Le 27 décembre, l'armée israélienne prenait d'assaut l'hôpital Kamal Adwan, le dernier grand hôpital encore en service dans le nord de Gaza. Son directeur, le pédiatre Hussam Abu Safiya, était embarqué dans la foulée. Il était devenu la voix et le visage d'un secteur de la santé en ruines, témoignant régulièrement des conditions dantesques dans lesquelles les patients étaient pris en charge à Gaza. Euro-Med Monitor lance un appel pour exiger la libération du docteur Hussam Abu Safiya, car les témoignages que l'association a pu recueillir laissent craindre le pire. (I'A)
Le gouvernement israélien porte l’entière responsabilité de la vie du Dr Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de Gaza, alors que des informations alarmantes font état d’actes de torture et de mauvais traitements depuis son arrestation à la fin du mois de décembre.
Euro-Med Human Rights Monitor a reçu des informations selon lesquelles la santé du Dr. Abu Safiya s’est détériorée en raison des tortures subies lors de sa détention, en particulier à la base militaire de Sde Teiman, dans le sud d’Israël. Euro-Med Monitor met en garde contre le risque grave qui pèse sur sa vie, suite aux récurrences d’assassinats délibérés et de décès sous la torture subis précédemment par d’autres médecins et membres du personnel médical arrêtés à Gaza depuis octobre 2023.
Euro-Med Monitor a recueilli des témoignages confirmant que des soldats israéliens ont agressé physiquement le Dr Abu Safiya immédiatement après qu’il ait quitté l’hôpital le vendredi 27 décembre 2024. Il a ensuite été directement attaqué avec des grenades assourdissantes alors qu’il tentait d’évacuer l’hôpital conformément aux ordres de l’armée israélienne.
Selon les témoignages recueillis par Euro-Med Monitor, l’armée israélienne a ensuite transféré le Dr. Abu Safiya vers un site d’interrogatoire sur le terrain dans la zone d’Al-Fakhura du camp de réfugiés de Jabalia. Là, il a été forcé de se déshabiller et a été soumis à de sévères passages à tabac, notamment avec un fil de fer épais couramment utilisé pour le câblage électrique des rues. Les soldats l’ont délibérément humilié devant d’autres détenus, y compris des membres du personnel médical. Il a ensuite été emmené dans un lieu non divulgué avant d’être transféré au camp militaire de Sde Teiman, sous le contrôle de l’armée israélienne.
Gaza. Ma vie sous les bombes
15,00 €Euro-Med Human Rights Monitor a également reçu des informations de détenus récemment libérés du camp militaire de Sde Teiman, confirmant que le Dr Abu Safiya a été soumis à de graves tortures, entraînant une détérioration considérable de son état de santé. Cela s’est produit alors qu’il a déjà été blessé par les frappes aériennes israéliennes sur l’hôpital, où il a travaillé sans relâche jusqu’à ce que l’établissement soit pris d’assaut et incendié par les forces israéliennes.
L’armée israélienne a tenté d’induire le public en erreur concernant la détention et la torture du Dr Abu Safiya. Des médias pro-israéliens ont diffusé une vidéo de propagande présentant sa détention comme respectueuse des droits de l’homme, alors qu’il a été torturé et humilié immédiatement après avoir été filmé.
Euro-Med Monitor met en garde contre les graves implications du déni d’Israël concernant la détention du Dr Abu Safiya, décrivant cette situation comme un indicateur profondément troublant quant à son sort et à ses conditions de détention. Ce déni reflète également un mépris flagrant des normes juridiques en vigueur.
Physicians for Human Rights – Israël (PHRI) a soumis une demande au nom de la famille du Dr Abu Safiya pour obtenir des informations et faciliter la visite d’un avocat le 2 janvier 2024. Cependant, les autorités israéliennes ont affirmé n’avoir aucune trace de sa détention, déclarant qu’elles n’avaient aucune indication de son arrestation.
Euro-Med Monitor exprime sa profonde inquiétude quant au fait que le Dr. Abu Safiya risque d’être exécuté pendant sa détention, à l’instar du sort du Dr. Adnan Al-Bursh, chef du département d’orthopédie de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, tué sous la torture au centre de détention d’Ofer le 19 avril 2024. Le Dr Al-Bursh avait été arrêté avec des collègues de l’hôpital Al-Awda en décembre 2023.
