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Ana Tijoux : « La Palestine réunit toutes les atrocités du système »

Encore aujourd'hui, faisant leur Une sur la mort de Sinwar, de trop nombreux médias occidentaux mélangent justice et vengeance, information et propagande partisane. Certains artistes comme Ana Tijoux ne se cachent pas et prennent la parole pour soutenir le peuple palestinien. Nous avons pu interviewer la rappeuse franco-chilienne avant son concert à la Fiesta des Suds à Marseille. 

Ana Tijoux n’hésite pas à publier des informations via instagram sur la situation en Palestine et contribuer par certaines actions comme l’organisation d’une collecte de fonds destinée au collectif de Hip Hop @campsbreakerz à Gaza.

Comment vois-tu le thème de l’engagement ? Le groupe IAM, par exemple, n’aime pas être classé comme rap conscient alors que son répertoire est très varié.

Akhenaton parle beaucoup de la Palestine dans les réseaux sociaux actuellement. Je crois que c’est un choix de chacun, je ne suis personne pour dire qui doit s’engager ni à quel moment. J’ai un parcours qui est assez spécial parce que je viens d’une famille très très militante, la Palestine a toujours été un thème à la maison. On a toujours eu des amis Palestiniens à la maison.

Tu sais comment ils vivent contrairement à beaucoup de médias qui les invisibilisent.

Je ne suis pas Palestinienne mais c’est un thème qui est très très sensible et très proche de ma famille pour différentes raisons. Et surtout, parce que la Palestine réunit pour nous toutes les atrocités du système : les violences systémiques, c’est une lutte de classe, c’est le patriarcat, c’est l’exploitation, c’est le colonialisme!

Je ne sais pas si c’est lié au fait de devenir plus âgée mais je dirai, peu importe quand les gens commencent à s’engager. Au lieu de chercher les différences, il faut essayer de trouver ce qui peut nous rapprocher. Sinon je crois que l’on reste très très seuls, trop seuls et c’est difficile après de s’articuler, de se rassembler avec d’autres personnes.

Tu ne penses pas qu’il y a tout de même un manque d’engagement de la part des artistes ?

Tout à fait, là on assiste à un génocide en 4k, en direct. Et il y a des rapeurs qui font des morceaux les uns contre les autres, se prennent pour des gangsters. C’est autre chose que lutter contre le sionisme. Que tu prennes position ou pas, tu sais à qui tu vas parler parce qu’il y a plein d’argent en jeu. Ne pas prendre position c’est aussi parce qu’il y a énormément de peur, tu sais que tu vas perdre. Mais qu’est ce que tu veux perdre ? C’est ça la grande question et si on est pas capable de parler pour la vie, je ne sais pas comment on va être capable de marcher le lendemain.

Comment s’est fait la chanson Somos Sur avec Shadia Mansour ?

Shadia Mansour est une de mes rappeuses favorites du monde arabe. J’ai connu Narsi, un rappeur irakien qui m’a mis en contact avec elle. En tant que Palestinienne, elle était très fan de la musique chilienne et plus spécialement de Victor Jara, qu’elle connaissait par coeur sans parler l’espagnol. On est devenues potes, je l’ai invité au Chili. On y a fait des concerts et il y avait une grande ferveur. Il faut savoir que le Chili compte une très grande communauté palestinienne, il y a même un club de foot.

Somos Sur (Nous sommes le Sud)

Nous portons le grand rêve que l’empire tombe
nous le crions haut et fort, il n’y a pas le choix
ce n’est pas une utopie, c’est une joyeuse rébellion
la danse de ceux qui sont de trop, ta danse et la mienne
pour nous lever et dire : ça suffit
Ni l’Afrique, ni l’Amérique Latine ne se vendent aux enchères
avec de la terre, un casque, un crayon, fouler au pied le fiasco
provoquer un tremblement de terre social dans ce bourbier


source: investigaction

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