Qui est Redeker, qu'écrit-il, qui sert-il ? Cette question devrait être examinée de plus près, comme le fait ici Leila Salem. Pour autant, nous dénonçons tout appel à la violence contre lui en raison de ce qu'il a écrit. A supposer qu'il y ait vraiment eu un tel appel.
Ceci dit, on aimerait que les défenseurs de Redeker se mobilisent tout autant contre les fatwas lancées par les grosses entreprises de médias et la censure envers quiconque critique leurs intérêts.
MC
Naissance d’une « étoile »
Hier, c’était un parfait inconnu ; aujourd’hui, il est devenu une vedette dans les colonnes de la presse, sur les écrans de télévision et sur la toile. Professeur de philosophie dans un lycée de la banlieue toulousaine ; Robert Redeker fut toujours persuadé d’être "Je suis une célébrité, sortez moi de là" . Il est décrit par plusieurs de ses collègues comme quelqu’un d’imbu de sa personne, arrogant et égocentrique et les élèves n’en pensent pas moins ; ses cours de philo tournaient autour de sa petite personne et ses articles étaient souvent lus en classe.
Cet ardent défenseur des valeurs occidentales est devenu plus sioniste que sioniste et fait tout pour le faire savoir. En effet, Redeker écume depuis longtemps les rédactions de tout ce que la France compte comme gazette islamophobe, ses papiers sont imprégnés par un fort racisme et une rage contre la gauche qui à ses yeux est coupable de complicité. Il justifie son « islamophobie au nom de ses sympathies sionistes… »
Il faut dire que notre homme, développe des théories aussi extravagantes les unes que les autres avec une parfaite médiocrité qui lui est sienne.
Pour rehausser son CV et donner plus de consistance au personnage, ses parrains n’ont pas hésité à lui trouver des jobs dans diverses revues.
Il est, par exemple, membre du comité de rédaction de la revue « les Temps Modernes », publication dirigée par Claude Lanzman, réalisateur d’un film qui fait l’apologie de l’armée sioniste
Redeker est aussi ami et ex-collaborateur pour ProChoix de Caroline Fourest, une autre islamophobe patentée.
Il a également publié des tribunes véhémentes dans divers quotidiens dont Le Monde, Libération, Le Figaro…. Dans l’une de ses publication, il traita les médias de complaisants (sic !) à l’égard des dernières émeutes des banlieues. D’après lui, la faiblesse et le laxisme de ces derniers les ont conduits à chercher une « justification » sociale à cet embrasement. Dans une autre, il dénonça la « pédagogie déferlante » et la « sociolâtrie » qui transforment, selon lui, les professeurs en vulgaires animateurs de quartiers. Il y eut aussi cette autre tribune où il légitima la publicité et fit son éloge « suscitant du désir (…), humanise, nous rendant, au même titre que la raison, plus hommes… » avait-il affirmé.
De même, il a collaboré dans l’Arche, mensuel du judaïsme français. Dans cette revue, il y a publié un article virulent
Dans un autre article publié dans la même revue, il s’attaqua à la gauche devenue
Tempête dans un verre d’eau
Le 19 septembre, le « philosophe » revint à son activité favorite, l’islamophobie, et publia dans le Figaro une diatribe sur l’islam. Le 20 septembre, dans son bulletin d’information « Hassad Al Yaoum »
La liberté d’expression s’arrête là où mes intérêts commencent
Le Figaro qui se pavane devant son lectorat français dans les habits du grand défenseur de la liberté d’expression, se fend, au même moment, en excuse devant ses clients arabes et se désolidarise de Redeker. Le 21 septembre Pierre Rousselin, directeur-adjoint de la rédaction du Figaro exprima sur Al Jazeera
La désillusion
Le 22 septembre, jour de la dite manifestation, les médias français se mirent en branle et sortirent leur grosse artillerie pour capter les images de foules musulmanes hystériques et violentes afin de les diffuser sur toutes les chaînes occidentales. À leur grand regret, rien ne se passa comme ils l’escomptaient ; les rares manifestations se déroulèrent dans le calme et aucun acte violent ne fut relevé. Ce jour-là, l’attention des gens étaient portée vers le discours « Du jour de la Victoire » de Nasrallah. Personne ne demanda la tête de Redeker ni même évoqua l’affaire du « philosophe » français. Redeker conserva son statut du parfait inconnu dans le monde arabo-musulman ; les peuples arabes et musulmans restent beaucoup plus préoccupés par les situations dramatiques que vivent la Palestine, le Liban, l’Irak et l’Afghanistan que par les petites bisbilles franco-françaises à la sauce Redeker.
Une opération publicitaire bien réussie.