De même, le Dr Iyad Al-Rantisi, chef du service d’obstétrique de l’hôpital Kamal Adwan, a été tué sous la torture dans un centre d’interrogatoire du Shin Bet à Ashkelon, une semaine après son arrestation en novembre 2023. Les autorités israéliennes ont dissimulé sa mort pendant plus de sept mois.
Des dizaines de médecins et de membres du personnel médical sont toujours victimes de détention arbitraire et de disparition forcée dans les prisons et les centres de détention israéliens, où ils subissent de graves tortures et sont placés à l’isolement, d’après les témoignages d’anciens détenus.
La détention du Dr Abu Safiya doit être replacée dans le contexte du génocide perpétré par Israël à Gaza, qui dure depuis près de 15 mois. Son arrestation, la torture et son exécution potentielle font partie d’une stratégie plus large destinée à éliminer le peuple palestinien de Gaza, tant physiquement que psychologiquement, et à briser sa volonté.
Cette stratégie comprend non seulement la destruction délibérée du secteur de la santé et la perturbation des missions du personnel médical, en particulier dans le nord de Gaza, mais aussi une attaque contre le rôle symbolique et humanitaire représenté par le Dr Abu Safiya. Malgré les crimes graves commis contre l’hôpital Kamal Adwan, son personnel et ses patients, en particulier au cours des deux derniers mois, le Dr Abu Safiya est resté inébranlable dans son dévouement à offrir des soins indispensables et à remplir son devoir de médecin.
Euro-Med Human Rights Monitor appelle tous les Etats concernés, les entités internationales et les organes de l’ONU à prendre des mesures immédiates et efficaces pour obtenir la libération inconditionnelle du Dr Abu Safiya. Ses droits fondamentaux à la vie, à la sécurité physique et à la dignité doivent être protégés, en le mettant à l’abri de la torture ou de tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Euro-Med Monitor appelle également les organisations internationales et locales de défense des droits de l’homme à se voir accorder un accès total pour rendre visite au Dr Abu Safiya, surveiller son état de santé, lui fournir les traitements médicaux appropriés et s’assurer qu’il ne subit pas de violations des droits de l’homme jusqu’à sa libération.
Euro-Med Monitor réitère son appel aux Nations Unies pour qu’elles dépêchent une mission d’enquête internationale afin d’examiner les graves crimes et violations auxquels sont confrontés les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Il exige la libération immédiate des personnes détenues arbitrairement, l’octroi d’un droit de visite aux organisations internationales et locales, et l’accès des détenus à une représentation juridique.
Euro-Med Monitor déplore l’inaction persistante de Mme Alice Jill Edwards, rapporteur spécial sur la torture, qui n’a pas abordé le sujet de ces atrocités. Il condamne sa partialité et sa négligence délibérée dans l’accomplissement de son mandat et appelle à sa révocation. Un nouveau rapporteur spécial, neutre et attaché aux principes universels des droits de l’homme, doit être nommé.
En outre, Euro-Med Monitor invite instamment le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, le groupe de travail sur la détention arbitraire et le groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires à mener des enquêtes urgentes et exhaustives sur les crimes commis par l’armée israélienne à Gaza. Il appelle à un engagement immédiat avec les victimes et les familles, à la présentation de rapports afin d’ouvrir la voie aux commissions d’enquête, à l’établissement des faits et au recours aux tribunaux internationaux pour poursuivre les crimes israéliens, demander des comptes aux auteurs et dédommager les victimes conformément au droit international.
Euro-Med Human Rights Monitor renouvelle son appel aux États et entités concernés à remplir leurs obligations légales pour mettre fin au génocide à Gaza. Cela implique notamment un embargo complet sur les armes à Israël, de le tenir pour responsable de ses crimes et de prendre des mesures efficaces pour protéger les civils palestiniens. Des mesures urgentes doivent également être prises pour prévenir les déplacements forcés, assurer le retour des résidents, libérer les Palestiniens détenus arbitrairement et permettre à l’aide humanitaire vitale un accès urgent et sans obstacle à Gaza. Enfin, Euro-Med Monitor exige le retrait des forces d’occupation israéliennes de l’ensemble de la bande de Gaza.
Source: Spirit of Free Speech
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