Bolsonaro a été élu ce dimanche avec 56% de voix environ, contre 44% de voix pour Fernando Haddad, à l’heure où ces lignes sont rédigées. Son programme se résume, pour reprendre ses propos, à : « un nettoyage jamais vu dans l’histoire du Brésil ».
Quelques figures de la barbarie néo-fasciste
Voici de manière abrégée le portrait- et celui de quelques membres de son gang- de celui qui va gouverner par la terreur et l’écrasement le Brésil, au profit des classes exploiteuses, des néo-esclavagistes du 21ème siècle, de l’impérialisme US, et le conduire fatalement vers l’abîme.
Réélu systématiquement, Bolsonaro a siégé 26 années au Parlement durant lesquelles il a présenté 170 propositions de lois, dont deux seulement ont été discutées.
Au Parlement, il s’est abjectement distingué en votant pour une loi considérant la torture comme une pratique légitime, mais aussi en appelant à la répression contre les homosexuels, tout en tenant régulièrement discours racistes, et discriminatoires des femmes. Ces agissements et propos lui ont valu trente poursuites judiciaires et trois condamnations. En 2003, il fut condamné par la justice à une amende de 150 000 reais, pour propos racistes, homophobes et incitation au viol, suite à l’agression verbale, dans l’enceinte du Parlement, de la députée du PT, Maria Rosario : « Tu ne mérites pas d’être violée. Tu es trop laide pour ça !
D’autres condamnations furent prononcées contre lui pour propos racistes à l’encontre des Afro-Brésiliens et des Quilombolas. (Communautés d’anciens esclaves afro-brésiliens qui réclament à ce jour la reconnaissance par l’État des terres sur lesquelles ils vivent et travaillent).
Au Parlement, il a systématiquement voté pour les lois antisociales, proposées par le gouvernement de l’usurpateur, golpiste et mouchard de l’ambassade US, Temer.
Il fut un ardent défenseur de la loi imposant le gel des dépenses publiques dite « loi de la mort et de la fin du monde », en 2017, pour une durée de 20 ans.
L’un de ses votes les plus odieux, expression de sa haine de classe, concerne le rejet de la création d’une législation protégeant les droits des femmes de ménages, – « trabalhadoras domesticas », une profession surexploitée dans un Brésil non libéré des stigmates de l’héritage esclavagiste. Au plan économique il voté avec enthousiasme pour la vente des puits de pétrole off-shore aux multinationales.
Un anti-corruption corrompu jusqu’à l’os
Anti-corruption autoproclamé, la justice électorale a pu néanmoins établir contre lui l’existence entre 2000 et 2014 d’une « caixa dois », –caisse noire– pour ses campagnes électorales, renflouée par des dons financiers non déclarés et des pots-de-vin –propina-. À cet effet son nom figurait sur la liste des hommes politiques véreux, publiée par le site du Tribunal Supérieur Électoral en 2014.
Entre 2006 et 2018, soit en 12 ans, son patrimoine, sur la base de sa déclaration de biens pour l’élection présidentielles au TSE, augmenté de 168%, passant de 434 000 reais -100 000 euros environ-, à environ à 2 millions 287 000 reais, alors que son salaire de député est de 24 000 reais nets.
En 2009, une de ses ex-épouses, Cristina Siqueira, s’est refugiée avec leur fils en Norvège, et demandé à l’Ambassadeur du Brésil, Carlos Henrique Cardim, de l’aider à obtenir l’asile politique, suite aux menaces de mort proférées par son mari. Elle a certes démenti ses propres aveux, en septembre 2018, soit neuf années plus tard, malgré les documents consulaires confirmant ses aveux et sa démarche, publiés par ailleurs par la presse.
Dans une enquête s’appuyant sur les documents de la Policia civil de Rio de Janeiro, la presse brésilienne relate par ailleurs l’accusation faite par cette même ex-épouse du vol commis par Bolsonaro en octobre 2007, alors que le couple s’était engagé dans une procédure de divorce, de 30 mille dollars, de 800 mille reais – en bijoux, -200 000 euros-, et 200 mille reais en espèces-50000 euros-. Ces sommes et ces bijoux avaient été déposés dans le coffre-fort d’une agence de la banque du Brésil, à Rio de Janeiro, par son ex-épouse.
Son fils Eduardo, député fédéral, n’est pas en reste. De 2014 à 2018, le patrimoine de cet homme de haine et d’Ordre nouveau, a augmenté de plus de 430%, passant de 205 000 reais -50 000 euros-, à 1milion 400 mille reais – 400.000 euros environ-
Le général Mourâo. Le colistier adorateur des tortionnaires
Ce lugubre personnage, qui aime traiter les Indiens du Brésil de fainéants et les Afro-Brésiliens de bandits, est un adepte de la torture.
