Les Etats-Unis financent des organisations comme Reporters sans Frontières pour attaquer certains pays sur le thème de la liberté d'Internet. Or, ces mêmes Etats-Unis ont bloqué 3.719 domaines.com en violant leurs propres lois.
Cubadebate, 06/03/2008
Traduit par Jose Gregorio pour Investig’Action
Le New York Times a raison de qualifier de 'scandaleuse' la décision nord -américaine d’ appliquer à internet, et cela dans tous les pays, des réglementations dont la légalité est insoutenable même sur le propre territoire des USA.
C`est un excellent article, mais qui laisse de côté des éléments d`information essentiels qui aideraient à comprendre pourquoi la censure des sites web dont les noms portent le suffixe .com, le plus utilisé sur le réseau des réseaux, n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg d’une agression de plus grande portée contre Cuba et contre le réseau mondial.
Combien de noms de domaine liés a Cuba apparaissent-ils sur la liste noire du Département du Trésor nord-américain?
Revue avec une patience toute asiatique, la liste noire de l`OFAC recense 557 entreprises 'maudites' dans le monde et 3719 domaines .com qui ont été bloqués sur le net sans la moindre notification préalable à leurs propriétaires. Pour se faire une idée de ce que cela signifie, il suffit de regarder le rapport le plus récent relevé du registre de domaine en Amérique latine (www.latinoamericann.org
On constate que Cuba possède 1434 sites web avec nom de domaine .cu . C’est dire que les USA ont bloqué quasi trois fois plus de sites que tous ceux qui sont enregistrés par l’île sous le générique «.cu ».
– Qui est eNom, l’entreprise qui a bloqué les sites de Mr Marshall?
L’entreprise eNom est la 2ème plus grande entreprise au monde en registre de domaines, accréditée par l`ICANN (acronyme en anglais de Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, société internet pour l`assignation, l’attribution de noms et numéros), une organisation supposée indépendante sous laquelle s’ordonne le net.
L`ICANN désigne les noms et numéros de domaine, l’équivalent des codes postaux sur internet.
– Les USA peuvent-ils bloquer tout le net?
C’est une nouvelle preuve que les USA contrôlent non seulement l’accès de leurs citoyens au cyber-espace, mais aussi celui de tous les usagers de l’internet global.
Bien qu’il existe sur le net une grande rhétorique libertaire au niveau mondial, l’ICANN dépend du Département du Commerce US et des législations nord-américaines, à tel point qu’elle viole sans sourciller ses propres statuts.
Ses interventions sur le net sont supposées être d’ordre technique et ne peuvent censurer de sites, ni combattre ou appuyer aucune norme légale ou politique.
S’il y a la moindre réclamation sur le droit de propriété, elle doit la soumettre à l`arbitrage international.Néanmoins, eNom, inscrite à cette corporation et avec les mêmes fonctions, non seulement s’est soumise à une décision du gouvernement nord-américain, violant ainsi les législations d’autres pays, mais en plus sans même le notifier aux entreprises et personnes ainsi lésées, comme le signale le New York Times.
Le fait démontre que les USA contrôlent les principaux serveurs internationaux et peuvent en pratique bloquer tout ce qu’ils veulent sur le net sans même le prétexte d’une agression terroriste.
– Quelle loi les USA utilisent-ils pour violer la souveraineté de notre pays et de tous les pays du monde sur le net?
La Loi Torricelli ou Loi d`autorisation et de défense nationale pour l’année fiscale 1992, qui autorisa la connexion de l’île au réseau par satellite avec la condition que chaque megabyte (rang de vitesse de connexion) devait être sous contrat avec une entreprise américaine ou une de ses filiales et approuvé par le Département du Trésor.
Cette loi établit des limitations et des sanctions extraordinaires, comme des amendes de 50000 dollars pour chaque violation, pour ceux qui favoriseraient dans ou hors des USA le négoce électronique ou le moindre bénéfice économique pour l’île.
Ceci a été appliqué rigoureusement depuis et, petit à petit, l`OFAC a complété sa liste noire, jusqu’au délire récemment découvert par le journal nord-américain.
Par ailleurs, ce bureau consacre bien plus de fonctionnaires à surveiller les citoyens du monde qui voyagent ou envoient de l`argent à Cuba qu’à poursuivre les transactions suspectées de financer le terrorisme aux USA.
En avril 2004, l`OFAC informait le Congrès que, parmi ses 120 employés, quatre étaient désignés pour suivre la piste des finances d`Osama Bin Laden et Saddam Hussein, pendant que près de deux douzaines s’occupaient de renforcer le blocus contre Cuba.
Ils ont admis utiliser internet comme source fondamentale pour suivre les pistes de l’argent.
– Que peut-on faire?
L`OMPI, Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, établit le droit de chaque personne à présenter une demande liée à un nom de domaine enregistré sous .com .net .org.
Conformément à l`article 4 de l`ICANN, on peut soumettre à l`arbitrage international tout cas d’enregistrement abusif d`un nom de domaine ou toute censure de celui-ci avec circonstances démontrées dans la demande écrite.
Et bien, grâce à cet article du New York Times et aux spécialistes consultés par ce journaliste, il existe 3719 demandes potentielles pour censure de la part des USA. Qui commence?