En Côte d’Ivoire, Mr Ouattara, l’ancien directeur général-adjoint du FMI – en fait, l’un des principaux agents de renseignements utilisés pour l’Afrique par cette institution financière prétendument internationale dont l’action a toujours consisté à généraliser la misère à travers la planète, et notamment, à faciliter aux pays industrialisés de faire main basse sur les patrimoines des pays sous-développés – est demeuré fidèle à lui-même.
La perspective qu’il proposait au peuple ivoirien au cours de sa campagne électorale, et qui reflète grandement sa vision du développement de la Côte d’Ivoire, repose sur le renforcement des relations avec le FMI et la Banque mondiale, ces deux institutions financières dites internationales.
L’objectif visé serait d’ « alléger la dette extérieure de la Côte d’Ivoire, et partant, de lui permettre à retrouver la capacité d’emprunter à l’étranger. » Soit en définitive, d’agir pour permettre à la Côte d’Ivoire d’atteindre le dernier des points d’achèvement pour accéder au statut privilégié de PPTE (pays pauvre très endetté). Ceci est la condition pour l’allègement de la dette dans les pays africains. Nul n’ignore cependant l’évolution économique actuelle des pays qui ont déjà « été élus PPTE » : aucun n’est devenu « un pays émergeant » « que deviendrait rapidement la Côte d’Ivoire, sous ma direction ». Comme aimait clamer le sieur Ouattara au cours de sa campagne électorale.
Cependant, au cours de cette campagne, Mr Ouattara n’avait jamais expliqué au peuple ivoirien la raison pour laquelle la capacité d’emprunter détenue jadis par la Côte d’Ivoire, avait abouti à une dette extérieure de leur pays, une dette dont on voudrait implorer l’annulation puisqu’on n’arrive plus à la rembourser, ni pourquoi elle n’avait pu générer de développement.
Cette position de Mr Ouattara de faire de la Côte d’Ivoire un PPTE ne pourrait surprendre. Il était à la direction du FMI au moment où cette institution imposait les PAS (Programmes d’Ajustement Structurel) aux pays du Tiers-Monde pour pouvoir bénéficier d’un emprunt à l’extérieur. Soit en définitive, à créer le chômage, à instaurer la précarité pour des millions de gens, et la flexibilité (concrètement, la réduction du salaire), pour ceux qui avaient encore la chance de détenir un emploi.
Les PAS préconisaient le dégraissage des administrations publiques et des services publics par la réduction drastique de leurs effectifs, et l’exigence faite aux gouvernements de sous-traiter certains services auprès des entreprises privées, de réduire considérablement les subventions de l’Etat à la santé publique, à l’enseignement, à l’alimentation, etc.
Les ravages des PAS ont été tels qu’ils ont provoqué des révoltes populaires dans de nombreux pays du Tiers-Monde dominé où existent des syndicats consciencieux. Toutefois, devant le tollé général, ces deux institutions ont fini par battre en retraite. Par une fausse autocritique, pour la diversion, elles ont eu le temps, par des subterfuges, de cogiter de nouvelles formules de pillage des richesses des pays, notamment ceux des pays sous-développés. Ainsi prirent corps les « initiatives PPTE » où a été repris l’essentiel des dispositions préconisés dans des PAS.
Il est vrai que le pauvre est cette personne physique ou morale qui n’est plus capable de rembourser ses dettes. Mais, pour s’en convaincre, il ne doit rien posséder. Aussi, le failli est-il toujours dépouillé de la plupart de ses biens. Et comme les Etats peuvent détenir un patrimoine quelconque, il conviendrait que les Etats en faillite soient subtilement dépouillés – par des mesures de désengagement de l’Etat des activités économiques, pour indiquer pudiquement les privatisations – de leurs patrimoines sur lesquels feraient main basse les multinationales et transnationales appartenant aux puissances esclavagistes.
C’est dans cette optique qu’on encourage les pays du Tiers-Monde à devenir « PPTE » sous la fallacieuse promesse d’allégement de la dette extérieure alors que celle-ci a déjà été entièrement remboursée, à plusieurs reprises au cours des décennies.
Devant la gravité de cette situation, la CNUCED, (Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), une des institutions spécialisées de l’ONU, s’en est fort inquiétée. En 2003, elle a présenté un rapport annuel dénonçant les « acquisitions-recolonisation » perpétrées par ces puissances, notamment à travers le FMI et la Banque mondiale. Et cela, du fait de la mondialisation néolibérale.
Toutefois, on ne peut objectivement le contester, l’Afrique ne fait plus partie, depuis le 16ème siècle, de l’évolution historique normale de l’humanité. On ne saurait nier le fait que, de tous les continents, l’Afrique est celui qui demeure toujours, globalement, au même point de développement humain qu’à cette époque. Elle n’est toujours pas développée, sinon pas suffisamment.
Dans la plupart des cas, les moyens de production qu’on y trouve sont d’un autre âge, et ne peuvent pas, évidemment, générer le progrès. On devrait entendre par ceci, non seulement la maîtrise de la nature et de l’espace, mais aussi et surtout, la réduction de l’effort et le gain de temps dans la production et l’acquisition des biens et des services dont a besoin l’être humain pour vivre en toute dignité.
Pour les puissances esclavagistes, l’Afrique doit être maintenue à ce niveau pour continuer à répondre aux objectifs de l’impérialisme, cette doctrine qui, depuis le 16ème siècle, préconise la mise en place d’un système de domination des pays étrangers et d’assujettissement de leurs peuples pour y pérenniser le statut de réservoirs de matières premières, de déversoirs pour les rossignols provenant des pays développés (des fripes en tous genres : habits usagés, pièces de rechange ou véhicules d’occasion, etc), et la possibilité d’exploiter des bêtes de somme, une main d’œuvre corvéable à merci, par des entreprises appartenant aux puissances esclavagistes, et installées dans ces pays dominés.
L’impérialisme organise les rapports entre pays comme dans le système des vases communicants, mais à sens unique. Il se caractérise fondamentalement par le transfert dans les métropoles esclavagistes de tous les profits tirés de l’exploitation éhontée des peuples et du pillage systématique des richesses des pays dominés. La mondialisation permet aujourd’hui de perpétuer, et d’accentuer, ce système.
Aussi, pour ces puissances, dont le FMI et la Banque mondiale constituent les fers de lance des actions prédatrices, la Côte d’Ivoire, devenu également, depuis quelques années, pays producteur du pétrole, de l’or noir, doit « être élu PPTE », comme la grande majorité des pays africains.
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