En activité dans l’armée lors de l’opération, constitutionnellement illégale, de destitution de Dilma, Roussef, il déclara à des officiers de réserve que le remplacement du PT n’entraînerait pas de « changement significatif dans le pays. L’avantage de ce changement aura pour avantage d’éliminer l’incompétence, la mauvaise gestion et la corruption ». La même année, il rendra un vibrant hommage, à titre posthume, toujours devant un public d’officiers de réserve, au colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, ancien commandant de DOI-CODI de l’État de São Paulo -Détachement d’opérations et d’information et centre d’opération de défense interne, structures spécialisées dans la répression et la torture des opposants-, en déclarant « Il a combattu le terrorisme et la guérilla, il est donc un héros ».
Le colonel Ustra fut le premier militaire dont la justice brésilienne a établi en 2008 le rôle de tortionnaire pendant la dictature. Il a été reconnu coupable de la mort et de la disparition de 60 personnes et d’avoir torturé 500 femmes et hommes, parfois devant leur enfants. Autant de chiffres à mettre sous le nez du spécialiste des questions internationales de CNews, quant à son commentaire sur la « torture non excessive » sous la dictature militaire au Brésil.
Le gang du psychopathe
Dans cette galerie, il y a d’abord le chef du parti néo-fasciste Parti social-libéral, Gustavo Bebianno. Cet homme qui déclare détester la politique, est un mixte d’avocat et d’homme de main. Ceinture noire de jiujitsu et homme de confiance de Bolsonaro, il est pressenti pour le ministère de la justice. À côté de lui se tient le député fédéral Juliano Bezzera. Doté d’un physique de videur, violent et grossier, il est réputé pour user de méthodes expéditives. Lui aussi est appelé à de hautes responsabilités À ces deux individus prêts à tout, il faut ajouter Fernando Franceschini. Policier, aujourd’hui député fédéral, il fut Secrétaire à la sécurité publique de l’État de Parana. En 2015, il coordonna la violente répression de la police militaire et fédérale contre des enseignants qui manifestait pacifiquement devant l’Assemblée législative de l’État, provoquant 200 blessés graves par balles de caoutchouc et bombes lacrymogènes. Ce tableau serait incomplet sans l’inévitable figure théocratique et obscurantiste attitrée du gang, le pasteur et ex-sénateur néo-pentecôtiste, Magno Pereira Malta.
Enfin, citons un autre général, en l’occurrence Elieser Girao, député fédéral, donné comme futur ministre de la défense. Partisan d’une moralisation-épuration des institutions du pays, il milite pour l’emprisonnement des juges du Tribunal supérieur fédéral, une institution pourtant totalement acquise à la destitution de Dilma Roussef et au gouvernement de Temer.
L’allié politico-idéologique privilégié
Un parti politique fait totalement corps idéologiquement avec Bolsonaro, au point de constituer une phalange. Il s’agit du Parti de la rénovation travailliste du Brésil -PRTB, dirigé par Fidelix Levy. Ce ramassis de politiciens aventuriers et corrompus a pour originalité d’entretenir des liens fraternels avec les groupes néo-fascistes et néonazis du Brésil, parmi lesquels le Frente Nacionalista- Front nationaliste-
Le parti agit fanatiquement pour une plus grande participation de l’armée dans la vie publique, pour l’union entre l’État et la religion, et pour l’annulation de la Constitution de 1988.
En 2007, la presse démocratique révéla que le journal d’extrême droite, la Folha Politica, spécialisé dans la fabrication de fausses nouvelles et la falsification des faits historiques était financé par ce parti.
Les fils Bolsonaro
Il y a Flavio Bolsonaro. Sénateur fédéral, il s’est fait une spécialité dans la promotion de la généralisation du port d’armes et la baisse de l’âge légal pour les peines pénales. Il s’est distingué récemment dans la destruction d’une plaque en hommage à la militante et élue progressiste de Rio de Janeiro, la sociologue Marielle Franco, assassinée en mars 2018 par un groupe armé, équivalent des Escadrons de la mort. À ce jour aucune trace des assassins de Marielle, dans une ville qui a donné 60% de suffrages à Bolsonaro
L’autre fils, Eduardo Bolsonaro, député fédéral, milite pour la criminalisation des idées communistes, la répression des homosexuels, et pour l’interdiction de la politique des quotas, qui a permis à de nombreux Afro-brésiliens d’accéder aux études supérieures. Il a été le contact permanent du suprémaciste Steve Bannon pour l’organisation des manipulations électorales.
Ce gang et ces hommes, dont les valeurs sentent et suintent la mort, dont la langue est celle de la torture, de la terreur, de l’exclusion, du racisme, de l’exploitation économique et de l’oppression, ont inauguré cette nuit l’ère de la bestialité politique au Brésil. Leur bestialité.
Source : Investig’Action