Avec six nouveaux membres, les BRICS réclament un multilatéralisme inclusif et une réforme de l’ONU

Les BRICS ont décidé d’inviter six pays à rejoindre le bloc : l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Les dirigeants se sont également mis d’accord sur un futur plan d’expansion et ont appelé à une utilisation accrue des monnaies locales dans les échanges commerciaux, par opposition au dollar.

Le sommet de trois jours des BRICS en Afrique du Sud s’est achevé le jeudi 24 août par l’adoption de la déclaration de Johannesburg II, qui appelle à un “multilatéralisme inclusif” dans la politique mondiale. Le groupe a également annoncé son expansion.

Hôte de ce 15e sommet, le président sud-africain Cyril Ramaphosa en a annoncé les conclusions en déclarant que les dirigeants du bloc avaient décidé d’inviter six nouveaux membres – l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran et les Émirats arabes unis (EAU) – à compter du 1er janvier 2024.

Après l’inclusion de ces nouveaux membres, les BRICS représenteront 36 % de l’économie et 47 % de la population mondiale. Ramaphosa a également confirmé que sur base d’un consensus, le groupe avait décidé d’un processus d’expansion future.

Le sommet était organisé autour du thème “Les BRICS et l’Afrique : Partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif”. Outre Ramaphosa, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre indien Narendra Modi et le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov ont assisté au sommet. Le président russe Vladimir Poutine y a pris part virtuellement. Outre les membres des BRICS, plus de 60 autres pays ont également participé au sommet, et près de deux douzaines d’entre eux ont officiellement demandé leur adhésion.

La déclaration commune adoptée à l’issue du sommet souligne la nécessité d’accroître l’utilisation des monnaies locales dans le commerce international et les autres transactions financières. Elle indique que les membres des BRICS ont chargé leurs banques centrales de trouver des moyens d’accroître l’utilisation des monnaies locales dans le commerce international et de rendre compte de leurs succès lors du prochain sommet, qui doit se tenir en Russie.

La déclaration s’inquiète des conflits qui sévissent dans le monde et appelle à leur résolution pacifique. Elle demande également “la mise en œuvre complète et effective du Plan global d’action conjoint (JCPOA) [accord sur le nucléaire iranien] dans les plus brefs délais“.

Un multilatéralisme inclusif

La déclaration appelle à des réformes fondamentales de la gouvernance mondiale, en particulier au sein des Nations unies et de son Conseil de sécurité, afin de les rendre “plus démocratiques, représentatifs, efficaces et efficients et d’accroître la représentation des pays en développement au sein du Conseil“.

Le sommet a exprimé sa préoccupation quant à l’utilisation de “mesures punitives unilatérales” par certains pays, en totale contradiction avec les principes de la charte des Nations unies. Un appel a également été lancé pour un plus grand respect et une plus grande adhésion au droit international et à la charte de l’ONU.

La déclaration aspire aussi à la promotion des droits de l’homme, y compris le droit au développement. Et elle demande un examen non sélectif ni politisé de ces questions. La déclaration demande en outre que soient rejetées toutes les tentatives visant à lier le terrorisme à une religion, une nationalité ou une appartenance ethnique.

Les pays ont également appelé à la construction d’un consensus économique mondial et à la prise en compte des risques systémiques, tout en promouvant la coopération internationale pour faire face aux vulnérabilités de la dette et soutenir la reprise économique dans les pays touchés par la crise.

Ils ont demandé que la révision en cours du système des quotes-parts du Fonds monétaire international (FMI) soit achevée plus rapidement afin de restaurer leur “rôle principal” et ont exigé que “tout ajustement des quotes-parts se traduise par une augmentation des quotes-parts des marchés émergents et des économies en développement (EMDC) tout en protégeant la voix et la représentation des membres les plus pauvres“.

Rétablissement d’un système commercial multilatéral fondé sur des règles

Les pays des BRICS ont demandé un “système commercial multilatéral ouvert, transparent, juste, prévisible, inclusif, équitable, non discriminatoire et fondé sur des règles“, avec l’Organisation mondiale du commerce en son centre et un traitement spécial et différencié pour les pays en développement. Ces derniers temps, les pays développés, en particulier les États-Unis, ont sapé l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ils ont également appelé à la mise en place d’un “système agricole équitable et encadré par le marché, à éliminer la faim, à atteindre la sécurité alimentaire et à améliorer de la nutrition“, affirmant que “les mesures de restriction du commerce incompatibles avec les règles de l’OMC, y compris les mesures unilatérales illégales telles que les sanctions“, affectent le commerce agricole et doivent être annulées.

La déclaration souligne “l’importance pour le G20 de continuer à jouer le rôle de premier forum multilatéral dans le domaine de la coopération économique et financière qui comprend à la fois des marchés développés et émergents“.

Elle note que les pays des BRICS travaillent à la mise en place d’un “système de paiement rapide, peu coûteux, transparent, sûr et inclusif” pour le commerce international. Cette initiative est considérée comme une réponse à l’instrumentalisation politique des systèmes de paiement internationaux existants par certains pays développés.

Les pays des BRICS ont enfin déclaré qu’ils espéraient que leur Nouvelle banque de développement (NDB) jouerait un rôle plus important “dans la promotion des infrastructures et du développement durable de ses pays membres“. Ils ont confirmé que trois pays, le Bangladesh, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont rejoint la NDB en tant que nouveaux membres. Ils ont également exprimé le souhait d’une opérationnalisation plus rapide de leur réseau de réflexion sur la finance, créé l’année dernière.

Source originale: People Dispatch

Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

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