le 15 mai dernier, les Israéliens fêtaient le 62ème anniversaire de la création d’Israël. Beaucoup de memebres de la famille de colons sont venus pour l’occasion. Nombreux leur ont demandé de rentrer chez eux, “en Jordanie”..
C’est l’histoire de cette femme dont les ancêtres ont planté les arbres du quartier. Aujourd’hui elle attend sous l’un d’eux de retourner chez elle.