Après sept années passées cloîtré dans une ambassade, Julian Assange a été arrêté à Londres le 11 avril par la police britannique sur “invitation” du gouvernement équatorien. Il aura donc fallu sept ans pour mettre la main sur celui qui a eu le malheur de révéler au grand public des crimes de guerre. Les auteurs de ces crimes de guerre coulent encore des jours heureux à l’heure actuelle. Le fondateur de Wikileaks, lui, risque gros, comme nous l’explique Viktor Dedaj.
Pourquoi Julian Assange est-il arrêté maintenant ?
Scotland Yard déclare qu’Assange a été arrêté “à la demande des Etats-Unis, qui veulent son extradition”. C’est la confirmation, tardive, que tout le reste n’était que du flan. A tous ceux qui prétendaient le contraire, je leur réponds: “Nous avions raison. Vous aviez tort. Maintenant, défendez Assange ou fermez-la.” Apparemment, la demande d’extradition mentionne le fait qu’Assange aurait “aidé” Bradley – Chelsea – Manning à voler des documents en 2010. Les fameux journaux de guerre en Irak et Afghanistan. Pourquoi maintenant ? Je pense que plusieurs facteurs ont pu jouer. La montée, lente mais sensible, de la solidarité envers Assange. La position délicate dans laquelle se trouve le président de l’Equateur, empêtré dans un scandale financier. Les élections britanniques qui approchent et qui pourraient voir la victoire de Corbyn. Peut-être aussi la visite imminente à l’ambassade de deux Rapporteurs Spéciaux de l’ONU, sur la torture et la violation de la vie privée.
Que risque-t-il le fondateur de Wikileaks?
D’être condamné. Wikileaks a été qualifiée d’entité ennemie. On pourrait donc coller à Assange un acte d’espionnage et il pourrait risque, en théorie, la peine de mort. Plus vraisemblablement, il devrait subir des séances de torture. Les États-Unis pensent en effet qu’Assange détient des secrets. Et certainement une longue peine de prison dans des conditions “dignes” d’un ennemi de l’Empire.
Pourquoi cette arrestation devrait tous nous inquiéter ?
A cause de son aspect “extraterritorial”. Assange est Australien, il n’a jamais vécu aux Etats-Unis, ni travaillé là-bas. Son activité se déroulait hors de toute juridiction US. Le précédent est effrayant. Ce qui vient de se passer relève d’une opération de “rendition”, terme qui désigne la pratique US consistant à kidnapper à l’étranger des suspects pour les envoyer dans des prisons clandestines, des trous noirs, pour y être torturés. Ensuite, on a la confirmation que “révéler des crimes est un crime”. Ceux qui ont été dénoncés par les révélations de Wikileaks sont libres. Le rédacteur en chef du site qui a publié les documents accablants lui, a souffert et va souffrir encore plus. Enfin l’inconscience ou la complicité de la presse dans cette affaire est inouïe. La trahison des médias, des politiques, du gouvernement de Moreno et de la Grande-Bretagne est consommée. Qu’ils soient tous maudits.
Source: Investig’Action
Pour creuser le sujet, voir le numéro de Michel Midi avec Viktor Dedaj consacré à Julian Assange