Redeker, cet intégriste du vedettariat et de la publicité a signé sa tribune dans le Figaro en se présentant comme professeur au lycée Pierre-Paul-Riquet impliquant ainsi le lycée où il exerce et la ville qui l’accueille. Le 22 septembre, Redeker informa le lycée des menaces de mort dont il aurait fait l’objet et que désormais, il vivra dans la clandestinité sous la protection de la DST. Cette nouvelle se propagea comme une traînée de poudre et une vraie effervescence régna au lycée « y a mon prof de philo qui a fait un sale article ! » dit un élève de cet établissement. Les lycéens se passèrent des papiers chiffonnés reproduisant des extraits de l’article de Redeker, les survolèrent d’abord vaguement, puis s’arrêtèrent, choqués, sur la violence des propos : « Jésus est amour » contre « Mahomet est haine », « massacreur de juifs », « pillard »…L’un d’entre eux demanda, « il est de qui cet article ? Redeker ! Ah oui, celui qui brandit ses articles et les partage si humblement à ses élèves… je m’en souviens ! ». Un autre lança, désabusé, « je ne lirai pas son torchon car lui, il dit qu’on mérite pas ses cours je ne vois pas pourquoi il mériterait mon attention ». Et un autre ajouta « y a mon frère qui l’a eu l’an dernier, ce prof dit que la dictature est le meilleur système possible et il dit que quelqu’un qui n’aime pas la pub est quelqu’un qui n’aime pas la vie ? ». « Ah ! bon » s’en étonna un autre, « c’est dans le programme de philo ça ? » Questionna-t-il. « Pas plus que ses articles qu’il fait lire à ses élèves sur ses heures de cours » répondit un autre. « Chapeau Redeker, joli coup de pub » ricana un autre ; « C’est son jour de gloire, c’est ce qu’il a toujours cherché, il doit en être content » poursuit-il en éclatant de rire.
L’armada de l’islamophobie
Au fil des heures, élèves et enseignants se rendirent compte du piège dans lequel veut les faire entraîner Redeker et ses acolytes. Avec intelligence et lucidité, les élèves et leurs professeurs calmèrent la situation et oublièrent, dès le lendemain, l’affaire Redeker, et la vie au lycée de Saint-Orens reprit son cours normal.
Cependant, certains médias, ses pompiers pyromanes amateurs des eaux troubles, ne l’entendaient pas de cette oreille. Eux, qui voulaient la tempête, ont été déçus par l’attitude responsable des élèves, du corps enseignant, des syndicats et du maire de la ville de Saint-Orens. Deux jours après, caméras au point, les télés débarquèrent en meute au lycée Saint-Orens pour rallumer le feu. Les émissions se multiplièrent, les journaux abondèrent dans le même sens et les défenseurs inconditionnels du « philosophe » se précipitèrent sur les plateaux de télévisions et ondes de radios pour venir à son secours contre les méchants ennemis de la liberté d’expression-entendez par là : musulmans et une gauche accusée de complicité.
D’un côté, les extrémistes communautaires issus d’une partie de la droite, de l’extrême droite traditionnelle et des groupes ultrasionistes dénoncèrent « la menace totalitaire et fanatique » réclamèrent « l’expulsion des extrémistes » et saluèrent « la lucidité des propos » de Redeker. De l’autre côté, les nouveaux réactionnaires d’André Gluksmann à Alain Finkielkraut en passant par Bernard-Henri Lévy, Pierre-André Taguieff, Caroline Fourest et Cie profitèrent de l’occasion pour renouveler leur haine et leur racisme anti-musulman à haute voix et sans aucun complexe. Afin de venir en aide à leur frère siamois, ils lancèrent un appel de soutien au « philosophe »
Philippe de Villiers , allant dans le même sens, lança sa propre pétition de soutien et demanda, sans rire, à Jacques Chirac "d’héberger" le bon père de famille.
La culture de la haine
Par sa haine aveugle, ce pseudo philosophe cherche à propager davantage la thèse du choc des civilisation au sein de la société française et à semer la haine entre les citoyens. Par son égocentrisme et son irresponsabilité, il a terrorisé les élèves du lycée où il exerce et a inquiété les parents, les élèves et les parents musulmans plus que les autres. En effet, des groupuscules d’extrême droite sont très actifs dans la région Toulousaine et cette affaire risque de les revigorer. Cet été un lycéen de Saint-Orens de la mouvance d’extrême droite fut mis en examen pour avoir fabriqué un engin explosif de 6kg ! Ce garçon, au profil dangereux se préparait à passer à l’acte. Bien entendu, les médias, si prompt à dénoncer les méchants métèques n’ont dirent mot, à peine un petit encadré paru dans la dépêche du midi [1
La liberté d’expression
Redeker, le menacé, n’est qu’un pion faisant partie d’un système qui utilise la propagande de façon subtile afin de guider le peuple vers des buts bien précis. Les médias, ces organisations aux pratiques totalitaires disposent de pouvoirs considérables et sont liées entre elles par des objectifs et des intérêts communs et inavoués. Elles instrumentalisent les peurs, divisent les citoyens, fabriquent les évènements et les opinions ; de plus, elles ont appauvri la vie culturelle, ont favorisé la pensée unique et ont réussi à tuer l’esprit critique du citoyen.
Avant d’accuser les musulmans, une proie si facile, les vaillants défenseurs de la liberté d’expression devraient s’attaquer à Goliath et libérer la parole du joug des industriels et des marchands d’armes.