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Amérique Latine en Résistance : continuité progressiste

Claudia Sheinbaum a remporté une victoire éclatante lors des récentes élections présidentielles au Mexique.

La candidate de MORENA, soutenue par le président Andrés Manuel López Obrador (AMLO), a obtenu près de 60 % des voix lors d’un scrutin historique. Sa rivale au score le plus proche, Xóchitl Gálvez du PAN, est arrivée en deuxième position avec 27 % des voix.

L’alliance “Sigamos Haciendo Historia”, regroupant MORENA, le Parti Écologiste et le Parti du Travail, a également remporté de confortables majorités tant au Sénat qu’à la Chambre des députés.

Sheinbaum a ainsi le feu vert et le chemin ouvert pour approfondir le programme qu’AMLO a qualifié de “Quatrième Transformation” destiné à prendre des mesures contre les inégalités historiques et structurelles qui sévissent dans le pays afin de progresser vers une plus grande justice sociale.

La victoire écrasante, faisant fi des discours infondés et absurdes de “fraude” diffusés par l’opposition et par des alliés étrangers, représente également une approbation sans équivoque de la part de la population mexicaine de la présidence d’AMLO (2018-2024), la Constitution mexicaine interdisant la réélection.

Sous le mandat de López Obrador, il y a eu une baisse importante de la pauvreté. Le gouvernement a réussi à stabiliser l’économie pendant la crise générée par la pandémie puis à revenir sur la voie de la croissance. L’augmentation significative du salaire minimum et des pensions pour lutter contre l’inégalité dans le pays faisaient partie des mesures les plus importantes.

Bien que moins charismatique que son prédécesseur, Sheinbaum est une femme politique expérimentée, qui a récemment exercé comme cheffe de gouvernement de la ville de Mexico. Pendant la campagne, elle a insisté sur le fait que son mandat serait le “deuxième étage” de la Quatrième Transformation et a insisté sur la nature sociale du projet.

Sheinbaum a présenté aux électeurs un programme de100 points pour asseoir les principaux piliers des politiques de MORENA. Les mesures proposées incluent des augmentations régulières des salaires, l’extension des programmes sociaux et du service national de santé publique, l’amélioration de l’accès au logement et la construction de lignes de train à grande vitesse.

Une autre caractéristique du gouvernement d’AMLO a été de réaffirmer le rôle de l’État mexicain face aux multinationales. En ce sens, Sheinbaum propose de renforcer le rôle de l’État dans le secteur énergétique, en soutenant les entreprises publiques de pétrole, d’électricité et de lithium.

Les promesses de campagne ne se concrétisent pas automatiquement, mais Sheinbaum bénéficie d’un vent favorable, d’un contexte politique très propice et de grandes attentes de la part des électeurs.

Cependant, la nouvelle présidente mexicaine ne manquera pas de défis. En particulier, sur deux fronts interdépendants : la migration et la sécurité. Les deux sont dus au fait que le Mexique est “si loin de Dieu et si près des États-Unis”.

La présence du narcotrafic, avec la violence structurelle qu’il implique, continue de ravager la réalité mexicaine. Lors de la récente campagne, plus de 20 candidats ont été assassinés et des centaines ont abandonné leurs candidatures sous la pression de groupes qui contrôlent effectivement les territoires.

Les États-Unis sont responsables de la demande de drogue, dans un écosystème punitif qui ne fait qu’approfondir le narcotrafic en tant que commerce illicite. En même temps, l’armement des cartels vient de l’autre côté de la frontière. La Garde nationale créée par AMLO n’a pas contribué à freiner la violence et a été accusée de violations des droits de l’homme.

Le crime organisé s’est récemment introduit dans un autre secteur lucratif : le trafic de personnes. La crise économique, dans certains pays, fortement aggravée par les sanctions nord-américaines, a généré une vague migratoire croissante vers les États-Unis.

AMLO a choisi de coopérer avec les États-Unis dans leurs tentatives de criminaliser effectivement la migration, en utilisant sa frontière sud (avec le Guatemala) comme tampon contre les caravanes de migrants venant d’Amérique centrale. On peut s’attendre à ce que cette politique se poursuive avec Sheinbaum.

Enfin, restent les dilemmes au niveau de la sphère internationale. Le Mexique maintient un accord de libre-échange avec son voisin du nord, une sorte d’ALENA réformé. AMLO a privilégié une certaine “paix économique” avec Washington plutôt que de miser plus fortement sur des mécanismes multipolaires comme les BRICS.

L’autre défi pour Sheinbaum sera de maintenir l’élan des projets d’intégration régionale comme la CELAC. Avec une menace latente de la droite et de l’extrême droite dans tout le continent, il est fondamental de consolider les alliances au niveau régional pour faire face à d’autres blocs et en particulier à l’empire du nord, en défendant les intérêts des peuples.

Source: Investig’Action

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