Nous ne somme pas si éloignés des moeurs de la fin du dix neuvième
siècle lorsque le roi des Belges Léopold II s'était approprié le Congo
après la Conférence du partage de l'Afrique à Berlin en 1885. Le bon
roi avec l'appui des États-Unis d'Amérique a assuré l'exploitation
minière au moyen d'un véritable génocide, des dizaines de milliers de
mutilations, mains coupées, des viols systématiques.
Au Congo, bat le coeur de l'Afrique
22-07-2007
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Le sergent Mobutu n'avait pu devenir chef de l'État en 1965 qu'après
l'assassinat concerté entre Belges et Étasuniens et le renfort exécutif
de troupes onusiennes du leader de l'Indépendance Patrice Lumumba trop
indocile et indépendant en janvier 1961. Sous le règne dictatorial du
Léopard de l'Afrique, la dette du Congo est passée de 30 millions de
dollars en 1965 à 13 milliards en 1998, en même temps que sa fortune
personnelle a explosé. Après la guerre de Libération menée avec le
Rwanda, l'Ouganda qui avait permis de chasser Mobutu en 1997, vint le
temps du réajustement structurel avec Laurent Désiré Kabila contraint
selon les principes du FMI d'ouvrir aux transnationales l'accès aux
fantastiques richesses minières de la RDC. Puis vint le temps d'une
guerre qui n'a rien de civile, démarrée le 2 août 1998, qui a impliqué
pas moins de 6 gouvernements africains, a duré 6 années et fait trois
millions de morts.
Pourquoi ?
La République Démocratique du Congo est riche, immensément riche, d'or,
de cuivre, de diamant, de coltan, cet alliage de colombium et de
tantale si rare, trouvé en abondance au centre de l'Afrique (80% des
réserves mondiales), et indispensable à la fabrication de téléphones
cellulaires, satellites, missiles, réacteurs nucléaires, pièces de
vaisseaux.
L'Est du Congo a été traité par le Rwanda et l'Ouganda comme leur
arrière-pays à dépecer pour ses ressources minières, les bénéfices
servant en retour à financer la guerre. Les transnationales minières et
les grands financiers se sont arrachées les morceaux du Congo les plus
rentables immédiatement en s'alliant aux tendances politiques qui leur
étaient favorables ainsi qu'à leurs groupes militaires rebelles. Elles
ont parfois créé leurs propres milices privées.
Parmi elles, peuvent être citées les compagnies minières géantes comme
la Consolidated Eurocan Ventures du Lundin Group, Barrick Gold
Corporation (BGC) aujourd'hui en deuxième position pour la production
mondiale de l'or, I'Anglo American Corporation (AAC) d'Afrique du Sud,
la plus importante compagnie minière du monde, en dehors des
pétrolières.
Dans le Conseil de transaction de la Barrick siège l'ex-président Bush,
père de l'actuel président Bush.
De plus petites ont vu le jour dans les années quatre vingt dix qui
s'affrontent aux précédentes sur ce terrain comme l'American Minerals
Fields Inc. (AMFI) et de son associé l'American Diamond Buyers, et
d'autres encore: des Etats-Unis, du Canada, d'Afrique du Sud,
d'Ouganda, de Belgique, d'Israël…
L'AMFI créée en 1995 a pour dirigeants des financiers occidentaux qui
participent à l'élaboration d'enjeux stratégiques mondiaux dans tous
les domaines, techniques, politiques et même scientifiques. Leur
ambition n'est plus seulement d'avoir des États assujettis à leur
puissance, mais de forger de nouvelles entités étatiques qui seraient
leur prolongement.
Les moyens économiques et militaires dont disposent ces groupes privés
leur permettent de créer un "Nouvel Ordre Mondial" en anéantissant
comme en Irak et en Afrique les structures étatiques existantes.
La République Démocratique du Congo, par sa taille, de la dimension de
l'Union Européenne, sa situation, en plein coeur de l'Afrique, et ses
immenses richesses minières est la cible de ces nouveaux
prédateurs d'une puissance souvent supérieure à celles des anciens
États impériaux actuellement désengagées de leurs anciennes
possessions.
Aujourd'hui, le pays est enfoncé dans la plus grande des misères, 75% de
ses 60 millions d’habitants vivent avec moins d’un dollar par jour,
moins de 20% ont accès à l'eau et à l'électricité. Pourtant, avec 34%
des réserves mondiales connues de cobalt, 10% des réserves de cuivre,
mais aussi de l’uranium, de l’or, du bois, du pétrole et un potentiel
hydroélectrique de plus de 80.000 MW (le 4e du monde), l’ex-Zaïre
pourrait devenir un des moteurs économiques de l’Afrique. Pour figurer
la richesse minière congolaise, la moyenne d'or extraite par tonne de
terre déplacée est de 7 kilos et par endroit de 16 kg contre 11 grammes
d'or pour la moyenne mondiale.
La capitale Kinshasa, meurtrie par trois vagues de violences depuis le
mois d’août, est encore sous haute surveillance policière et militaire.
Une nouvelle brèche s’est ouverte sur le front est, dans la région
volatile du Nord-Kivu où l’armée régulière a combattu fin novembre des
soldats dissidents réfractaires au processus de réforme de l’armée.
Entamé en 2004, ce processus comprenait le désarmement de tous ceux qui
avaient combattu, que ce soit du côté des forces gouvernementales ou du
côté des groupes armés et leur intégration dans l'armée nationale
unifiée mais il tarde à être mis en place. Les groupes armés congolais
opposés au processus de paix et à l'intégration dans les FARDC ont eux
aussi perpétré de multiples atteintes graves aux droits humains au
Nord-Kivu, au Sud-Kivu, au Katanga et dans la Province-Orientale
(Ituri). Ces exactions comprennent des viols, des homicides illégaux et
des actes de torture. Des groupes armés étrangers, notamment les Forces
démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ainsi que des mouvements
burundais et ougandais, continuent d'opérer sur le sol congolais et de
commettre de graves atteintes aux droits humains.
Ce 17 avril 2007, l'agence de l'ONU pour les réfugiés a fait état de
650 000 déplacés en raison de l'insécurité dans l'Est de la RDC et dans
la seule province du Nord Kivu. Les enfants continuent d'être enrôlés
le plus souvent de force par les groupes non gouvernementaux. Les
femmes sont exposées aux pires violences.
Ici, les ingérences occidentales ne sont même pas occultes.
Elles ne peuvent décemment pas se targuer d'être "humanitaires" quand
elles fournissent en armes les groupes qui leur permettent de se servir
en minerais et que le projet de fragmenter le coeur de l'Afrique en
petites entités sans autonomie politique ni militaire, sorti de sa
latence depuis les cartons de l'AMFI et de la Barrick est en cours
d'exécution depuis le milieu des années quatre vingt dix.
Le revirement du père Kabila dès son arrivée au pouvoir qui a dénoncé
les contrats miniers léonins au profit de ces compagnies puis son
assassinat prouvent qu'il existe une cohésion d'un peuple congolais par
delà les plus que cinq cent ethnies qui le composent.
Convergence des Causes
22 juillet 2007